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Ce petit coin du net se nourrit de vos commentaires. Merci de penser à lui et de me laisser une ou plusieurs bafouilles.

31 oct. 2023

31. Feu (Inktober 2023)

 

Mon regard se perd dans les flammes qui s'échappent de ce vieux conteneur métallique. Une épaisse fumée noire s'en dégage, décorée de quelques braises et étincelles virevoltantes. Je me laisse aller contre la vieille poutre piquetée de rouille dans mon dos. L'épuisement me gagne. A coté de moi, Jeff tisonne le feu, Pat prépare un rata avec ce qu'on a en stock. Ca sera probablement dégueulasse, comme d'habitude, comme tout ce qu'on peut manger dans ces foutues Terres Désolées... Mais ça nourrit, c'est tout ce qui compte. Son fusil à la main, Ann surveille les alentours tout en fredonnant une vieille mélodie de sa voix écorchées.
Je laisse ma tête basculer en arrière, contre la poutre, les paupières mi-closes.
Pour ce soir, nous sommes en sécurité. J'espère.

30. Cohue (Inktober 2023)


Ombeline suivait nerveusement son frère ainé, le seul qui lui restait. Cela faisait déjà plusieurs semaines que leur père les avait mis à la porte, sans un mot d'explication, rien. Le reste de la fratrie s'était éparpillé, elle ne savait pas où. Elle avait juste vu ses ainés partir, sans se retourner, les laissant, elle et Balgor, les deux plus jeunes, à leur sort. Son humeur s'assombrit en repensant à ces évènements. Elle ne savait pas ce qu'elle ressentait, un étrange mélange de tristesse, de colère et d'inquiétude. Elle espérait qu'ils allaient bien, même s'ils les avaient abandonnés eux aussi.
Il n'avait pas fallu longtemps aux deux jeunes enfants pour comprendre que, dans la rue, la loi du plus fort régnait. Les quelques provisions qu'ils avaient pu emporter n'avaient pas fait long feu et, assez rapidement, ils avaient du se rabattre sur un peu de chasse, de glanage, et de chapardage. Leur éducation leur avait au moins appris l'art de la débrouille. Depuis, les deux benjamins de la fratrie vagabondaient entre villes et villages, cherchant surtout à mettre de la distance entre eux et le fief de leur géniteur. Ils avaient atteint cette ville la veille au soir. Balgor avait déniché un coin de toit à peu près sec où ils avaient pu passer la nuit dans une relative sécurité.
Le bruit environnement la ramena au présent. Ils avaient atteint le marché et une foule immense s'y pressait déjà. Elle frémit, mal à l'aise. Elle avait un mauvais pressentiment et rechignait à suivre Balgor qui la tirait, la main refermée sur son poignet, entre les étals. La foule se referma sur eux. Elle sentait les regard méfiant des marchands sur eux. Deux gamins crasseux... Évidemment qu'ils craignaient des vols. Balgor se faufilait agilement entre les gens, la trainant toujours dans son sillage.
Soudain, une dispute se déclencha aux abords d'un présentoir. Les curieux se précipitèrent pour profiter du spectacle. Un mouvement de foule  s'engouffra entre les deux enfants. Ombeline sentit la main de son frère tenter de l'agripper désespérément, glisser et la lâcher. Entrainer par la cohue, elle hurla le prénom de son frère, entendit faiblement le sien en réponse mais la foule, comme un organisme vivant, se referma autour d'elle, la pressant, l'emportant toujours plus loin.
Seule, elle était seule, livrée à elle-même, terrifiée.

29 oct. 2023

29. Massive (Inktober 2023)


Sa silhouette se découpait, bien visible dans le ciel de fin d'après midi. Le soleil avait commencé à disparaitre sous l'horizon, colorant les nuages de nuances roses et oranges somptueuses. Elle s'ébranla, venant dans leur direction à grands pas, souplement. Son allure évoquait celle d'un lynx.
Ils s'étaient tous figés, interloqués par cette rencontre imprévue, ne sachant pas trop comment réagir. En quelques minutes elle fut devant eux.
Cette magnifique orque de 2m de haut, les cheveux tressés de lianes et de plumes, des vêtements de peaux tannées et parés de symboles nébuleux. Sa peau, du même vert tendre que des jeunes pousses, arborait également des tatouages dont la symbolique leur échappait, tracés à l'encre bleue.
Ses yeux, noirs, les regardaient durement, alors qu'elle les toisait, sa hache nonchalamment posée sur ses épaules, massive.

28 oct. 2023

28. Etincelles (Inktober 2023)

 

 

Il s'élance, prend appui et s'envole au dessus de la piste. Il tourbillonne dans les airs puis se réceptionne souplement dans un sourire éblouissant. D'une pirouette, il esquisse un salut envers l'assemblée avant de repartir dans une autre direction. Ses bras, ses mains, ses doigts tracent des arabesques qui effleurent les volutes de fumées proches de lui. 
Derrière, le son doux, joyeux d'un violon et les battements sourds d'un tambour rythment ses pas.
Ses pieds ne font qu'effleurer le sol, l'espace d'une seconde avant de l'entrainer dans un pétillement de mouvements faussement chaotiques.
La terre se couvre de traces : demi-cercles, points, traits droits, sinueux. Elle finit par paraître couvertes de runes mystérieuses. Dans un ample mouvement de bras, la tête renversée en arrière, le regard braqué vers les étoiles, il lance un appel silencieux et les marques sur le sol commencent à rayonner.
Petit à petit, des myriades d'étincelles en sortent et s'envolent vers les étoiles, se reflétant dans les yeux du danseur.

27 oct. 2023

27. Bête (Inktober 2023)


-Tout doux, tout va bien...

Je murmure doucement ces quelques mots, le plus calmement, sereinement possible. En face de moi, un fauve furieux me fait face. Il gronde et feule dans ma direction. Il est proche, si proche. Trop proche.
Lentement, très lentement, je déplace ma main jusqu'à la poser sur l'embout de ma flute, dont l'étui est accroché à ma ceinture. 

-Tout va bien, dis-je, toujours sur le même ton. Personne ne te fera de mal. 

Main gauche sur ma précieuse flûte, ma main droite esquisse une arabesque discrète et je sens la magie se couler dans mes mots, s'insinuer dans la bête devant moi. Elle feule encore une fois, secoue la tête comme gênée par un bourdonnement inaudible. Je souris et attends, immobile.
Le félin géant se tait désormais. Il se contente pour l'instant de m'observer, tranquillisé par la magie. Il commence à me renifler, encore un peu nerveux. Je ne bouge pas, continuant juste à parler doucement, pour continuer à l'apaiser.
Il finit par faire un premier pas, puis un autre, dans ma direction. J'esquisse un mouvement vers ma poche. Immédiatement, il se fige et me fixe, incertain, mais pas agressif. Toujours aussi prudemment, je sors d'une poche un morceau de viande séchée que je lui tends.

-Tiens, cadeau. C'est pour toi. Tu vois, je ne te veux pas de mal.

Je vois alors un fauve de deux mètres au garrot s'approcher jusqu'à me toucher. Son regard doré s'ancre dans le mien, semble me jauger, me juger. Enfin, je le sens totalement rassuré et il vient manger dans ma main. Ce n'est rien d'autre qu'une friandise pour un animal de cette taille. Mais il l'accepte volontiers. Une fois la viande engloutie, il tourne autour de moi, une fois, deux fois, avant de s'affaler à mes cotés.

26. Retirer (Inktober 2023)

Elle s'adossa au mur de planches, avant de se laisser glisser au sol, épuisée. 
Lentement, elle retira son casque avant de le lancer d'un geste rageur. Il valdingua à travers la pièce, et rebondit plusieurs fois au sol. 
Cachant sa tête dans ses mains tremblantes, couvertes de poussière et de sang, elle commença à sangloter, le corps secoué de spasmes. 
Elle rejeta brutalement la tête en arrière, poussant un hurlement de désespoir inhumain alors que ses poings martelaient le sol à côté d'elle.
Enfin, le plus gros de la crise finit par passer. Elle finit par ramener ses genoux contre elle, les entourant de ses bras. Elle se recroquevilla sur elle-même et resta là, à pleurer, seule, de longues minutes. 

