Ses mains se refermèrent sur les maillons de la chaine qui l'entravait et la tenait attachée au mur derrière elle. Ses doigts craquèrent, les jointures blanchirent et elle donna un brusque coup sec. La chaine tînt bon. Les brigands en face d'elle éclatèrent de rire à sa tentative. Douce musique à ses oreilles que ces moqueries. Elle sentit la haine et la rage éclorent en elle. Elle les laissa pousser, grandir, tout en redonnant un coup brutal à ses attaches. Dans le mur, les épais anneaux tremblèrent, un peu de poussière tomba au sol. Elle vit du coin de l'oeil ses compagnons de route échanger un regard entendu. Loïc prit la parole, phlegmatique :
-Je serais vous, je nous libèrerais. Et vite.
L'hilarité de leurs ravisseurs redoubla. Elle redonna un coup. Elle savourait la colère qui l'envahissait, l'emplissait de force. Sa vue se brouilla, ses pupilles se rétrécirent. Dans un grondement sourd, elle s'abandonna à la rage. Brutalement, elle se jeta sur leurs adversaires. Les anneaux tenaient toujours, ce fut les pierres dans lesquelles ils étaient fixées qui cédèrent.
En face d'elle, l'incrédulité avait remplacé les rires. Elle ne leur laissa pas le temps de saisir leurs armes, ni de donner l'alarme. Dans un rire dément, elle se précipita vers eux. A peine perçut-elle le "Trop tard..." railleur de Loïc dans son dos alors qu'elle commençait à attaquer, se servant des chaînes comme armes. Ce ne fut pas un combat, mais un massacre. Une fois tous ses ennemis tombés, elle se tourna brutalement vers le reste du groupe, toujours enchainé. Son regard restait fou, injecté de sang.
-Tout doux ma belle, dit calmement Elda. C'est nous. Reviens.
-Tout va bien maintenant, continua Loïc, respire.
Les deux parlaient sereinement, d'une voix apaisante. Elle renifla l'air, tel un prédateur. Reconnut des odeurs amies. Elle resta immobile quelques secondes, le souffle court. Puis ses yeux redevinrent normaux, sa posture plus détendue. Elle regarda les cadavres derrière elle, comme si elle les découvrait.
-La prochaine fois, si tu veux vraiment leur laisser une chance, préviens les plus tôt, Loïc, déclara-t-elle tout en détachant ses alliés.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire