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6 nov. 2020

Les Enfants Whorgram 4.2 : Aux confins du réel

TW : substance hallucinogène, drogue

 

Médusé, Barthélémius fixait des yeux son jumeau retrouvé. Ombeline l'observait également, de la tête aux pieds. Elle fut la première à remarquer le changement le plus visible que leur frère avait vécu...
-Réginald... Ta jambe...

Leur frère retrouvé arborait effectivement une jambe en bois, qui dépassait au bas de son pantalon. Cela expliquait sa démarche claudicante lorsqu'il avait couru jusqu'au moulin. 

-Oh ça...oh... Ce n'est rien...
-Rien?!? s'offusqua Barthélémius, Qu'est il arrivé à ta jambe?
-Oooff... c'est une longue histoire. Et elle n'est guère intéressante. Dites moi plutôt ce que vous faites ici, je n'aurai jamais cru vous revoir dans de telles circonstances.
-Et bien... Nous en avons, des choses, à te raconter..., commença Barthélémius, Je ne sais même pas par où commencer...
-Déjà, sache que nous ne sommes pas seuls, toute la fratrie est réunie, intervint Ombeline
-Hein?
-Oui, il ne sont pas loin, ils campent à une petite demi-heure de marche d'ici. En aval de la rivière.
-Mais... comment vous êtes vous retrouvés?
-On a eu... de l'aide... de... de notre grand-père..., balbutia Ombeline, encore troublée par tout ce qui se passait depuis ces derniers jours
-Notre grand père? Il s'intéresse à nous lui maintenant?
-Non seulement il s'intéresse à nous, mais il nous a même officiellement reconnu comme des enfants de la branche principale de la famille, asséna Barthélémius
-QUOI?!?
-Ah.. et aussi on a un demi-frère bâtard, ajouta Ombeline avec une pointe d'amusement dans la voix, le portrait craché de notre géniteur mais en plus jeune. C'est impressionnant à voir.


Sous le choc, Réginald se laissa tomber lourdement sur un tabouret proche de lui.

-Attendez, attendez... Il va falloir m'expliquer tout ça depuis le début. Je n'y comprends rien.

L'heure suivante fut donc consacrée à informer Réginald des évènements des jours précédents : la capture, le grand père, la reconnaissance, et l'étrange mission que le vieil homme avait confié à la fratrie.

-Eh bien ça... pour une surprise..., bafouilla Réginald
-N'est ce pas... Mais et toi? Qu'est ce que tu fais ici?!?
-Et bien, je... je me suis installé dans un village pas très loin de là et... et bien... je me suis lié d'amitié avec... l'homme qui a été tué. J'étais à proximité et j'ai entendu du bruit, j'ai eu peur pour lui. Il est... était... vieux et... Mais je suis arrivé trop tard...
-Nous avons vu deux silhouettes partir en courant. Mais nous ignorons si ce sont bien les coupables, même si c'est le plus probable, ni si ils étaient seuls. Et surtout, que venaient ils faire là?, demanda gravement Barthélémius
-Je ne sais pas. Ce n'est qu'un moulin. Il n'y a rien de particulier ici...
-Rien de particulier? l'interrompit Ombeline en se saisissant de l'arc, Alors qu'est ce que cet arc faisait ici? Et ces flèches? Regarde les, ce n'est pas du travail locquendéin. En tout cas, je n'ai jamais rien vu de pareil...
-Je.. je n'ai jamais vu ça avant, j'ignore totalement ce que ça faisait ici.
-Le plancher sonne creux.,révéla Barthélémius, Il y a peut être une pièce caché sous le moulin? Une cache de contrebande ou de bandits? Mais cela dit, je n'ai trouvé aucune trappe d'accès. On devrait peut être sortir, voir si on trouve un moyen d'accéder à cet espace souterrain. Sauf si tu sais déjà par où passer?
-Non.. Je... Le meunier était quelqu'un avec qui je m'entendais plutôt bien mais.. je ne vivais pas ici. J'ignore où se trouve le passage. Tu as raison, nous devrions observer les alentours du moulin. Il doit bien y avoir une porte ou une trappe quelque part.
-Eh bien... Allons y, lança Ombeline en se dirigeant vers la porte.