25. Dangereux (Inktober 2023)

Je relève la tete. Des étoiles dansent devant mes yeux. 
Je souris avant de cracher 1 peu de sang dans la poussière devant moi.
Je me remets debout, me secoue pour reprendre mes esprits. Et je me plante, face à mon adversaire, incrédule. Il etait persuadé que je resterais sur le carreau après son dernier coup. Il m'a sous-estimé. 
Mes lèvres s'étirent, dénudant mes dents en un sourire carnassier. Une étincelle s'allume dans mon regard alors que je commence à tourner autour de l'homme devenu proie. Incertain, il dégaine à moitié son poignard. 
Je ne lui laisse pas le temps de finir son mouvement et me jette sur lui, dangereux... mortel.

24 oct. 2023

24. Superficiel (Inktober 2024)

 

 

Elle courait de toute ses forces. Le terrain s'abaissa légèrement et de l'eau se mit à gicler sous ses foulées. La sécurité, peut être. Derrière elle, elle entendait les aboiements des chiens. Les chasseurs les avaient lâchés. Elle savait qu'elle ne pourrait pas les distancer, mais peut être, dans l'eau du marécage, les molosses perdraient son odeur, sa trace. Il lui fallait un abri, un endroit où se cacher. Autour d'elle, des mottes de terre herbeuses affleuraient, ressortaient au dessus de l'eau peu profonde qui lui arrivait à mi-mollet.
Elle regarda de tout coté, affolée et aperçut enfin une petite butte, elle se précipita, le sol se déroba sous ses pieds et elle s'étala dans l'eau brunâtre, se releva dans un bond et fila se cacher, trempée, tremblante de froid et de peur, derrière cette cachette de fortune. Les aboiements étaient proches, si proches. Elle n'osait pas regarder là d'où elle venait. Immobile, recroquevillée sur elle-même, elle tentait de reprendre son souffle, serrant contre elle le petit couteau qu'elle avait pu dérober dans sa fuite.
Au dessus de l'eau du marais, les sons portaient loin. Elle entendit les chiens arriver et stopper leur course. Ils hésitaient à pénétrer dans l'eau et attendaient les chasseurs, aboyant et hurlant leur excitation et leur frustration à ne pas trouver leur proies. La piste se perdait dans l'odeur vaseuse du marais. Elle entendit le bruit de la troupe qui arrivait à son tour. Le renâclement des chevaux, les hennissements, le bruit de sabots écrasant la terre et la pierre. Elle osait à peine respirer.
Des jurons, des rires, certains pestaient d'avoir perdu sa trace. Leurs compagnons répliquèrent :

-Si elle est dans les marécages, elle est perdue. Inutile de la chercher, elle ne survivra pas à la nuit. le Bourbier se chargera d'elle. Autant rentrer, il commence à faire froid et jamais les bêtes n'accepteront de pénétrer dans ce piège. Elle est foutue.

Une voix forte retentit, s'adressant à la fugitive :

-EH ! T'ENTENDS CA, VERMINE ? T'ES FOUTUE ! AH AH AH AH AH !!!

Elle mit les mains sur sa bouche pour s'empêcher de faire le moindre bruit. Ils étaient proches, si proches. "Partez, partez, partez!" pensait-elle en boucle.

Après de longues minutes, la troupe fit volte-face et s'éloigna rapidement. Elle recommença à respirer un peu plus librement, toujours tremblante.
C'est alors qu'elle vit l'ombre, prèsd'elle, tandis qu'une voix murmurait, toute proche :

-Tiens tiens tiens... Mais qu'est ce que nous avons là ? Mhmmm ?

Elle se tourna brusquement et se retrouva nez à nez avec une vieille femme, des plumes dans les cheveux, des vêtements d'herbes et de feuilles tressées, des yeux verts pétillants de malice.

-Allons Petite, pas besoin d'avoir peur. Contrairement à ce qu'on raconte, je n'ai jamais mangé personne. Suis-moi, je pense que nous allons avoir une belle discussion toutes les deux.

La femme se tourna et, sans même vérifier que la jeune femme la suivait, elle se mit en route, s'enfonçant vers le cœur du marais.

23 oct. 2023

23. Céleste (Inktober 2023)

 

Le vent sifflait doucement, jouant dans la cape de l'enfant. La petite avait les yeux fixés vers le ciel. Sur la voute nocturne, une myriade d'étoile semblaient l'observer en scintillant. La lune, pleine, ronde, se cachait à demi dans des lambeaux de nuages.
L'enfant laissa tomber sa balle, alors que les voix résonnaient de nouveau dans son esprit. Elle avait l'impression qu'une multitude d'essences célestes l'appelaient, la poussaient à observer ainsi le firmament. Les voix étaient joyeuses, joueuses et murmuraient des secrets immémoriaux à la fillette. Elle était comme envoutée.
Sans réfléchir, instinctivement, elle répondit. Un rire, une parole dans une langue que pourtant nul ici ne parlait. Une lumière lunaire commença à rayonner délicatement autour d'elle. Des glyphes apparurent sur sa peau, ses cheveux devinrent d'un blanc translucide, ses yeux devinrent noirs, puis se remplir d'étincelles scintillantes.
Sans hésitation, obéissant à un signal qu'elle seule entendait, l'enfant se mit à marcher. Elle ne laissa derrière elle qu'une balle de tissu, abandonnée.

22. Râpeux (Inktober 2023)

 

Le feu crépitait doucement, bien sécurisé dans son cercle de pierres. Au dessus, une marmite laissait entendre le léger bouillonnement d'un ragoût en train de mijoter. Ark était paisiblement adossé à un arbre, en train de repriser une de ses chemises en fredonnant, tandis que Veyla glissait des branchettes bien sèches dans les braises. Nomi arriva derrière elle à pas feutrés. Les flammes projetaient des reflets dansant sur son pelage noir. Elle approcha doucement le museau du visage de Veyla, puis, d'un grand coup de langue rapeuse, entrepris de débarbouiller la jeune demi-elfe. Celle-ci éclata de rire, lâcha ses branchettes en étant attentive à ne pas déclencher un incendie, avant de ceinturer la panthère qu'elle entraina dans un pseudo combat. Le fauve, habitué à ces ébats, accepta le jeu avec plaisir. Derrière elle, Ark leva les yeux au ciel, faussement agacé. Son sourire et l'éclat amusé de son regard trahissait la tendresse qu'il éprouvait à voir sa compagne et le grand félin s'amuser ainsi.

21. Chaines (Inktober 2023)


Ses mains se refermèrent sur les maillons de la chaine qui l'entravait et la tenait attachée au mur derrière elle. Ses doigts craquèrent, les jointures blanchirent et elle donna un brusque coup sec. La chaine tînt bon. Les brigands en face d'elle éclatèrent de rire à sa tentative. Douce musique à ses oreilles que ces moqueries. Elle sentit la haine et la rage éclorent en elle. Elle les laissa pousser, grandir, tout en redonnant un coup brutal à ses attaches. Dans le mur, les épais anneaux tremblèrent, un peu de poussière tomba au sol. Elle vit du coin de l'oeil ses compagnons de route échanger un regard entendu. Loïc prit la parole, phlegmatique :
-Je serais vous, je nous libèrerais. Et vite.

L'hilarité de leurs ravisseurs redoubla. Elle redonna un coup. Elle savourait la colère qui l'envahissait, l'emplissait de force. Sa vue se brouilla, ses pupilles se rétrécirent. Dans un grondement sourd, elle s'abandonna à la rage. Brutalement, elle se jeta sur leurs adversaires. Les anneaux tenaient toujours, ce fut les pierres dans lesquelles ils étaient fixées qui cédèrent. 

