TW pendaison, exécution
En arrivant sur la place, ils eurent la surprise d'y trouver une foule compacte, excitée, vociférante. Ne comprenant pas trop ce qui se passait, ils regardèrent autour d'eux et virent un petit chariot qui arrivait en brinquebalant. A l'intérieur, les mains liées dans le dos, se trouvait une femme dans des vêtements autrefois beaux, le visage livide, les yeux agrandis par la peur. Tandis que le chariot approchait difficilement de l'échafaud, un héraut monta sur la plateforme, un papier à la main qu'il commença à lire.
-Oyez! Oyez! La dénommée Susie Stocka a été reconnue coupable du crime de haute trahison. Elle a été condamnée à la pendaison jusqu'à ce que mort s'ensuive. La sentence sera exécutée ce jour."
Il acheva son annonce tandis que la foule huait la condamnée, certains lui lançant des fruits pourris, d'autres l'insultant. Datès joignit ses cris à ceux de la foule tandis qu'Ombeline lui jetait un regard empli de dégoût. Elle eut un regard indéchiffrable en direction de la femme.Datès le remarqua et, craignant qu'elle ne fasse une folie, lui posant la main sur l'avant-bras pour la retenir. Elle le regarda.
-Je ne vais rien faire. Ça ne servirait à rien.
Voyant que Lucian se dirigeait en direction d'un des soldats qui gardait la foule à distance, elle le suivit. Le soldat ne savait cependant rien de plus que ce que le héraut avait annoncé. Ombeline s'écarta, s'éloignant de la foule déchainée. Sur l'échafaud, la femme se débattait tandis qu'on lui passait le nœud coulant autour du cou. Ombeline marcha lentement jusqu'à une colonnade à laquelle elle s'adossant, tournant ostensiblement le dos à la foule et au spectacle ignoble qui se déroulait sur la place. Elle entendit un cri étranglé, les vivats de la foule puis le bruits de gens qui s'éloignent, recommencent à bavarder, comme si de rien n'était. Elle ferma les yeux, tentant de contrôler la rage et la colère qui grondaient en elle. Lucian revint vers elle, ainsi que Datès. Ce dernier arborait un grand sourire. Elle lui jeta un regard glacé, se détournant et commença à marcher en annonçant :
-Cherchons un endroit où dormir. Je devrais pouvoir nous payer la nuit dans une auberge en chantant, à condition de ne pas être trop exigeant sur notre choix.
Lucian lui serra l'épaule dans un geste de réconfort. Il avait senti la colère de sa sœur même s'il n'en comprenait pas vraiment la raison.
-Je vois pas pourquoi tu réagis comme ça, lança Datès,
-Je ne vois pas ce que tu trouves d'intéressant à ce genre de spectacle, le coupa sa demi-sœur
-Bah.... Qu'est ce que ça peut te faire, ce qui lui arrive à cette femme, on la connait même pas. T'as quand même pas de la pitié pour une traitresse?
-Non, soupira Ombeline, mais je ne comprends pas qu'on fasse de ces sentences des spectacles de rue...
-Bah... Comme ça les gens se défoulent, pis ça fait un exemple, ça décourage de faire pareil quoi.
-Est ce qu'on est seulement certain qu'elle était réellement coupable?, demanda Ombeline en le regardant droit dans les yeux, Et puis je n'apprécie pas ces spectacles morbides... Point.
Datès lui rendit son regard et haussa les épaules mais n'insista pas.
Ils trouvèrent assez facilement une auberge dont l'aubergiste accepta qu'ils dorment dans la salle commune en échange d'une prestation de la jeune fille. Le temps qu'elle s’acquitte de sa tâche, la fin d'après midi arrivait. Lucian, Datès et Khordel avaient eu le temps de trouver un forgeron sur la grand'place désormais calme à qui ils avaient pu revendre les armes des bandits qu'ils avaient combattu à Meisde pendant que Balgor, Barthélémius et Réginald restaient à l'auberge pour se reposer et s'assurer qu'aucun ivrogne ne chercherait des noises à leur soeur. Une fois de retour à l'auberge, Datès voulut trainer un peu dans une taverne. Ombeline et Lucian se joignirent à lui et il ne leur fallut pas longtemps pour en dénicher une, remplie gens du commun. Dans un coin, un groupe de ménestrel jouait un air qu'on entendait à peine par dessus les rires, les jurons et les discussions animées. Lucian aperçut un cercle de lutte dans lequel se battaient deux hommes, entourés de gaillards plus ou moins enivrés, qui hurlaient, qui des encouragements, qui des insultes, envers l'un ou l'autre des combattants. A la fin du combat, des pièces changèrent de mains et, intéressé, Lucian se rapprocha. Il se fit rapidement accosté par un petit bonhomme.