Passant sur le coté du moulin, ils trouvèrent effectivement une trappe. Mais celle-ci ne menait qu'à la meule du moulin et une réserve de sacs de farine. La petite pièce ne correspondait absolument pas, ni en situation, ni en superficie, à la pièce à vivre du moulin. Déçus, ils ressortirent et continuèrent à faire le tour de la bâtisse. Rien. Aucune trappe, aucune porte, aucun escalier. C'était à n'y rien comprendre. Ils restèrent là, interdits et confus, entre le moulin et le pont quand Réginald entendit comme un murmure. Tournant la tête, il chercha d'où pouvait provenir ce son étrange quand il vit que le chemin longeant la rivière passait SOUS le pont. Pris d'un doute, il proposa aux deux autres d'aller y jeter un œil, puisque c'était la seule idée qu'ils leur restaient.
Quand ils approchèrent, ils constatèrent avec surprise qu'effectivement, un tunnel partait de cet endroit, dissimulé sous le pont et s'enfonçait sous terre. Après un instant d'hésitation, ils décidèrent d'aller explorer cet endroit. Ils s'enfoncèrent dans le boyau souterrain. Après quelques centaines de mètres, ils arrivèrent dans une grande salle naturelle. Observant autour d'eux dans la pénombre, ils aperçurent la silhouette d'une vieille femme en haut d'une plate forme naturelle en face d'eux sur leur droite. Elle était penchée sur une bassine dans laquelle tombaient, dans un petit bruit cristallin, des gouttes d'eaux depuis une stalactite située à la verticale du baquet.