En face d'elle, l'incrédulité avait remplacé les rires. Elle ne leur laissa pas le temps de saisir leurs armes, ni de donner l'alarme. Dans un rire dément, elle se précipita vers eux. A peine perçut-elle le "Trop tard..." railleur de Loïc dans son dos alors qu'elle commençait à attaquer, se servant des chaînes comme armes. Ce ne fut pas un combat, mais un massacre. Une fois tous ses ennemis tombés, elle se tourna brutalement vers le reste du groupe, toujours enchainé. Son regard restait fou, injecté de sang. 

-Tout doux ma belle, dit calmement Elda. C'est nous. Reviens.
-Tout va bien maintenant, continua Loïc, respire.

Les deux parlaient sereinement, d'une voix apaisante. Elle renifla l'air, tel un prédateur. Reconnut des odeurs amies. Elle resta immobile quelques secondes, le souffle court. Puis ses yeux redevinrent normaux, sa posture plus détendue. Elle regarda les cadavres derrière elle, comme si elle les découvrait.

-La prochaine fois, si tu veux vraiment leur laisser une chance, préviens les plus tôt, Loïc, déclara-t-elle tout en détachant ses alliés.

22 oct. 2023

20. Givre (Inktober 2023)


Les esprits, joyeux, se précipitaient pour répondre à l'appel. Sautant par dessus les vieux troncs renversés de la forêt, louvoyant entre les buissons, tous arrivaient vers la clairière, dans un tourbillon frais comme un vent hivernal. Ils laissaient dans leur sillage des trainées gelées. Heureux, ils voltigeaient pour rejoindre celui qui, enfin, les avait invoqués.

Planté au milieu de la clairière, dissimulé dans une grande cape dont le capuchon dissimulait la majorité de son visage, une silhouette attendait. A ses pieds, les herbes, le sol, s'étaient glacés. Les esprits commençaient à arriver et lui faire fête. Personne n'était là pour voir un doux sourire ourler ses lèvres.

Loin au sud, dans un bâtiment de pierre taillées, une femme releva la tête soudainement, alertée. L'inquiétude s'installa dans son regard alors qu'elle semblait écouter un chant inaudible. Elle laissa tomber le livre qu'elle portait et se mit à courir vers le couloir. Elle monta les escaliers quatre à quatre et arriva, pantelante devant une lourde porte de bois qu'elle ouvrit à la volée en s'écriant : 

-Il est revenu, il est de retour !

Un vieillard se tourna vers elle, serein face à la tempête qui venait de pénétrer dans son bureau.

-Calme-toi. Qui, exactement, est revenu ?
-Givre !

19 oct. 2023

19. Dodu (inktober 2023)


-Regarde-la avec ses petites joues rebondies !
-Et ses petites cuisses dodues !
-Et son petit bidon tout rond !
-Bon... Vous avez fini de vous extasier sur la dinde les mecs ? Elle a pas fini de cuire de toute façon... Sérieux, vous êtes creepy par moment j'vous jure...

18. Selle (Inktober 2023)

 

 

Le garçon se saisit vivement de la selle et la posa souplement sur le dos de la monture à coté de lui. L'animal renacla et fit un pas de coté. Il le calma d'un sifflement doux, avant de resserrer la sangle. Il s'assura d'une secousse que le tout était bien fixé et ne risquait pas de tourner. Enfin, il récompensa d'une caresse l'animal d'être resté calme et docile. Ce dernier, habitué à l'adolescent, lui flanqua un coup de nez dans le torse avant de renifler ses poches, espérant une friandise. Le jeune eut un petit rire amusé et tendit une branche de silfo à l'imposant taural. Il fut récompensé d'un coup de langue rugueux sur la joue. L'animal se saisit ensuite la branche, attentif à ne pas blesser le garçon de ses cornes, et commença à la machônner avec un ronflement de plaisir.

17 oct. 2023

17. Démon (Inktober 2023)


-Arrière ! Démon ! Démon ! RETOURNE DANS LES ENTRAILLES DES ENFERS !

Iel s'avança, un sourire sardonique aux lèvres. Le sang, chaud, poisseux, coulait le long de ses bras, de ses joues, dégouttait de ses doigts, semant une piste d'étoiles écarlates dans son sillage. Il s'approcha de sa proie. L'homme tremblait, reculait, la folie visible dans son regard. Il finit par trébucher sur un obstacle quelconque et se retrouva assis au sol, paniqué. Il hurla de nouveau, en brandissant un chapelet, la croix visible entre ses doigts.

-ENGEANCE DU DIABLE ! JE TE BANNIS DE CETTE TERRE !

Iel ne ralentit pas pour autant. Une fois devant le prêtre, il s'accroupit et plongea son regard ambré dans celui, dément, de l'homme affalé au sol. Il murmura dans un sourire carnassier :

-En réalité, mon nom est Ange.

16. Ange (Inktober 2023)


- Sans déconner, c'est vraiment ton nom ? Ange ? Sérieux ?
- Ouais.
- La vache...
- Ouais...
- C'est... particulier quand même.

Ange haussa les épaules, amusé.e. Après tout, même si c'était ses parents qui lui avait choisi ce prénom étrange, c'est ellui qui l'avait fait sien, après tant d'années à le rejeter.

- Pourtant... le prends pas mal hein... mais tu ressembles vraiment pas à un ange.
- Ah ah ! Qui sait. Si ça se trouve je suis vraiment une créature angélique, descendu du royaume céleste pour vous juger.
-Ah ah ah... Ca, ça serait dingue hein.
...
Tu... euh.. tu plaisantes hein ?
- Rassure toi, même si je porte ce nom, j'ai rien d'un ange.
- Oh... Euh... tant mieux alors, j'imagine ?

Ange lui adressa un sourire radieux, carnassier.

15 oct. 2023

15. Dague (Inktober 2023)

TW : Sang, blessure, mort.


 

Elle recula de trois pas précipitamment, le souffle court, le regard rivé sur la dague, sa poignée qui ressortait du torse de l'homme en face d'elle. Il la fixait, incrédule. Du sang commença à s'écouler à la commissure de ses lèvres alors qu'il était pris d'une faible quinte de toux. Il s'écroula doucement à ses pieds. Elle se sentait glacée. Les battements de son cœur martelaient ses oreilles. Son souffle se hachait. Sa vision devint trouble l'espace d'un instant.
Une partie de son esprit lui hurlait de partir, de fuir. Elle n'arrivait pas à détacher ses yeux du sang qui commençait à se répandre au sol. Dans un état second, elle s'accroupit à coté du corps. Le mort la fixait d'un regard vide et accusateur. Elle murmura "C'est ta faute." à son adresse tout en saisissant l'arme. Elle la dégagea d'un geste brusque. Par réflexe, elle essuya la lame sur un bout de tunique de sa victime.
Enfin, elle se releva, luttant contre la panique, et s'enfuit en courant, comme un petit animal traqué.

14. Chateau (inktober 2023)

 

On apercevait tout juste sa silhouette sombre, perchée là-haut, sur l'éperon rocheux qui surplomblait les vagues. Un éclair soudain illumina les tourelles, fit briller les fenêtres comme de multiples yeux. Je frissonnais. Ce château, encore lointain, prenait des allures de créature monstrueuse, surtout ici, de nuit, sous l'orage. Le tonnerre roula dans l'air, faisant vibrer jusqu'à mes os. La pluie crépitait sur moi et le petit bois dans lequel je marchais depuis déjà un moment.
Je repris ma marche, péniblement. Ma cape détrempée pesait lourdement sur mes épaules. Le vent sifflait à mes oreilles et je tremblais de froid sous ses assauts. J'étais sorti du bois, plus rien ne me protégeais des éléments déchaînés. Je me demandais bien ce que je fichais là, alors qu'un nouvel éclair faisait de nouveau surgir le château sur le ciel nocturne. Dans la nuit, par ce temps, on aurait presque pu croire qu'il volait. En soupirant, je me hâtais d'atteindre le petit village, installé au bas de la colline.
Demain, il ferait jour. Demain, la région me paraitrait sûrement moins lugubre.

