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19 nov. 2020

Les Enfants Whorgram 8 : Etrange rencontre

Résumé du texte précédent pour celles et ceux qui ont préféré ne pas le lire : Notre petite fratrie a rencontré le soldat Hunguiot et a réussi à le convaincre de les amener auprès de Mungrid Whorgram, leur demi-frère disparu qui est également l'héritier officiel de la famille. Cet Hunguiot est un personnage très antipathique qui semble en savoir curieusement long sur la famille Whorgram. Il connaissait notamment l'existence de la fratrie ainsi que leurs prénoms.

 

 

 Le lendemain matin, l'ensemble de la fratrie se retrouva dans la cour du fort et se mit en route pour rejoindre Hunguiot dans le petit campement extérieur.
Ombeline avait les traits tirés et une mine orageuse. Elle avait enroulé sa cape de fourrure autour d'elle et avançait à pas lent, peu pressée de retrouver l'odieux soldat.


Ce dernier les attendait près de la table autour de laquelle ils avaient discuté la veille. Il était déjà prêt, portant son paquetage sur le dos et un étrange sac rebondi à la main. Il dévisagea chacun des membres de la fratrie qu'il n'avait pas vu la veille, les reconnaissant tous selon leur âge. Son regard s’appesantit un peu sur la jambe de bois de Réginald qu'il regarda ensuite avec comme du respect dans le regard, à moins que cela n'ait été de la pitié? Il ignora complètement Ombeline, son regard glissant sur elle comme si elle avait été invisible. Mais il écarquilla les yeux en découvrant Datès.
-Alors toi... Je sais pas qui tu es, mais je sais qui était ton paternel!, souffla-t-il, estomaqué de la ressemblance avec Hagrim Whorgram
Datès se contenta de hausser les épaules sans répondre.
-C'est le bâtard de notre géniteur ouais..., grogna Khordel
-Et ben ça doit être le dernier bâtard de ce connard à être encore en vie., répondit curieusement Hunguiot sans lâcher Datès des yeux.
-Hein?, lâcha Lucian, surpris, Comment ça?
-Et ben... De ce que je sais, le "seigneur" Whorgram était pas très partisan de laisser des bâtards un peu partout en Locquendech et les gamins faisaient pas long feu.
-Comment sais-tu tout cela?, demanda Barthélémius
Mais le soldat s'était tourné. Il ignora la question et donna le signal du départ. Il leur avait dit la veille qu'ils en auraient pour 4 à 5 jours de trajet, selon l'allure que la fratrie pourrait soutenir.
Le premier soir, Hunguiot avait reporté son attention indésirable sur Datès, qui l'avait tout simplement ignoré. Cela n'empêcha pas Ombeline de prévenir Lucian de ne jamais laisser leur demi-frère seul en présence du vétéran. En effet, sous ses allures de vieux poivrot, le soldat cachait en réalité une sacré forme physique. Il marchait d'un pas vif et rapide, et faisait montre d'une impressionnante endurance. Ombeline surprit cependant plusieurs fois l'homme à ralentir la cadence après qu'il ait jeté un coup d’œil rapide à Réginald, comme si il lui souciait de ne pas épuiser ce dernier.
Dès le premier soir, une sorte de rituel se mit en place : Hunguiot annonçait la halte  pour la nuit, posait ses affaires et partait seul chercher du bois avec lequel il arrangeait un feu de camp. Il ne demandait aucune aide et aucun des jeunes Whorgram ne lui en proposa. Chaque soir, Ombeline s'écartait de leur campement de fortune pour s'entrainer au combat avec ses deux armes. Le premier soir, Datès, remarquant qu'elle semblait plus à l'aise avec son glaive qu'avec sa dague, lui proposa un échange afin qu'elle se batte avec deux lames qui lui convenait mieux. Lui même se sentait plus agile avec une dague qu'une épée, ainsi les deux gagnait à l'échange. La jeune fille ne dormit que d'un œil et l'arme à la main durant tous ces jours de voyage
Le deuxième jour, Réginald tenta de discuter avec le vétéran et, à la surprise de ses frères et sœur, ce dernier lui répondit cordialement, même s'il esquiva la majorité des questions. Il apparut assez clairement qu'il faisait montre d'un respect assez inattendu envers l'homme à la jambe de bois. Ce soir là, il arrivèrent aux pieds de montagnes qu'Hunguiot appela les cols des Cairnes et dont les pics sombres émergeait d'une mer de brume.
Le lendemain, ils s'engagèrent dans les montagnes. Réginald avait un peu de difficulté et Ombeline et Lucian le surveillait du coin de l’œil, prêts à lui proposer de l'aide si besoin. Hunguiot aussi, surveillait qu'il ne prenne pas trop de retard. Cependant, Réginald s'agaçait de cette attention constante et le leur fit savoir. Un peu penaud, Lucian et Ombeline firent de leur mieux pour le laisser tranquille, sans pour autant réussir à s'empêcher de lui rappeler que si besoin, ils pouvaient l'aider. Au bout d'une heure ou deux, les jeunes gens étaient complètement perdus et douloureusement conscients du fait qu'ils étaient entièrement à la merci de leur guide. Celui-ci semblait suivre une piste, montrant parfois un petit empilement de cailloux qui semblait n'avoir pourtant rien de particulier. Il ne faisait aucun doute que, sans Hunguiot, ils n'auraient jamais trouvé le chemin et que seuls, ils n'arriveraient d'ailleurs pas à retrouver Fort Edinhir.