Ombeline s'approcha le plus doucement possible de la vieille femme. "Bonjour." appela-t-elle calmement, essayant de ne pas effrayer l'aïeule. Malgré ses précautions, la vieillarde disparut dans un tunnel situé derrière elle. Soufflant de frustration, Ombeline grimpa sur la plateforme tandis que ses frères exploraient la grotte. Barthélémius s'avança vers sa soeur alors que Réginald partait de l'autre coté de la caverne. Pendant ce temps, Ombeline avait atteint la bassine et y jeta un regard. La surface de l'eau se troubla et il lui sembla qu'une image apparaissait. Déconcertée, la jeune fille pencha la tête au dessus de la bassine et vit qu'effectivement, toute une scène était en train de se dérouler sur le miroir liquide qui lui faisait face. Elle vit une femme, vêtue d'étranges habits de peaux, le visage et les bras recouverts de tatouages bleus. Dans son dos, Ombeline reconnut l'arc qu'elle avait trouvé dans le moulin. L'inconnue fit soudain face à deux hommes qui l’attaquèrent avant qu'elle puisse réagir. Très vite elle s'effondra au sol. Alors la surface de l'eau se brouilla et la vision disparut. Au fond du baquet, Ombeline vit une flèche semblable à celles qu'elle avait trouvé. Dans un réflexe inconscient, elle plongea la main pour l'attraper. Sa conscience se brouilla subitement. Les couleurs se firent soudain plus intenses devant ses yeux, les lumières éblouissantes, se brisant en d'innombrables fractales qui la fascinèrent instantanément.
Barthélémius qui arrivait près d'elle la regarda, éberlué, qui levait la main comme une enfant en direction des gouttes qui tombaient du plafond. Il l'entendit distinctement murmurer "si joliiiiiii" avant qu'elle ne commence à chantonner une chanson à boire. Il se dit aussitôt que l'eau de la bassine devait être ensorcelé et tira vivement sa sœur en arrière pour l'écarter du danger. Elle se retourna vers lui, les pupilles dilatées au point que ses iris n'étaient presque plus visibles. Maladroitement elle se mit à attraper et à jouer avec un coin de la cape de son frère, comme une enfant, avec un petit rire cristallin. Il dut alors se démener face à sa benjamine pour l'empêcher de se mettre elle même en danger.
-Réginald! On a un problème! hurla-t-il.
Mais son frère ne répondit pas. Dans un juron, il dégagea sa cape des mains d'Ombeline qui se mit illico à jouer avec une mèche de ses cheveux, avant de tendre les doigts vers la torche qu'il tenait pour faire danser ses mains dans la lumière tremblotante. D'un geste vif il éloigna la torche de crainte qu'elle ne se brûle et lança un coup de pied vers la bassine pour la renverser. Il cria de douleur quand son pied s'écrasa contre la paroi du mur, un bon mètre plus loin. Il regarda sans comprendre son pied endolori, la bassine, le mur. "Mais... mais qu'est ce que c'est que ce bordel!?!" s'exclama-t-il. Il revint près de la bassine et tenta à nouveau de la faire basculer d'un coup de pied. Il se retrouva à nouveau à s'écraser les orteils contre le mur, comme si quelque chose ou quelqu'un l'avait transporté. A coté de lui, Ombeline l'imitait avec un rire ravi, tapant légèrement dans la roche. Se tenant la tête à deux mains, il essayait de ne pas céder à la panique qui commençait à l'envahir. Voyant que sa sœur se dirigeait de nouveau vers la bassine, il l'attrapa par le bras et l'obligea à revenir avec lui en contrebas.
"REGINALD!" hurla-t-il une nouvelle fois. Un hurlement de peur lui répondit. 'Mais c'est pas vrai! Qu'est ce qui se passe ici!?!" marmonna-t-il en se dirigeant en direction du cri, trainant toujours sa sœur derrière lui. Celle-ci se laissait mollement tracter, regardant, fasciné, la fumée qui s'élevait de la torche et chantonnant doucement.
Soudain, leur frère apparut devant eux, surgissant de derrière une immense colonne rocheuse. Il donnait frénétiquement des coups de sa jambe de bois autour de lui.
-Des rats! Des rats! Sales bêtes, déguerpissez!, criait il en continuant à frapper dans le vide.
-Réginald... Mais... Qu'est ce qui te prend?, demanda Barthélémius en le regardant, les yeux ronds
-Des rats! Des rats partout! Aide moi à les faire fuir!
-Calme toi! Calme toi! Il n'y a pas de rats! IL N'Y A PAS DE RATS!
-On marche littéralement dessus!
A court d'idée, Barthélémius asséna une gifle à son jumeau. Celui le regarda fixement, puis ses yeux s'écarquillèrent d'effroi et il se jeta sur son frère, tentant de l'étrangler à main nue. A moitié étouffant, Barthélémius lui balança cette fois un coup de poing dans la mâchoire, priant pour que le choc lui fasse reprendre ses esprits. De fait, cette fois, son frère secoua la tête et lui renvoya un regard plus clair. Il commença à regarder de tout coté, désemparé.
-Mais... Mais il est passé où? Ils sont passés où les rats?
-Il n'y a jamais eu de rats mon frère. Et c'est qui ce "il"?
-Un rat, un rat gigantesque! aussi grand qu'un homme! Il m'a attaqué. J'étais en train de l'étrangler quand...
-Ça c'était moi, répondit Barthélémius en grimaçant et en se massant la gorge, désolé, j'ai du te frapper pour que tu reviennes à toi.
A coté d'eux, Ombeline esquissait quelques pas de danse, toujours chantante, le regard ailleurs.
-Mais... qu'est ce qui lui arrive? s'étonna Réginald
-Je ne sais pas. Je l'ai retrouvé dans cet état à coté d'une drôle de bassine. Et toi? Tu te rappelles quelque chose avant les rats?
-Et bien, j'explorais le fond de la grotte quand la vieille est apparue deux mètres devant moi. J'ai commencé à lui parler pour la rassurer et essayer de savoir ce qu'elle faisait là mais.. Elle a baragouiné je ne sais trop quoi et soudain, plus de vieille et plein de rats.
-Ce doit être une sorcière..., observa sombrement Barthélémius. Je ne sais pas  ce qu'elle a fait à Ombeline mais elle est comme ça depuis qu'elle a plongé le bras dans l'eau du baquet. Et quand j'ai essayé de le renverser, je me suis retrouvé je ne sais comment à frapper dans le mur...
-Mais elle est passée où cette sorcière?
-Je ne sais pas. Tiens Ombeline et fais attention à ce qu'elle ne se blesse pas. Je vais aller voir dans le tunnel au fond, derrière la plateforme. Peut être que la sorcière s'y cache.
-Méfie-toi mon frère, elle me semble bien dangereuse.
Sans répondre, Barthélémius se dirigea vers le tunnel. Il s'y engagea et, au bout de quelques minutes, arriva dans la caverne via l'ouverture par laquelle ils étaient arrivés. Incrédule, il se retourna. Derrière lui, le tunnel d'accès se perdait dans les ténèbres.
"J'ai du rater un virage, un embranchement" marmonna-t-il. Il repartit en direction du second tunnel et y le reprit, les traits crispés. Quelques minutes plus tard, il débouchait de nouveau dans la caverne par la première entrée.
-Qu'est ce qui se passe? demanda Réginald décontenancé
-Je.. je ne comprends pas. J'ai pourtant fait attention cette fois. Je n'ai vu aucun embranchement...
-Crois-tu que nous sommes coincés ici?
-Je ne sais pas. Je vais faire le chemin en sens inverse. On va bien voir si j'arrive à la rivière ou dans la caverne au niveau de la plateforme..
Barthélémius fit donc demi-tour dans le boyau. Après une dizaine de minutes, et sans avoir aperçut la moindre galerie latérale, il arriva en vue de la rivière. Il ne put s'empêcher de pousser un soupir soulagé. Au moins n'étaient ils pas coincés sous terre. Il retourna chercher son frère et sa sœur. Il allait falloir trouver une solution pour celle-ci.
A son retour, il trouva Réginald et Ombeline près de la grand colonne de pierre. Réginald lui jeta un regard sombre.
-Je crois que j'ai trouvé quelque chose...
-Quoi donc?
-Viens voir par toi même...
Barthélémius s'avança et, regardant ce que son frère pointait du doigt, il vit ce qui ressemblait à un morceau de cape dépasser du sol. Juste à coté, deux doigts bleuis sortaient de terre.
-Viens m'aider, commença Réginald, j'ai d'abord vu le bout de cape. J'ai creusé un peu et...
Sans un mot, les deux frères entreprirent de creuser autour des doigts. La terre était meuble à cet endroit et rapidement, ils mirent au jour le cadavre d'une femme, vêtue de vêtements étranges de peaux, d'étranges tatouages encore visibles sur son visage et ses bras livides.
-Mais qu'est ce que c'est encore...
-Les tatouages... la vieille femme avait des tatouages semblables, affirma Réginald, J'ai au moins eu le temps de voir ça.
-Une parente à elle tu penses?
-Ou une amie, qui sait? Mais je pense que nous savons maintenant ce qu'elle faisait ici. Par contre, cherchait elle cette morte ou l'avons nous déranger en train de l'enterrer, je n'en ai pas la moindre idée...
-On ne peut rien pour cette femme. Mais il faut retrouver la sorcière. Je crains fort que notre sœur est besoin d'elle pour retrouver son état normal...
-Allons voir au moulin, peut être y trouverons nous une piste pour retrouver cette vieille...