14 oct. 2023

13. Ascension (Inktober 2023)


Autour d'elle, le vent se déchainait. Une tornade se forma, l'entourant comme un cocon. Elle sentait la magie, les esprits l'envelopper. L'Air hurlait et elle hurla avec lui. Elle hurla sa peur, elle hurla sa colère, elle hurla sa haine. Son cri se fondit dans la magie, l'Air s'en empara et, sans qu'elle en prenne conscience, la tempête autour d'elle enfla.
Elle n'avait plus conscience de ce qui l'entourait. Seule la douleur existait. La douleur des blessures. La douleur de la trahison.
Elle sentit l'Air accourir à son secours. Mais... mêler à l'élément connu, un autre... nouveau... inattendu, se joignit à leur danse. L'Eau avait entendu son appel, son cri de désespoir et avait répondu. Les deux éléments fusionnèrent pour ne former qu'une masse qui la coupait du reste du monde. Il n'existait plus qu'elle et la magie. Elle sentit l'Air dans son souffle, familier, rassurant, aimant. Elle sentit l'Eau dans ses veines, apaisante, protectrice, fascinante.
La magie se saisit d'elle, elle se sentit soulever au coeur de ce qui était devenu une tornade. La tête lui tournait. Des étoiles dansaient devant ses pupilles.
Elle se calma, s'apaisa, sous l'effet des éléments combinés. Dans son dos, apparurent alors deux gigantesques ailes.
Son sang, si particulier, s'était éveillé. Elle prit conscience de l'appel ténu du Feu et de la Terre sans savoir leur répondre, du cri d'alarme de ses compagnons, alors que la tempête doucement se calmait et que Air et Eau mêlés la déposait avec délicatesse au sol alors qu'elle sombrait dans l'inconscience.

12. Epicé (Inktober 2023)


Le couple se faufila souplement, d'allées en ruelles, de murets en toitures, aussi silencieux, discrets que des ombres. Leurs yeux brillaient d'excitation et de joie anticipée quand ils échangeaient un regard complice. 
Ils connaissaient la ville comme le fond de leurs poches. Leur cape sombres flottaient derrière eux au rythmes de leurs pas, de leurs sauts, de leurs bonds, comme une danse mille fois répétées. 
Ils arrivèrent dans la haute ville. Le nombre de patrouilles qui quadrillaient les rues s'amplifie drastiquement. Ils durent se retenir de rire. Le rush d'adrénaline faisaient battre leurs cœurs, accélerait leur souffle. 
Enfin, ils arrivèrent en vue de leur cible : le manoir du duc et de la duchesse de Ralen. Leurs yeux brillèrent d'une même flamme.
D'une même voix, ils murmurèrent "temps d'épicer 1 peu les choses."
5 minutes plus tard, le chaos éclatait dans la bâtisse.

13 oct. 2023

11. Errance (inktober 2023)


Je n'en peux plus. J'ai perdu la notion du temps. Depuis quand erre-je dans ce désert ? Des jours ? Des semaines ? Des mois ? Je ne sais plus. Tout autour de moi n'est que dunes de cet étrange sable noir. Ou est-ce de la cendre ?
Je tombe à genoux, épuisée. C'est alors que je les entends. Premières voix qui apparaissent dans cette immensité sombre.
Des petits rires d'abord. Puis des petites voix éthérées, curieuses, chuchotantes, murmurantes.
-Enfant... enfant... enfant... fant... fant...
-Perdue... perdue... perdue...
-Qui est tu ? Qui es tu ?
-Elle ne sait pas !
-Elle ne sait plus !

Je relève la tête et je les vois. Des petites silhouettes comme faites de fumées et qui roulent, volent, courent autour de moi en riant. On dirait de multiples tintements de cristal.
Elles virevoltent autour de moi, disparaissent, réapparaissent un peu plus loin, et toujours me parlent, me questionnent en riant, joueuses.
Je me relève difficilement et tends la main.
Seront-elles mon salut ? Ou ma perte ?

12 oct. 2023

10. Fortune (Inktober 2023)

 

La fortune va et vient. Selon la chance, les dieux, ou que sais-je encore. Beaucoup de chance je dirais tout de même.
J'ai été riche, puis pauvre, puis de nouveau me voilà confortablement fortuné. On a beau dire que l'argent ne fait pas le bonheur... Il faut bien avouer que ça aide tout de même. Ca ne fait pas tout bien sûr. Et il existe moults personnes modestes bien plus heureuses que bien des personnes prospères. L'argent peut monter à la tête, devenir un démon. Les gens ne s'en servent plus et ne font plus que l'accumuler, sans jamais se sentir satisfait, en voulant toujours plus et plus, de ces métaux dorés et argentés dont ils ne feront rien.
Quelle triste maladie que celle de la cupidité. Ils oublient que l'argent ne se mange pas.

9. Rebondir (Inktober 2023)


Bong....... Bong...... Bong..... Bong... Bong.. Bong.
Le bruit de la boule qui rebondissait dans l'escalier continuait de leur parvenir. Le groupe s'était figé, Tarl, la main encore tendue dans une tentative futile pour rattraper l'objet. Il enfonçait un peu plus la tête entre ses épaules à chacun des bruits sourds qui remontait. Il sentait sur lui les regards désapprobateurs, probablement même furieux, de ses camarades.
-Bravo... On avait dit "discret", chuchota Lyla.
-J'ai pas fait exprès..., répondit-il piteusement
-Tu fais JAMAIS exprès, asséna-t-elle dans un murmure furieux.
-Bouclez-là, tous les deux ! marmonna Iléos.

Le silence régna sur les lieux un instant, toujours troublé par les bruits de la boule qui continuait à dévaler les marches. Puis... Un rugissement retentit.
-Et merde..., soupirèrent cinq voix à l'unisson.

11 oct. 2023

8. Crapeau (Inktober 2023)

 

 

Un coassement retentit non loin du couple. L'effet fut immédiat : elle se figea, raide comme un piquet, les yeux écarquillés. Green se tourna vers elle, ne comprenant pas cet arrêt soudain dans leur marche.
-Euh... Tout va bien ?
-Hum... Oui, tout va bien. Continuons.

Sa voix légèrement tremblante contredisait son discours. Green la regarda, inquiet.
-T'es sûre ? T'es toute pâle.
-Oui, oui, j'te dis. C'est bon. Allez, on re...

Elle fut interrompue par un nouveau coassement et sursauta au bruit. 

-Hum... On va faire un détour. J'aime pas ce coin.
-Hein ? Attends ma chérie, c'est quand même pas...

Il se rapprocha de sa dulcinée et planta son regard dans le sien.
-Ok. Qu'est ce qui se passe ?
-Mais rien ! C'est juste... euh...
-C'est juste quoi ? Ca te ressemble pas de t'arrêter comme ça pour rien, de sursauter. Et là je vois bien que tu surveilles tous les alentours. Quel est le problème ?
-C'est... euh... c'est ridicule...
-T'as pas confiance en moi ?
-Hein ? Bien sûr que si !
-Ben alors, dis moi ce qui se passe.

Plusieurs coassements retentirent à nouveau. Elle laissa échapper un petit cri et sa silhouette disparut soudainement.

-oookéééé.... Je crois que j'ai saisi le souci...

Elle réapparut, presque cachée derrière son large dos et murmura piteusement.

-Désolée...
-Pourquoi tu t'excuses ?
-Ben... c'est un peu ridicule non...
-Mais non, mais non. Je trouve ça adorable moi, cet aspect de ta personnalité. Tu veux que je te porte ?
-Ah non hein. Je peux marcher quand même...
-Viens, dit-il tendrement en lui prenant la main, on va se trouver un coin plus... calme.