Ce soir là, ils purent dormir à l'abri de la bruine qui tombait sans discontinuer, sous une saillie rocheuse et Ombeline s'entraina avec Réginald, modérant ses attaques afin de ne pas blesser son frère. Elle apprécia de passer un moment un peu privilégié avec ce frère aîné qu'elle ne connaissait plus beaucoup depuis qu'ils avaient été séparés quatre ans auparavant.
Le lendemain, après quelques heures de marches, il arrivèrent en surplomb d'un plateau montagneux sur lequel trônait un étrange monument : au bord du plateau, un cercle de pierres dressées de deux à trois mètres de hauteur dominait une éminence rocheuse. Sur les pierres, ils distinguaient vaguement des décorations étranges. Ils descendirent jusqu'au plateau et Hunguiot s'avança jusqu'au cercle de pierres. Ombeline fut immédiatement fascinée par les décorations qui les ornaient : arabesques, cercles, points, traits, dans des tons de bleu et de noirs, couvraient la totalité de la surface des pierres levées, lui évoquant immédiatement l'arc et les flèches trouvés dans le moulin dans lequel ils avaient récupéré Réginald. Elle eu l'intuition qu'il s'agissait d'un ancien site sacré picte.
Lucian, Réginald et elle déambulaient autour du site alors que Datès avait préféré s'arrêter en y arrivant. Hunguiot se dirigea vers le centre du cercle, y posa une couverture sur laquelle il déversa le contenu de son sac dans un grand cliquetis métallique. Au cours des jours précédents, la fratrie s'était interrogée sur ce sac qui rendait un bruit de métaux qui s'entrechoquent au rythme de la marche du soldat. Ils n'avaient cependant pas osé l'ouvrir quand celui-ci partait chercher du bois, craignant de se faire surprendre par ce dernier. Ils découvrirent alors divers objets du quotidien : verre, vaisselles, couverts, outils divers qui luisaient légèrement alors que la bruine les recouvrit rapidement d'eau.
Peu après, Lucian vit apparaitre des silhouettes indistinctes dans la végétation au nord-est de l'éminence où ils se trouvaient et lança un cri d'alarme. Hunguiot l'ignora et resta calmement à proximité de la couverture et des objets qui la recouvraient. Quelques secondes plus tard, se fut Ombeline qui repéra des silhouettes au sud du cercle de pierres dressées. Elle les compta silencieusement et jura intérieurement en dénombrant une bonne douzaine de personnes qui arrivaient dans sa direction.  Il s'agissait d'un groupe disparate d'hommes et de femmes couverts de vêtements en peau et en fourrure, la peau décorée de sigles et de symboles étranges, semblables à ceux qui recouvraient les pierres, certains armés d'arcs, d'autres de lances en bois durci. La fratrie, voyant qu'Hunguiot regardait tranquillement les nouveaux venus approcher, calqua son attitude sur la sienne et s'abstint de dégainer. Khordel et Datès étaient cependant visiblement nerveux mais face à une trentaine d'individus, ils n'avaient aucune chance de s'en sortir. Tenant ostensiblement leurs mains loin de la garde de leurs armes, ils attendaient nerveusement tandis que le groupe de pictes se rapprochait silencieusement. Arrivés à une dizaine de mètre du site sacré, les inconnus s'arrêtèrent et seule une vieille femme courbée par l'âge continua à avancer en s'appuyant sur un grand bâton décoré. Hunguiot la regarda s'approcher du tas d'objets. Seuls les tressautements de ses doigts sur ses bras croisés montraient que le vétéran était un petit peu nerveux malgré tout. L'ancêtre s'accroupit, observant attentivement ce qu'Ombeline supposait être une offrande permettant de traverser le territoire des pictes. L'ancienne ne toucha cependant à rien et ne dit pas un mot. Un silence de mort régnait sur le cercle de pierre et ses alentours. Puis, toujours sans rien dire, la vieille femme fit demi-tour et repartit sans rien emporter. Alors qu'elle s'éloignait, ses compagnons se mirent également à rebrousser chemin et, après quelques minutes, la fratrie déconcertée se retrouva de nouveau seule avec son guide. Celui-ci lâcha un profond soupir de soulagement avant d'éclater de rire.
-Ah, elle a aimé les cadeaux la vieille, c'est bon ça!, s'exclama-t-il
-Je ne comprends pas. Pourquoi a-t-elle laissé les objets si c'est une offrande et qu'elle l'a apprécié?, demanda discrètement Ombeline à Réginald d'un ton perplexe,
-Je ne comprends pas plus que toi. Malheureusement nous n'avons plus d'autre choix que de suivre cet homme en espérant qu'il sait ce qu'il fait, lui répondit son frère en regardant Hunguiot qui remballait les objets dans son sac.
Au bout de quelques minutes, celui-ci avait entièrement rangé ses offrandes et donna le signal du départ. Ils repartirent, laissant derrière eux l'étrange site.

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