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Ce petit coin du net se nourrit de vos commentaires. Merci de penser à lui et de me laisser une ou plusieurs bafouilles.

28 mars 2023

Sauves (Mercredi Character Design 42)

Source : https://www.deviantart.com/sylessae

 

    Le soleil... enfin. Combien de temps, combien de jours sans l'avoir vu, sans avoir ressenti sa chaude caresse sur ma peau. Je ne sais pas. J'ai perdu le compte. Sa lumière m'éblouit. Mes yeux avaient oublié l'éclat que le jour peut avoir. Je suis obligée de fermer les paupières, les pupilles douloureuses de trop de clarté soudaine.
La liberté. La liberté, enfin... vraiment ? J'ai du mal à y croire. Cela fait si longtemps. Ma peau porte les traces de ma captivité dans ses boyaux terreux, puants, putrides. Autour de moi des rires et des pleurs résonnent. Tous mes anciens compagnons et compagnes d'infortune peinent à réaliser que l'enfer est fini. Les soldats qui nous ont libéré nous guident vers un campement, aident les plus faibles d'entre nous à marcher. 

Ainsi, le Royaume est réellement venu à notre rescousse ? Je n'y croyais pas, n'y croyais plus. Nous n'étions qu'un misérable groupe d'orcs et d'humains mêlés dont ils n'avaient aucune raison de se préoccuper. Je serre toujours dans ma main la petite menotte de l'enfant que j'ai pris sous mon aile à son arrivée dans notre bagne sous-terrain. Je finis par réussir à entrouvrir un peu plus les yeux, paupières plissées. Nous sommes dans un sous-bois. Je respire, savoure l'odeur de l'humus. Je remarque seulement à ce moment là, le regard des soldats sur moi et l'enfant : un mélange de surprise et de méfiance. Je la regarde à mon tour, lui souriant doucement. Elle sanglote d'épuisement, de peur, d'incompréhension. Je m'accroupis devant elle et la tiens serrée contre moi, souhaitant de toutes mes fibres la protéger de quoi que ce soit qui oserait venir la menacer. Moi, épuisée, sale, qui n'était encore qu'une esclave il y a quelques heures. Elle se réfugie contre moi et pleure à gros sanglots, laissant s'évacuer les tensions qu'elle a accumulé pendant ses journées de captivité.

Je vois un homme s'approcher, un soldat. Son armure est différente, réhaussée d'argent. Probablement un gradé. Il s'arrête à deux pas de nous et met un genou en terre devant l'enfant. Soudain, tous les soldats présents se tournent face à nous et l'imitent. Je ne comprends pas. Je vois ces hommes forts, fiers, nos sauveurs, baisser la tête respectueusement devant l'enfant qui s'agrippe à mon cou. Je caresse tendrement ses cheveux sans parvenir à saisir ce qui se passe devant moi. 

L'officier relève la tête. Son regard croise le mien. Est-ce réellement de la gratitude et du soulagement que je lis dans ses yeux ? Il porte son attention sur l'enfant qui l'ignore toujours. 

"Les Esprits soient loués, nous vous avons retrouvé à temps... Votre Altesse."

Je me fige, incrédule, l'enfant toujours blottie contre moi, couverte de crasse, affamée. Les larmes ont creusées des sillons sur ses joues. Je tiens dans mes bras, je sui en train de réconforter... la fille héritière du Royaume.

14 mars 2023

Cendre (mercredi character design 41)

Source : https://www.instagram.com/


 