Elle soupira mais se laissa entrainer. Ils s'éloignèrent de la petite mare et s'enfoncèrent dans la forêt.

9 oct. 2023

7. Goutte

 

 

La duchesse gloussa légèrement, avachie sur son divan.
-Ma foi, Très Cher, vous cherchez à me rendre ivre, ma parole !

Le jeune lui répondit dans un sourire suave.
-Jamais je n'oserai, Duchesse. Et puis, je serais sûrement le premier à tomber le nez dans mon verre, dussé-je tenter une idée aussi rocambolesque. Vous n'allez tout de même pas refuser un petit verre de cognac. Je l'ai choisi expressément pour vous.
-Rho... Vil flatteur. Comment refuser une proposition pareille. Mais juste une goutte, n'est ce pas ?
-Vous avez ma parole, Duchesse, juste une goutte.

Le jeune homme se tourna pour préparer les verres et, avec un large sourire, versa une unique goutte d'un liquide incolore qui se perdit dans l'alcool ambré.

-Comme promis, Duchesse, juste une goutte, murmura-t-il.

6. Doré.e (Inktober 2023)

-Pourquoi on l'appelle Papillon Doré ?
-Pour ses cheveux couleur de miel, je crois.
-Et aussi, elle a des paillettes dorées dans les yeux. C'est assez déstabilisant d'ailleurs.
-Bon... Ok... le coté doré, je comprends. Mais pourquoi Papillon ?
-Quand elle court, saute, bondit, tout ça... Sa cape... ça fait comme deux grandes ailes de papillons dans son dos.

Une fillette qui passait interrompit la discussion des trois adultes :
-Ben non.
-Comment ça, ben non ?
-C'est pas une cape. Une cape,ça serait pas étincelant et mordoré comme ça. Ca fait pas "comme des ailes". C'EST des ailes. 


5 oct. 2023

5. Carte (Inktober 2023)


L'homme tenait la feuille du bout des doigts, dépité.
-Bon sang, mais c'est pas possible ! 

Le jeune homme, mortifié, enfonça la tête entre les épaules. Il aurait tout donné pour disparaitre sur le champ.
-Je... Je suis désolé. J'ai pas fait exprès...
-Mais qui m'a foutu un empoté pareil !

L'érudit ne put se retenir d'intervenir :
-Mhm... Techniquement, il s'agit de votre fils, Seigneur.
-Oh toi, la ferme hein... Rhaaaa, mais regarde moi ça...
-Mais... Papa... j'ai pas fait exprès... J'avais soif et...
-Y a pas de "Papa" qui tienne ici, compris ?!?
-Oui Papa...
-Qu'il est bête... Mon dieu qu'il est bête...
-Allons Seigneur, il est jeune surtout...
-Oh toi, la ferme hein...
-Hum... Bien Seigneur...
-Bon ben... Y a pas... j'ai plus qu'à trouver un autre cadeau d'anniversaire pour ma femme... Pour demain...

Il darda un regard furibond vers sa progéniture :
-J'espère que tu es fier de toi hein...
-Pas vraiment Pa... euh...
-C'était du sarcasme, triple buse !

Attrapant son fils par l'oreille, il l'entraina avec lui dans sa nouvelle quête du cadeau d'anniversaire parfait. Le papier détrempé toujours à la main. La carte millénaire qu'il avait trouvé pour sa cartographe passionnée était définitivement ruinée.

4 oct. 2023

4. Esquive (Inktober 2023)


    Elle bougea la tête d'une dizaine de centimètres vers la gauche, sans lâcher sa choppe. Une bouteille frôla sa joue et alla s'écraser contre le mur devant elle.
Imperturbable, elle continua à siphonner sa boisson, alors qu'autour d'elle, ses compagnons se bagarraient joyeusement avec des habitués de la taverne.
    Une fois sa bière finie, elle daigna enfin se tourner pour regarder la salle commune. Tout était sans dessus dessous. Les rires éméchés de ses camarades chantaient à ses oreilles mais elle ne put s'empêcher de soupirer à l'idée qu'il allait leur falloir trouver un autre endroit où passer la nuit. C'était toujours la même chose...
    D'une simple torsion du buste, elle évita le tabouret qui volait dans sa direction. Il rejoignit la bouteille, au sol, derrière le bar. Elle se saisit de la bouteille de gnôle qui trainait, miraculeusement intacte sur le comptoir, se leva souplement et, esquivant adroitement les divers combattants avinés, se dirigea nonchalemment vers la porte. Elle serait plus tranquille dehors.
    Elle s'apprêtait saisir la poignée et sortir quand une petite flasque vint s'éclater juste devant ses pieds. Elle n'eut que le temps de faire un léger bond en arrière. Elle évita encore une fois le projectile improvisée mais... quelques gouttes de rhum atterir sur le cuir de ses bottes.
    Elle se figea et se tourna lentement, très lentement dans un silence de mort. Derrière elle, l'ensemble de l'assistance s'était figée, les yeux écarquillés, osant à peine respirer.
    Alors qu'une petite flamme apparaissait au creux de sa main, elle sussura : "Qui... a... fait... ça ?"

3 oct. 2023

3. Chemin (Inktober 2023)


-Mais... Je ne sais pas moi !
-Et pourtant... à toi de choisir. C'est TON chemin.
-Tu peux pas me donner un conseil, un indice ?
-C'est interdit.
-Pfff... Bon ben je choisis de pas choisir alors.
-Comment ?
-Ben je reste là.
-Tu ne peux pas, Enfant. Tu es obligé d'avancer...
-Mais y en a PLEIN !
-Mhm...
-Comment je sais lequel est le mieux ?
-Tu ne peux pas savoir.
-Mais comment je peux choisir si je sais pas ?
-Ton instinct, tes envies, l'expérience aussi à force.
-Comment ça, l'expérience ?
-Ce n'est que le premier de tes carrefours, le premier de tes choix.
-... Mais pourquoi je peux pas choisir de rester ici ?
-Parce que cet endroit est appelé à disparaitre, Enfant.
-Oh...
-Et il faut te dépêcher. Si tu ne choisis pas ton Chemin, alors, c'est un Chemin qui te choisira.
-Et ce n'est pas bien ?
-C'est dangereux. Les Chemins peuvent être trompeurs.
-Mais si je me trompe ?
-Tu ne peux pas te tromper. C'est TON Chemin. Rien n'est écrit. Il faut juste faire un Choix. Un Chemin est là, qui t'appelle. Il faut que tu écoutes et que tu l'entendes.
-Ah...
...
Alors... celui-là ! Ce Chemin chante !
-Bien.. Alors... Allons-y.

2 oct. 2023

2. Araignée (Inktober 2023)

 


    Je m'approche doucement de la petite créature. Elle n'ai pas plus grande qu'un chat et se tapit dans l'ombre, terrorisée.

-Eh... eh... Tu peux sortir. Je te ferai pas de mal. T'es toute seule ?

    Aucune réponse. Peut-être qu'elle ne sait pas parler... Pourtant... J'ai cru entrapercevoir un visage. Mais beaucoup trop de membres pour que ce soit humain.
    J'entends comme un cliquetis... le déplacement de... multiples griffes au sol et... une petite tête d'enfant apparait derrière une caisse. Elle me lance un regard effrayé, mêlé d'une pointe de curiosité. La faim se voit dans ses prunelles. Je mets la main dans ma poche. Le mouvement la surprend et elle recule vivement sans pour autant disparaitre dans les ombres.

-Viens, j'ai à manger. Tu aimes les biscuits ?

    Tout doucement, je lui tends un des sablés que je trimballe quotidiennement. Je la sens partagée entre la peur et la faim. Je ne bouge pas, osant à peine respirer.
    Centimètres après centimètres, elle finit par sortir de son abri avant de, soudainement, se jeter sur le gateau, me l'arracher des doigts et courir se réfugier à nouveau dans sa cachette. Je retiens de justesse une exclamation de surprise.
    C'est une enfant centaure-araignée qui m'observe, maintenant avec une étincelle d'espoir dans ses six yeux.