-Eh, vous voulez tenter votre chance? Un grand gaillard comme vous, ça doit aimer se battre non? Et c'est l'occasion de remplir votre bourse, hin hin hin, proposa-t-il
-Ma foi, pourquoi pas, répondit Lucian en se grattant le menton, Quelles sont les règles?
-5 pièces minimum pour participer, combat à main nue, le premier qui reste par terre ou qui abandonne a perdu. Mais pas de coups qui estropient et encore moins qui tuent évidemment
-Très bien, ça me va.
Il pénétra dans l'arène tandis qu'Ombeline et Datès rejoignaient le cercle des spectateurs. Rapidement, un homme râblé entra à son tour. Lucian n'eut aucune difficulté à le vaincre. Il se débarrassa tout aussi facilement des trois adversaires suivants, gagnant une petite somme au passage à chaque fois. Datès, qui avait parié sur son demi-frère se frottait les mains d'un air ravi. Ombeline observait attentivement les combats, essayant de suivre les mouvements, la dynamique des enchainements. Avisant le petit homme, Datès lui demanda s'il lui était aussi possible de combattre.
-Ah bah, dès que votre copain aura fini d'aplatir ses adversaires, bien sûr! Mais c'est cinq pièces d'or pour chaque combat. Mais si vous gagnez, vous empochez la mise!
-Très bien, très bien, répondit Datès les yeux brillants.
-Bonne idée Datès! En plus, tu es moins impressionnant que Lucian, y aura plus de monde pour parier contre toi, c'est un bon calcul!, remarqua la jeune fille.
Son demi-frère lui lança un regard blessé
Lucian décida finalement de sortir du cercle. Voyant Datès prêt à prendre sa place, il lui adressa un sourire de connivence :
-Ça y est, on est à la maison, lui lança-t-il avec un clin d’œil.
-Ouais, ça fait du bien. Parie sur moi hein!
-Évidemment!, répondit Lucian dans un éclat de rire.
-Et toi sœurette, regarde un peu si je suis pas impressionnant moi aussi!
Amusée, Ombeline regardait son demi-frère prendre place.
-Enfin... Ce n'est quand même pas insultant que de dire qu'il est moins impressionnant que toi physiquement non?, glissa-t-elle à Lucian
-Euh... si...
-Ah? Oups...
-Après, s'il est aussi musclé qu'aigri, ça peut donner un joli combat,
-Ça dépend si l'autre en face est aussi aigri ou... ah... manifestement non, répondit la jeune fille dans une grimace en voyant Datès envoyer son adversaire au tapis.
Elle avait les yeux brillants, s'amusant manifestement beaucoup à commenter les combats et à encourager son demi-frère. Au bout de cinq combats, la mise de départ doubla.
-Ah... On va peut être passer aux choses sérieuses? demanda Ombeline,
-Mhmm, celui-ci a l'air effectivement plus compliqué, acquiesca Lucian en voyant le nouvel arrivant entré en scène, grand et baraqué.
-Je me disais aussi qu'il fallait bien que ça se complique à un... commença Ombeline avant de s'interrompre en voyant son demi-frère faire voler facilement son opposant d'un souple mouvement bras et de hanche.
-Ouch! Quoi? C'est tout? reprit-elle étonnée
-Ou alors c'est que notre grand demi-frère n'est pas si mauvais, lui murmura Lucian en se penchant vers elle
-Ca je le vois bien. Je pensais juste que maintenant, il aurait des adversaires à sa mesure mais manifestement il est vraiment trop fort pour eux... Lui sait se battre, eux non...
Tout sourire, Datès sortit enfin de l'arène, légèrement transpirant.
-Aaaah! Ca fait du bien! Et j'ai gagné une jolie somme!
-Mince, je n'ai pas pensé à parier!, pesta Ombeline
En riant, le trio rentra à l'auberge passer la nuit. Le lendemain, la fratrie reprit la route, en direction de Fort Edinhir. Les blessures de Datès et Ombeline guérissaient bien et, sans doute grâce à l'étrange substance qui les recouvrait, n'étaient pratiquement pas douloureuses.
En fin de journée, ils arrivèrent à l'impressionnante place forte.
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