Cendre avançait à pas lent vers "L'Aube et le Crépuscule", célèbre boite du nuit du quartier est de Nex Horizon, la mégalopôle de la côte sud. Iel venait de finir un contrat et avait besoin d'amusement, de détente, de quelqu'un avec qui passer la nuit. Et on trouvait tout cela à l'Aube. La neige tombait doucement autour d'ellui. Quiconque l'aurait regardé.e attentivement se serait demandé comment iel pouvait supporter le froid avec juste un top résillé et une veste en cuir usé noire, ouverte, laissant voir une poitrine et un abdomen musclés. Cendre sourit en se faisant cette réflexion. Son ascendance n'était pas très physiquement marquée. En dehors de sa peau cuivrée et de ses cheveux de la couleur d'une flamme vive, rien ne trahissait ses capacités. Et ces traits étaient assez peu spécifiques pour que beaucoup n'aient aucun soupçon sur sa vraie nature. C'était... pratique. Et ça lui évitait des regards et des questions de la part d'inconnu.es. Si quelqu'un avait été très attentif, il aurait été possible de remarquer que les flocons n'atteignaient pas la peau de Cendre, ils fondaient et s'évaporaient avant de l'atteindre. Iel avançait comme entouré.e d'une aura discrète de brume.
Enfin, il atteignit la porte d'entrée de l'Aube. Iel s'ébroua et passa la main dans ses cheveux. Les deux gardes d'entrée lea saluèrent poliment et lea laissèrent passer sans poser de questions. Iel entra dans le vestibule et, sans attendre, s'avança dans la grande pièce principale. La musique l'assaillit aussitot, avec l'odeur de plusieurs dizaines de corps qui dansaient, buvaient, chantaient, en choeur depuis déjà plusieurs heures. Iel ferma les yeux et inspira à plein poumons. Oui, c'est ça qu'iel cherchait, s'étourdir au milieu de la foule d'anonymes. Iel se fraya un chemin jusqu'au bar et inclina la tête vers Kim, la serveuse. Elle lea reconnut sur le champs et lui rendit un sourire ravageur.
- Salut Cendre, l'habituel ?
- Ouais, merci Kim. Tu mettras ça sur mon ardoise.
- Pas de problème, on fait comme d'hab'. 

Cendre sentait la curiosité de la jeune femme. Mais elle respecta cette règle tacite : "On ne pose pas de questions persos en présence d'étrangers." Et l'Aube en était remplie à l'heure actuelle. Il y avait même pas mal de monde, plus que d'habitude, alors que la soirée commençait seulement. Cendre saisit son verre et prit une gorgée tout en portant un regard sur la foule.

- Y a du monde ce soir, remarqua-t-iel.

Le visage de Kim se ferma légèrement. Cendre lui adressa un regard inquisiteur.

- Un souci ?
- Nan.. enfin... disons juste que... je suis contente que tu sois là ce soir..., répondit la jeune femme.

Iel arqua un sourcil.

- Fais... fais quand même attention ce soir. J'ai un mauvais pressentiment Cendre, murmura-t-elle.
- Je suis toujours sur mes gardes, t'inquiète. Tu veux que je reste dans les parages pour te protéger de mon corps ? répondit-iel d'un ton taquin.
- J'voudrais pas t'empêcher de t'amuser enfin, rétorqua-t-elle avec un clin d'oeil. Mais ouais, tu sais très bien que j'apprécie toujours ta... mhmm... proximité.

Cendre éclata de rire et reprit une gorgée. Peut être qu'iel finirait la nuit avec Kim finalement. Elle était chouette, pas prise de tête et ça leur était déjà arrivé plusieurs fois. Les deux savaient qu'il ne fallait pas y mettre plus de sentiments que ça, même si iels avaient une complicité certaine. Cendre devait reconnaitre qu'iel appréciait réellement la jeune barwoman. Mais iel refusait de s'attacher sentimentalement parlant. L'amour, c'était le début des emmerdes de son point de vue. Enfin quand même, elle semblait inquiète. Iel décida de rester à proximité du bar et de se préparer pour faire face à ce qui pouvait effrayer ainsi Kim. Ce n'était pas son genre, de s'alarmer sans réelle raison.
Iel recommença à observer la foule devant lui, son verre à la main. Mais son regard avait changé. Des braises y voletaient. Son corps entier avait pris une aura prédatrice. S'il fallait défendre l'Aube et son amie, iel serait prêt... et ses flammes également.

9 mars 2023

Les bois sombres (Inspiration visuelle 12)

 

Source : https://www.behance.net/gallery/63181953/Ignifera-Bringer-of-Fire

"Prom'nons nous... dans les bois... pendant que le loup n'y est pas..."
La comptine tournait, tournait, tournait, sans relâche, dans la tête de l'halfeline. Elle déglutit difficilement. Autour d'elle, la forêt s'était refermée comme un étrange piège obscur, diabolique. Un léger rayon de soleil parvint à passer à travers branche et feuilles, illuminant le tapis de mousse qui recouvrait le sol. L'espace d'un instant, la forêt sombre révéla sa beauté à la petite créature. Mais l'instant passa. Le bleu profond des fleurs, le vert tendre des petites pousses s'assombrirent. Les bois reprirent leur aspect sinistre. 