1 oct. 2023

1. Rêve (inktober 2023)

Je flotte... Je flotte dans un océan de douceur... un océan de silence.
Depuis combien de temps suis-je ici ? Où est ce ici en question ?
Je l'ignore. Et sincèrement... je m'en moque.
Je suis bien. Je n'ai pas envie d'ouvrir les yeux.
Laissez moi rêver encore 1 peu, dans cette immensité feutrée.

24 sept. 2023

Smoke (Character design 49)

source : https://www.artstation.com/artwork/Qx943

 

TW : sang, blessure, mention de drogues

 

Une clope... J'avais besoin d'une clope... salement besoin. Je jetai un coup d'oeil à ma jambe et soupirai. Elle était vraiment amochée. Avec la drogue, je ne sentais pratiquement rien. Mais bon... je ferai sans doute mieux d'attendre la médic avant de bouger.
Je regardai autour de moi, des cris, des pleurs, du sang... L'attaque avait été brutale.
Je fouillai dans mes poches et trouvai un reste de cigarette un peu tordu. Où est ce que j'avais foutu mon briquet moi ? Ah, le voilà. Le sourire narquois de la fausse bombe me narguait alors que j'allumais le vieux mégot.
J'inhalai profondément la fumée. Ca allait déjà mieux. L'adrénaline redescendait et je commençai à ricaner dans mon coin. Mais mon rire fut de courte durée. Je me mis à grimacer alors que ma jambe commençait à me lancer. Merde, l'effet de la drogue s'estompait. Et j'avais tout claqué dans l'attaque. J'étais à sec. Et cette foutue médic qui n'arrivait pas... En même temps, elle devait être débordée... J'évitai de regarder les corps. Pas envie de me confronter à la réalité. Elle me rattraperait bien assez tôt...
J'avais pourtant fait gaffe avec mes joujoux. J'étais à peu près certain de ne pas être responsable de la mort de gens de chez nous. A peu près.
C'est le problème avec les bombes et les grenades. Ca manque parfois "un peu" de précision. Mais c'est foutrement efficace. J'observai avec satisfaction les restes fumants de deux armures assistées. Je les avais pas loupé ceux là. Ca leur apprendrait. On s'en prenait pas à ma maison sans risque. Et encore. Je m'étais calmé par rapport à quelques années en arrière. J'étais vraiment con alors. J'avais intégré un groupe de pillards. Picole et drogue en permanence. Mais les rares moments où je n'étais pas défoncé, j'avais tout appris d'un "vieux" sur l'utilisation des explosifs. Enfin... tout... tout ce qu'il savait quoi. Cet idiot avait fini par se faire tuer lors d'un raid. J'avais quitté le groupe peu après. Avec mes compétences, la colonie m'avait fait bon accueil. J'avais aidé à sécuriser la zone. Par contre... la désintox avait été rude. Rude mais efficace.
Bordel, je commençai à avoir vraiment mal. Je grognai et lâchai un petit juron. J'essayai de m'évader encore un peu dans mes pensées. Ouais... les début à la colonie avait été durs. J'avais pas l'habitude de la discipline, de l'entraide non plus d'ailleurs. Ça c'était cool. Ici, je savais qu'on pouvait compter les uns sur les autres. Je remuai un peu pour essayer de trouver une position moins inconfortable tout en tirant une nouvelle latte. Au loin, je vis la médic s'activer. J'aimai pas la tronche qu'elle tirait... C'était mauvais signe. Son regard croisa le mien. Merde... Elle... Elle pleurait ?
Interloqué, je n'entendis pas Caïn s'approcher. Il dut me secouer pour que je réalise qu'il me parlait.
- Eh ! Eh ! Mon pote !
- Putain Caïn, il s'passe quoi là ?
- T'occupe. On va d'abord s'occuper de ça, répondit-il en montrant ma jambe.
- Euh... ouais. Ça pique un peu.
-Tu m'étonnes...

Il sortit un steampack de son sac et l'injecta dans ma cuisse. La douleur reflua immédiatement et la blessure se mit à guérir. J'avais jamais compris comment ça marchait ce truc. Mais bon, le principal c'est que ça nous guérissait bien, et vite.

-Allez, viens, fit Caïn en me tendant la main. On a du pain sur la planche. Je crois que c'est que le début des emmerdes.

J'acceptai son aide et me relevai, une boule glacée au creux de l'estomac.

22 août 2023

Rêve ? (Défi image)


 Je regardais autour de moi, tout étonné. Mais comment diable avais-je atterri au beau milieu d’une forêt ? Aux dernières nouvelles, j’étais tranquillement chez moi, allongé sur mon canapé, en train de lire un bouquin tandis que le chat ronronnait à mes pieds.
Je m’étais probablement endormi, c’était la seule explication rationnelle. Je m’étais assoupi et là j’étais en train de rêver. D’ailleurs cette forêt, maintenant que je l’observais plus attentivement, elle ressemblait quand même furieusement à une illustration de mon roman.
J’en étais là de mes réflexions quand un groupe de quelques biches, accompagnées d’un cerf, approcha. Je devais bien reconnaître qu’en tout cas, ce rêve était plutôt sympa. J’inspirai à plein poumons l’odeur d’humus et de végétation. Je savourais la fraicheur du sous-bois. Ca me changeait agréablement de la chaleur estivale qui régnait dans le « vrai monde ». Je m’attendais presque à ce que les animaux m’adressent la parole. Après tout, dans un rêve, tout est possible non ?
Mais le groupe se contenta de s’installer avec moi, en bordure d’une petite clairière. Deux petits faons que je n’avais pas remarqué vinrent me renifler avant de repartir en quelques bonds vers leurs mères.
« EH ! »
Ah, ça y est, les bestioles commençaient à causer…
« Eh ! Eh, toi ! L’humain ! »
Je me tournais vers la biche la plus proche. C’était sans doute elle qui me parlait.
« Oui ? » répondais-je d’un ton plus aimable que le sien.
« Mais non, pas la biche abruti ! En haut ! Regarde en haut ! T’as déjà entendu une biche parler l’humain toi ? Pffff, ces humains, j’vous jure… tous des crétins... »
Je levais les yeux vers les branches au dessus de moi. Et là, confortablement assise le dos appuyé contre le tronc d’un chêne, les jambes pendantes de part et d’autre d’une petite branche, je vis une étrange créature. Ses yeux immenses lui mangeaient le visage, ses cheveux semblaient faits de mousse, sa peau avait la teinte de l’écorce quoi qu’un peu plus pâle. Elle portait des vêtements en herbes tissées, mêlées de feuilles, de racines,…
Ce rêve devenait de plus en plus loufoque.
-Mais… euh… Tu… vous… Vous êtes… quoi ? Balbutiais-je, un peu dépassé
-Ben… un elfe. Ca se voit non ? Un Sylvain plus précisément.
-Ah… hum… Et bien bonjour…
-Avoue… t’es paumé hein ?
-Hein ?
-T’es paumé. Jamais un humain ne s’aventurerait dans la forêt sombre. Donc t’as forcément du te perdre pour te retrouver ici. T’es dans la mouise.
Le sylvain éclata de rire.
-Je ne suis pas « paumé ». Enfin… je ne pense pas. Je ne sais pas comment j’ai atterri ici mais vu que c’est un rêve, ça n’a pas d’importance. Tout reviendra à la normale quand je me réveillerai. J’espère que je n’oublierai pas ce songe quand même. Cette forêt est vraiment belle et agréable.

-Ah… Tu vas me faire ce coup là… Bon ben désolé de couper court à tes bêtises mais non, c’est pas un rêve. Et zut… Un transplanneur… et fallait que ce soit moi qui tombe dessus…

-Un… un quoi ?
-Un transplanneur. Un mec comme toi, qui est passé d’un plan à l’autre. Ca explique que tu sois encore plus abruti que les humains moyens… Pfff...Va falloir que je t’amène au palais moi maintenant… La poisse.
-Il y a un palais ? Ce rêve est vraiment plein de surprise ! C’est génial !
-Mais puisque je te dis que c’est pas un rêve !

