Je regardais autour de moi, tout étonné. Mais comment diable
avais-je atterri au beau milieu d’une forêt ? Aux dernières
nouvelles, j’étais tranquillement chez moi, allongé sur mon
canapé, en train de lire un bouquin tandis que le chat ronronnait à
mes pieds.
Je m’étais probablement endormi, c’était la
seule explication rationnelle. Je m’étais assoupi et là j’étais
en train de rêver. D’ailleurs cette forêt, maintenant que je
l’observais plus attentivement, elle ressemblait quand même
furieusement à une illustration de mon roman.
J’en étais là
de mes réflexions quand un groupe de quelques biches, accompagnées
d’un cerf, approcha. Je devais bien reconnaître qu’en tout cas,
ce rêve était plutôt sympa. J’inspirai à plein poumons l’odeur
d’humus et de végétation. Je savourais la fraicheur du sous-bois.
Ca me changeait agréablement de la chaleur estivale qui régnait
dans le « vrai monde ». Je m’attendais presque à ce
que les animaux m’adressent la parole. Après tout, dans un rêve,
tout est possible non ?
Mais le groupe se contenta de
s’installer avec moi, en bordure d’une petite clairière. Deux
petits faons que je n’avais pas remarqué vinrent me renifler avant
de repartir en quelques bonds vers leurs mères.
« EH ! »
Ah,
ça y est, les bestioles commençaient à causer…
« Eh !
Eh, toi ! L’humain ! »
Je me tournais vers la
biche la plus proche. C’était sans doute elle qui me
parlait.
« Oui ? » répondais-je d’un ton
plus aimable que le sien.
« Mais non, pas la biche
abruti ! En haut ! Regarde en haut ! T’as déjà
entendu une biche parler l’humain toi ? Pffff, ces humains,
j’vous jure… tous des crétins... »
Je levais les yeux
vers les branches au dessus de moi. Et là, confortablement assise le
dos appuyé contre le tronc d’un chêne, les jambes pendantes de
part et d’autre d’une petite branche, je vis une étrange
créature. Ses yeux immenses lui mangeaient le visage, ses cheveux
semblaient faits de mousse, sa peau avait la teinte de l’écorce
quoi qu’un peu plus pâle. Elle portait des vêtements en herbes
tissées, mêlées de feuilles, de racines,…
Ce rêve
devenait de plus en plus loufoque.
-Mais… euh… Tu… vous…
Vous êtes… quoi ? Balbutiais-je, un peu dépassé
-Ben…
un elfe. Ca se voit non ? Un Sylvain plus précisément.
-Ah…
hum… Et bien bonjour…
-Avoue… t’es paumé
hein ?
-Hein ?
-T’es paumé. Jamais un humain
ne s’aventurerait dans la forêt sombre. Donc t’as forcément du
te perdre pour te retrouver ici. T’es dans la mouise.
Le
sylvain éclata de rire.
-Je ne suis pas « paumé ».
Enfin… je ne pense pas. Je ne sais pas comment j’ai atterri ici
mais vu que c’est un rêve, ça n’a pas d’importance. Tout
reviendra à la normale quand je me réveillerai. J’espère que je
n’oublierai pas ce songe quand même. Cette forêt est vraiment
belle et agréable.
-Ah… Tu vas me faire ce coup là… Bon ben désolé de couper court à tes bêtises mais non, c’est pas un rêve. Et zut… Un transplanneur… et fallait que ce soit moi qui tombe dessus…
-Un… un quoi ?
-Un
transplanneur. Un mec comme toi, qui est passé d’un plan à
l’autre. Ca explique que tu sois encore plus abruti que les humains
moyens… Pfff...Va falloir que je t’amène au palais moi
maintenant… La poisse.
-Il y a un palais ? Ce rêve est
vraiment plein de surprise ! C’est génial !
-Mais
puisque je te dis que c’est pas un rêve !
Le Sylvain redressa
soudain la tête et se mit à renifler les alentours, en alerte. Il
chuchota :
-Pis mets la en veilleuse sinon on va avoir
VRAIMENT des ennuis là. Donc tu la fermes et tu me suis. Et regarde
où tu mets les pieds. Essaie… Essaie d’être discret…
soupira-t-il d’un air désabusé.
-Oh… euh… d’accord.
Il
me fit signe de le suivre et je lui emboitais le pas, un grand
sourire sur la figure. Ce rêve était vraiment passionnant.
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