"Prom'nons nous... dans les bois... pendant que le loup n'y est pas..."
Le souffle court, luttant contre la panique, elle regardait autour d'elle. Son pendentif se balançait doucement au bout de sa chaine qu'elle tenait de la main gauche. Elle tourna la tête à droite, à gauche. Elle était perdue. Complètement perdue. Et les heures s'écoulaient. La nuit allait finir par tomber. Et avec elle, les animaux et horreurs terrifiantes qui hantaient la forêt sortiraient de leurs antres. Terrifiée, elle essayait désespérément de trouver un point de repère. "Lumière, aide-moi par pitié" murmura-t-elle. Mais ses parents lui avaient déjà répété maintes et maintes fois que les Dieux n'aidaient personne, ou en tout cas qu'il valait mieux ne pas trop compter sur eux pour se tirer d'un mauvais pas. Mais quel choix lui restait-il, égarée ainsi en plein bois sombres ? Les bois des contes, les bois dont on narrait les histoires pleines de monstres le soir à la veillée, pour faire peur aux petits. "Lumière, je t'en prie, sauve-moi". Elle retenait à grand peine des sanglots paniqués tout en faisant quelques pas dans la clairière, timidement. 

"Prom'nons nous... dans les bois... pendant que le loup n'y est pas..." La lumière revint dans la clairière. Baignée de soleil, la zone n'était plus aussi terrifiante. Elle ne vit pas les cranes affleurant au milieu des racines au pied d'un vieil orme, qui restèrent dans l'ombre. Mais elle entendit soudain un petit sifflement flûté. Avec un glapissement apeuré, elle se retourna. Elle tomba nez à nez avec une curieuse petite créature ailée, lumineuse, de la taille d'une grande libellule. Elle ouvrit de grands yeux étonnés et en oubliant sa peur l'espace d'un instant. Dans une trille rieuse, la petite créature voleta autour de sa tête, saisit une mèche de sa chevelure et commença à tirer doucement dessus. Esperant ne pas tomber dans le piège, l'halfeline commença à marcher en suivant les indications de cet étrange guide, se demandant si c'était une envoyée de la Lumière, ou au contraire un des monstres des bois sombres, qui l'entrainait vers un triste sort.

Arfor (Mercredi Character design 40)

 

Image source :  https://merwild.tumblr.com

Ashar regarda son mentor qui marchait devant lui. Il y avait dans son regard l'adoration absolue que l'enfant orphelin porte à l'adulte qui l'a recueilli et protégé alors qu'il n'avait plus personne. L'ancien guerrier marchait devant son protégé, un sac à dos bien rempli sur le dos. Il sifflotait doucement en profitant du paysage.
Cela faisait maintenant 15 jours qu'ils avaient quitté Camalia, l'une des grande ville portuaire du pays. Arfor avait réussi à obtenir un contrat pour des livraisons dans une série de petits villages. Si ses calculs étaient exacts, ils atteindraient le premier d'ici un jour ou deux. Il remit en place son sac qui commençait à glisser d'un coup d'épaule. Derrière lui, il entendit Ashar qui tentait de siffloter à son tour, désireux d'imiter son modèle et un sourire se dessina sur les lèvres du vétéran.
Quelle lui semblait loin, l'époque des combats, de la guerre. Ce n'était pourtant que depuis un peu moins de dix ans que les combats s'étaient arrêtés. Il avait payé un lourd tribu à Matari, la déesse des combats, qui se repait du fracas des armes et des hurlements des blessés. Parfois, il lui semblait encore ressentir son avant-bras, sa main, ses doigts absents, à son coté gauche. Il avait perdu la moitié de son bras, amputé un peu plus haut que le coude, dans les derniers mois de la guerre, fracassé par un coup de masse ennemie. Son corps portait de nombreuses cicatrices, témoins de son implication dans les affrontements sanglants qui avait enflammé l'ensemble du continent durant des décennies. Lui même ne savait même pas quel incident diplomatique avait été à l'origine des conflits...
Sur son visage et ses biceps noueux, on pouvait également voir d'étranges marques rituelles. Elles lui valaient nombres de regards en coin quand ils croisaient du monde. Peu savaient leur signification exacte, mais tout ceux et celles qui avaient connu la guerre reconnaissaient les marques des Akar, la tribu maudite. Sa tribu. Elle était désormais quasiment décimée. Matari avait réclamé le sang de ses plus fervents fidèles. Il ne restait désormais plus qu'une poignée d'Akar de par le monde, et iels s'étaient éparpillés aux quatre vents, leurs terres détruites, leurs maisons abattues... Le peuple guerrier était devenu vagabond.
Arfor frémit en repensant aux horreurs de la guerre. On l'avait éduqué pour y prendre part, enlui inculquant que c'était un honneur de mourir pour satisfaire la déesse. Il y avait cru... longtemps... Mais désormais, il n'adressait plus aucune prière à Matari. "Puisse-t-elle être rassasiée jusqu'à la fin des temps" pensa-t-il. "Puisse les horreurs de la guerre être épargnées aux prochaines générations." Dans le secret de son esprit, il espérait même que la déesse disparaitrait. Mais il n'y croyait pas vraiment. Il en avait assez vu pour savoir qu'il y aurai toujours des humains pour engendrer des conflits, et ainsi réveiller et nourrir la déesse...
Du coin de l'oeil, il capta un mouvement soudain dans les buissons, et, d'un geste vif, sa main droite se posa sur sa ceinture, se refermant sur la garde de son épée. Un lapin montra le bout de son nez et l'homme éclata d'un rire sonore mais amer. Huit ans après, il gardait toujours certains réflexes. L'animal fila,effrayé par le bruit soudain.
Il se tourna vers l'orphelin, petit garçon de huit ans qui avait perdu ses parents dans les années floues qui avaient suivi la fin des hostilités. Cela faisait déjà trois ans qu'Arfor l'avait pris sous son aile. Il s'était pris d'affection pour le garnement et tentait, maladroitement, de lui apprendre à vivre dans un monde en paix.  Il ébouriffa tendrement la tignasse du gamin.
- Allez viens Ashar, si on marche bien, ce soir, on dormira au chaud, peut être même dans un vrai lit.
- C'est vrai ? s'exclama le petit, ravi.
- Si pas un lit, au moins dans une grange pleine de foin chaud et odorant. Ca sera bien quand même non ?