Le Sylvain redressa soudain la tête et se mit à renifler les alentours, en alerte. Il chuchota :
-Pis mets la en veilleuse sinon on va avoir VRAIMENT des ennuis là. Donc tu la fermes et tu me suis. Et regarde où tu mets les pieds. Essaie… Essaie d’être discret… soupira-t-il d’un air désabusé.
-Oh… euh… d’accord.
Il me fit signe de le suivre et je lui emboitais le pas, un grand sourire sur la figure. Ce rêve était vraiment passionnant.

20 août 2023

La boite mystère


Je regardais fixement la boite sur la table. Elle était relativement grande, bien cinquante centimètres d’arête au moins. Je n’avais aucune idée d’où elle venait, qui me l’envoyait. Je n’avais pas passé de commande de quoi que ce soit ces dernières semaines. Et pourtant, mon nom, mon adresse était bien inscrite sur l’étiquette, dans la case destinataire. Autre bizarrerie : autant mon nom et adresse étaient lisibles, autant la case expéditeur ne montrait qu’un gribouillis infâme indéchiffrable.

J’hésitais, mon mug de café à la main. Ce colis m’était bien adressé. Peut-être que je devrais l’ouvrir. Qui sait, peut être une lettre explicative se trouvait à l’intérieur, avec je ne sais ce quoi.
Soudain, la boite sembla laisser échapper un petit gémissement étouffé. Je sursautais puis jurais tout bas. Qu’est ce que c’était que ce merdier ?
Je n’hésitais pas plus longtemps, la curiosité l’avait emporté sur la prudence. J’allais rapidement chercher une paire de ciseaux et commençait à découper la boite.
Au bout d’à peine une minute, je soulevais le couvercle et une exclamation de surprise incrédule m’échappa.
Là, tapie au fond de la boite, une créature incroyable me regardait de ses trois paires d’yeux. Trois têtes s’étaient tournées dans ma direction. L’une d’elle jappa d’un air interrogatif, la deuxième bailla tandis que la dernière commençait à ronronner comme un moteur.
Je reculais précipitamment. Le bon sens me revint et je me dépêchais d’aller fermer les rideaux de la pièce. Hors de question qu’un voisin ou un passant n’aperçoive la créature, la chimère.
Je m’appliquais à me calmer. Il existait surement une explication rationnelle à tout ça. Un robot, c’est sûrement un robot extrêmement bien réalisé. Après tout, les chimères n’existent pas. C’est bien connu. La créature, en attendant, avait posé ses pattes avant sur le bord de la boite et ses trois têtes m’observaient. La première, celle de droite, ressemblait à une tête de chacal, la deuxième, au milieu à un … dragon ? Une tête de dragon noire et dorée, avec deux magnifiques cornes qui débutaient juste en arrière des oreilles et partaient vers le cou, en torsade, encadrant une crête épineuse située au milieu de la nuque. La dernière tête, plus classique, m’évoquait un bébé lynx.
La chimère se redressa, appuyant ses deux pattes avant terminées par des serres un peu plus fermement sur le bord de la boite. Celle-ci bascula sous le poids de la créature. Elle fit un roulé-boulé, tomba de la table sur une chaise, puis sur le sol avec un jappement pitoyable.
Interdit, je ne pouvais que l’observer. Si c’était bien un robot, je tirais mon chapeau à ses concepteurs. Les trois têtes se rejoignaient sur un poitrail large, musclé, couvert de fourrure noire, grise et blanche. Dans son dos, au niveau des omoplates, deux grandes ailes de plumes noires et dorés. Ses pattes arrières étaient celles d’un mammifère alors que les antérieures ressemblaient à des pattes de rapace. L’arrière train se prolongeait avec une queue reptilienne, là encore noire et dorée.
La tête de dragon laissa échapper un glapissement suraigu alors que la petite bête se prenait les pattes dans ses ailes en tentant de se relever. Elle était à la fois effrayante et adorable. Et manifestement jeune ?
Je m’avançais et l’aidait à se relever. Je lui repliai les ailes sur le dos avec une petite tape amicale. Elle répondit en se frottant contre moi, les têtes de lynx et de dragon ronronnantes, celle de chacal avec un petit cri joyeux.
Le pelage était doux et chaud sous mes doigts, élastique. Je voyais la poitrine se gonfler et se dégonfler au rythme de sa respiration. Ce n’était pas un robot, mais un véritable petit animal… censé n’exister que dans les contes et les légendes…
Je me relevai et retournai voir l’intérieur de la boite, espérant un indice, un mot pour comprendre d’où elle venait, pourquoi on me l’envoyait, de qui provenait le colis.
Je sentais les ennuis arriver en pagaille.

8 août 2023

4) Aléatoire (writever aout 2023)

 Le garçon ouvrait de grands yeux effrayés. En face de lui, une inconnue. Mais qu'est ce qu'elle fichait ici !?! Personne ne venait dans les décharges. Personne d'autre que lui. En tout cas c'était la première fois qu'il croisait quelqu'un et ça ne lui plaisait pas.
Il espérait que son petit compagnon resterait sagement dans sa sacoche. Il réfléchit rapidement à toutes ses possibilités, observant, analysant pour essayer de comprendre au mieux la situation. Hors de question de se faire prendre bêtement comme ça.
La femme avait l'air tout aussi surprise que lui. Bon point. Elle portait des habits ouvragés, marquant qu'elle venait d'une strate plutôt haute de la société. Mauvais point.
Les Machines avaient tenté de mettre tous les humains sur un pied d'égalité, avant d'analyser que les créatures biologiques avaient besoin d'une hiérarchie qu'elles avaient alors recréer de toute pièce.

Elle tendit la main vers lui, bredouillant :
-Mais... qu'est ce que... qu'est ce que tu fais là ?
-Ben... Et vous alors ?

Il se mordit la joue. Mauvaise réponse. Sa spontanéité lui avait encore joué des tours. Mais il n'avait pas aimé la question, le tutoiement immédiat. Elle était encore moins à sa place que lui, ici. 

-Personne ne vient ici. A part moi. Et jamais longtemps... "Elles" n'aiment pas ça.

Il jeta un regard inquiet sur le ciel. Chaque seconde supplémentaire renforçait le risque de se faire repérer.

-Vous faites ce que vous voulez m'dame, mais moi je reste pas ici. J'veux pas d'ennuis.

Il releva sa capuche sur sa tête et commença à s'éloigner rapidement. S'il la semait, ça irait. Elle n'avait aucun moyen de le retrouver après tout. Dans son dos un cri retentit :

-Attends !
-Quoi ? demanda-t-il en soupirant.

Il se retourna et la regarda plus franchement. Elle n'avait pas l'air à l'aise. Pas du tout.

-Z'êtes perdue ? C'est ça ? Faut pas venir par ici M'dame. C'est dangereux. Enfin... ça peut.
-Je... oui c'est ça, je suis perdue. Mais pour toi aussi ça doit être dangereux non ?

Il cliqua de la langue, agacé.

-Moi je sais être discret. Bon allez, venez, lui dit-il en lui saisissant la manche. J'vais vous sortir de là avant que vous nous fassiez repérer tous les deux.

Il la guida dans des petites ruelles, évitant habilement les quelques robots gardiens qui surveillaient la zone. Une fois arrivé en lieu sûr, il s'arrêta et se retourna, la toisant d'un regard sévère.

-Bon... d'ici vous devriez pouvoir vous retrouver hein ? J'vous ai aidé. Alors à votre tour. Vous parlerez pas de moi hein ?
-Euh... ok. Mais.. Qu'est ce que tu faisais là-bas ?
-Ca c'est mes ognons.

