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9 mars 2023

Arfor (Mercredi Character design 40)

 

Image source :  https://merwild.tumblr.com

Ashar regarda son mentor qui marchait devant lui. Il y avait dans son regard l'adoration absolue que l'enfant orphelin porte à l'adulte qui l'a recueilli et protégé alors qu'il n'avait plus personne. L'ancien guerrier marchait devant son protégé, un sac à dos bien rempli sur le dos. Il sifflotait doucement en profitant du paysage.
Cela faisait maintenant 15 jours qu'ils avaient quitté Camalia, l'une des grande ville portuaire du pays. Arfor avait réussi à obtenir un contrat pour des livraisons dans une série de petits villages. Si ses calculs étaient exacts, ils atteindraient le premier d'ici un jour ou deux. Il remit en place son sac qui commençait à glisser d'un coup d'épaule. Derrière lui, il entendit Ashar qui tentait de siffloter à son tour, désireux d'imiter son modèle et un sourire se dessina sur les lèvres du vétéran.
Quelle lui semblait loin, l'époque des combats, de la guerre. Ce n'était pourtant que depuis un peu moins de dix ans que les combats s'étaient arrêtés. Il avait payé un lourd tribu à Matari, la déesse des combats, qui se repait du fracas des armes et des hurlements des blessés. Parfois, il lui semblait encore ressentir son avant-bras, sa main, ses doigts absents, à son coté gauche. Il avait perdu la moitié de son bras, amputé un peu plus haut que le coude, dans les derniers mois de la guerre, fracassé par un coup de masse ennemie. Son corps portait de nombreuses cicatrices, témoins de son implication dans les affrontements sanglants qui avait enflammé l'ensemble du continent durant des décennies. Lui même ne savait même pas quel incident diplomatique avait été à l'origine des conflits...
Sur son visage et ses biceps noueux, on pouvait également voir d'étranges marques rituelles. Elles lui valaient nombres de regards en coin quand ils croisaient du monde. Peu savaient leur signification exacte, mais tout ceux et celles qui avaient connu la guerre reconnaissaient les marques des Akar, la tribu maudite. Sa tribu. Elle était désormais quasiment décimée. Matari avait réclamé le sang de ses plus fervents fidèles. Il ne restait désormais plus qu'une poignée d'Akar de par le monde, et iels s'étaient éparpillés aux quatre vents, leurs terres détruites, leurs maisons abattues... Le peuple guerrier était devenu vagabond.
Arfor frémit en repensant aux horreurs de la guerre. On l'avait éduqué pour y prendre part, enlui inculquant que c'était un honneur de mourir pour satisfaire la déesse. Il y avait cru... longtemps... Mais désormais, il n'adressait plus aucune prière à Matari. "Puisse-t-elle être rassasiée jusqu'à la fin des temps" pensa-t-il. "Puisse les horreurs de la guerre être épargnées aux prochaines générations." Dans le secret de son esprit, il espérait même que la déesse disparaitrait. Mais il n'y croyait pas vraiment. Il en avait assez vu pour savoir qu'il y aurai toujours des humains pour engendrer des conflits, et ainsi réveiller et nourrir la déesse...
Du coin de l'oeil, il capta un mouvement soudain dans les buissons, et, d'un geste vif, sa main droite se posa sur sa ceinture, se refermant sur la garde de son épée. Un lapin montra le bout de son nez et l'homme éclata d'un rire sonore mais amer. Huit ans après, il gardait toujours certains réflexes. L'animal fila,effrayé par le bruit soudain.
Il se tourna vers l'orphelin, petit garçon de huit ans qui avait perdu ses parents dans les années floues qui avaient suivi la fin des hostilités. Cela faisait déjà trois ans qu'Arfor l'avait pris sous son aile. Il s'était pris d'affection pour le garnement et tentait, maladroitement, de lui apprendre à vivre dans un monde en paix.  Il ébouriffa tendrement la tignasse du gamin.
- Allez viens Ashar, si on marche bien, ce soir, on dormira au chaud, peut être même dans un vrai lit.
- C'est vrai ? s'exclama le petit, ravi.
- Si pas un lit, au moins dans une grange pleine de foin chaud et odorant. Ca sera bien quand même non ?

L'enfant lui fit un sourire éclatant et hocha la tête. Revigoré, il vint se placer à coté de l'ancien guerrier et, ensemble, ils reprirent leur route d'un bon pas.

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