L'enfant lui fit un sourire éclatant et hocha la tête. Revigoré, il vint se placer à coté de l'ancien guerrier et, ensemble, ils reprirent leur route d'un bon pas.

1 mars 2023

Mayagan la chamane (mercredi character design 39)

Source : https://www.artstation.com/artwork/8ePBoq


 

Autour du grand feu, tous se taisaient. On n'entendait plus que le bruit sourd des tambours martelant la nuit, le chant plaintif des flutes qui se joignaient au souffle du vent. Tous se taisaient. Tous regardaient. Autour du feu, Mayagan dansait. Elle dansait pour les esprits. Elle dansait le vent, elle dansait la nuit, elle dansait la lune et les étoiles scintillantes. Le cliquetis argentin de ses bijoux se mêlait à la musique sacrée.
Liff observait, les yeux grands ouverts, captivée. Elle était fascinée par les ondulations de la femme sacrée, par le blanc de ses tatouages rituels qui se détachaient face à la lumière mouvante des flammes. Elle était impressionnée par l'atmosphère révérencieuse qui se dégageait de la scène, par le silence respectueux des adultes.
Elle même n'avait pas le droit d'être là. Mais incapable de résister à la curiosité, l'enfant s'était levée et avait suivi de loin les adultes avant de se cacher derrière un arbre. Et maintenant elle observait, subjuguée, la cérémonie.
Soudain, une première lueur bleue, ténue, apparut et sembla glisser autour de la chamane. Liff crut d'abord que la fatigue lui jouait des tours, qu'il ne s'agissait que d'un effet d'optique, d'une braise du grand feu. Mais une autre lumière apparut, plus grande, plus forte, puis une autre, puis encore une autre. L'enfant ne put retenir un hoquet de suprise. Mayagan était désormais entourée d'une dizaine de petites lumières bleues qui tournaient, serpentaient autour de son corps, en soulignaient les courbes délicates, sans jamais la toucher. Les deux mains sur sa bouche pour s'empêcher de crier, Liff observait les esprits danser avec la femme sacrée, complètement subjuguée.
L'enfant était complètement hypnotisée et fit machinalement un pas de coté pour mieux voir. Soudain, le regard de la chamane croisa le sien. Aucun adulte ne réagit, aucun ne s'aperçut de la présence de la fillette. Mais Liff, le souffle coupé, un début de nausée lui remontant l'estomac, en était certaine. Mayagan l'avait vu. Mayagan savait qu'elle était là, en cachette, qu'elle avait désobéi aux règles. Terrorisée, la petite fila comme le vent. Elle ne vit pas les yeux de la chamane qui la regardaient s'éloigner. Un éclat de satisfaction les faisait briller.