Il sentit sa sacoche s'agiter et donna discrètement un petit coup dessus. Un petit bruit étouffé en sortit. Il l'imita aussitôt en se frottant la cuisse pour faire croire qu'il s'était cogné. 

-Les robots... Ils vous ont pas remarqué, déclara-t-il soudain avant qu'elle puisse réagir.
-Toi non plus...

Il sourit pour la première fois. La femme observait la pièce autour d'elle. Un vieil entrepôt désaffecté. Son regard se posa soudain sur la sacoche, les yeux écarquillés.

-Qu'est ce que...
-Bonjour Madame, fit le petit robot dont la tête sortait de la poche de tissu.

Le garçon regarda son compagnon, éberlué. C'était bien la peine de lui parler de prudence !

-Ah bah bravo ! On fait quoi maintenant ?
-Les risques sont minimes, je t'assure. Je l'aurai pas fait sinon.
-Mais... C'est quoi ce robot ? Je n'ai jamais vu ce modèle.
-Je suis UNIQUE, répondit fièrement le petit robot.
-Je... vois ça...

Le garçon poussa un grognement de dépit, cherchant désespérément comment se sortir de ce pétrin dans lequel son ami les avait fourré tous les deux...

-Eli, elle n'a pas de balise active. Elle ne peut pas parler de nous sans prendre des risques.
-Mais... Comment il sait ça ?
-Il.. euh... il a des capteurs spéciaux.
-Mais...

Elle le regarda avec un intérêt renforcé.

-Tu l'as trouvé où ?
-Je l'ai pas "trouvé"! s'écria-t-il indigné.
-C'est mon créateur... et mon ami, précisa le robot.

Elle en resta médusée quelques secondes. Puis un large sourire apparut sur son visage.

-Tu es celui que je cherchais. Tu es celui dont on a besoin. Le facteur aléatoire.

3) Foret (Writever aout 2023)

 Une légère musique résonnait dans la pièce. L'ambiance y était sombre, seules deux petites ampoules diffusaient une lumière blafarde. On devait se glisser entre les différentes tables encombrées d'objets mécaniques, de pièces de machines, de bouts de ferrailles, devis, pinces et outils en tout genre. Au fond de la pièce, une large bureau avec une lampe permettant de mieux voir son ouvrage.
Il était à son poste de travail, se dandinant en rythme, fredonnant la mélodie. Il se pencha, la langue dardant quelque peu entre ses lèvres dans sa concentration. Avec application, il perça une série de trous à l'aide d'un minuscule foret, avant d'ajuster une nouvelle pièce.
Un petit cri de protestation retentit.
-Ouille ! Fais attention !
-Si toi, tu faisais attention, je n'aurai pas besoin de faire ça. Arrête de râler et de gigoter, j'ai presque fini.

L'ado reprit son fredonnement et, après quelques secondes, se redressa, l'air satisfait.

-Ah ! Voilà ! Ca devrait être bon comme ça, annonça-t-il en s'étirant.

Sur la table, un petit robot se leva. Ses capteurs optiques allumés renvoyaient la lumière de la lampe.

-Ah oui, c'est beaucoup mieux comme ça. Merci.
-De rien. C'est fait pour ça, les potes.

Le robot chipota une vis avant de se tourner vers son acolyte humain.

-Dis... T'as jamais peur toi ?
-Peur ?
-Des Machines... Si elles trouvent cet endroit... si elles ME trouvent...
-Ca n'arrivera pas... Personne ne sait. On sort presque jamais... Tu t'inquiètes trop...
-Mais tu sais que c'est contre les Règles... les humains n'ont plus le droit de construire des... objets mécaniques autonomes. Et toi... tu m'as carrément donner une... une personnalité.
-Mais non... juste une IA capable d'apprendre par elle-même.
-Une conscience... des émotions...

Le garçon resta silencieux, rangeant les outils soigneusement. Il ne savait pas quoi dire... Comment avouer à son ami qu'il l'avait créé parce qu'il se sentait seul... Seul dans ce monde de machines que pas grand monde ne questionnait.

5 août 2023

2) Mathématiques (Writever aout 2023)

 "L'Humanité a sombré dans la folie" se disait-elle en observant la procession qui avançait lentement sous la pluie.
Les Fils et Filles des Mathématiques gagnait chaque jour de nouveaux adeptes. Cette secte adorait ce qu'elle nommait "Les Mères Probabilités". C'était ridicule...
Pas étonnant, avec les machines qui calculaient des proba pour un oui ou un non... Qui examinait et scrutait tout détail possible avant de rendre un... verdict.
Les robots contrôlaient tout, étaient partout. Même dans les quartier plus modestes. Drônes de surveillance, Bots policiers... L'humanité n'était plus que simple témoin de sa propre déchéance.
Il était plus que temps d'agir.
Certes, on ne pouvait pas nier que la planète se portait mieux depuis quelques siècles, depuis que les humains avaient perdu les clés de leur propre destinée.
Elle soupira. Oui... l'Humanité avait peut être méritée tout cela... Après tout... Si on en croyait les enregistrements anciens qu'on passait à tout enfant lors de ses heures d'Education... A les voir, l'Humanité avait été horrible, détruisant son propre milieu d'habitation, se massacrant les uns les autres, les plus riches, chanceux, détournant le regard devant les souffrances de celles et ceux qui fuyaient la guerre, la misère ou quelque autre calamités.
Elle avait douté de ces informations. Après tout, qui disait que ce n'était pas une fiction inventée par les machines pour garder les humains en laisse ?
Mais elle avait pu trouver de vieux livres, des reliques. Et tout concordait... Des rapports humains alarmants sur le climat. Des articles de journaux parlant de guerres, de pandémies, de gens qu'on laissait se noyer plutôt que leur offrir asile... Elle n'en avait d'abord pas cru ses yeux. Puis était arrivé la nausée, à la réalisation de ce que leurs ancêtres avaient fait subir à d'autres...
Elle crispa la machoire. Objectivement, la planète, la faune et la flore, humain inclus, se portaient mieux sous le règne des machines. C'était indéniable. Plus personne ne pouvait s'accaparer des richesses indécentes. Plus personne ne mourrait de faim, de soif ou de froid. Les machines prenaient "soin" de tous et toutes sans discussion de religion, de couleurs de peau, de nationalité.
Ils laissaient les gens libres de leur croyance tant que cela restait pacifique.
Regardant la procession qui s'éloignait, elle se demanda si les machines étaient secrètement amusée par ce genre de démonstration. Elle secoua la tête. Impossible. Les machines étaient dépourvues de quelques émotions qui soient. Seuls les probabilités et les calculs de risque importaient à leur yeux. Et elles n'hésitaient pas éliminer les "éléments dangereux" si nécessaire. Les histoires qui se racontaient entre humains parlaient de bain de sang lorsque les machines avaient pris le pouvoir.
Elle eu un sourire sardonique en pensant à cette vérité dont on ne leur parlait pas lors de l'Education.
Oui, tout allait "pour le mieux"... sauf qu'ils n'étaient plus maîtres de leur vie... les humains n'étaient plus que des marionnettes, des poupées, entre les mains mécaniques et froides des machines.
Sans un mot, elle tourna les talons et s'effaça dans les ombres.

4 août 2023

1) Probabilités (Writever Aout 2023)

 "Veuillez patienter. Nos programmes opèrent actuellement le calcul des probabilités."

 Fucking machines. Impossible de faire quoi que ce soit sans calcul de proba. A peine si on peut encore aller pisser tranquille. Les générations précédentes voulaient une société à risque zéro... ou tendant vers le risque zéro... Résultat : une société entièrement contrôlé par des programmes de calculs de proba... pour notre propre bien. Les problèmes avaient commencé quand les premières machines avaient calculé les probabilités que l'humanité ne provoque sa propre destruction si elle était laissée sans surveillance. Pour le "propre bien" de leurs concepteurices, les machines avaient donc décidé que le moins risqué était de mettre l'humanité entière sous leur tutelle. Depuis... tout allait de mal en pis