Silencieusement, ils retournèrent vers le moulin, Ombeline dodelinant de la tête et trébuchant régulièrement. Dehors, le temps était déchainé. Il pleuvait des trombes d'eau et le tonnerre claquait régulièrement dans le ciel. Ils coururent jusqu'au moulin. Quand ils en ouvrirent la porte, ils eurent la surprise de se retrouver face à la vieille femme.
-Que..., commença Barthélémius
-Bonsoir, croassa la vieille, vous avez quelque chose que je veux il me semble...
-Que... quoi?, s'étrangla Réginald.
-Ceci., répondit l'ancienne en montrant Ombeline du doigt
-Je... Pardonnez moi Madame mais je ne comprends pas, balbutia Barthélémius
-L'arc... Et les flèches.
-Oh... euh.. bien sûr. Je... Nous avons trouvé un corps.. en.. en bas. Est ce que... c'est quelqu'un que vous connaissiez?
A ces mots, l'aïeule baissa la tête, le visage marqué par la tristesse.
-Oui... Je la connais. Merci de l'avoir retrouvée. Je vais pouvoir lui donner des funérailles décentes.
Pendant ce temps, Ombeline secouait la tête, vaguement consciente de ce qui se passait autour d'elle, tentant de reprendre ses esprits, de faire partir les bourdonnements de ses oreilles, les paillettes lumineuses de ses yeux, en vain. Barthélémius se tourna vers elle et doucement, comme à une enfant, lui demanda l'arc et les flèches. Elle le regarda sans comprendre, le regard perdu. "L'arc... sur ton dos. Et les flèches. La dame en a besoin. Donne les moi s'il te plait" répéta-t-il en montrant du doigts les objets demandés. Rêveusement, elle les lui tendit et il put les rendre à la femme.
-Souhaitez vous de l'aide, pour transporter le corps?
-Ce serait apprécié oui.
-Et pour notre sœur, pouvez vous faire quelque chose? Lui rendre son état normal?
-Nous verrons cela. Après les funérailles.
Impuissants, les deux jumeaux ne purent qu'acquiescer de la tête. Les trois jeunes gens suivirent la vieille dans la grotte. Ils portèrent ensuite le corps jusqu'au pont, au milieu d'une pluie et d'un vent déchainés qui leur fouettaient le visage.
La femme se mit à psalmodier dans une langue qu'ils ne comprenaient pas. Les bras tendus vers les cieux enragés. Elle enveloppa le corps dans la cape de peau puis fit signe aux deux frères de le faire tomber dans la rivière. Tandis que le cadavre passait par dessus le garde-corps, la vieille femme se mit à hurler, le visage offert à la pluie cinglante. Ils comprirent qu'elle exprimait là la douleur qu'elle ressentait. Le temps sembla lui répondre, le vent se fit plus violent encore, la pluie redoubla d'ardeur. Elle se tourna, observa la silhouette balottée par l'eau qui disparaissait et baissa la tête. Les frères entendirent ses sanglots et restèrent là, sans oser intervenir tandis qu'Ombeline se tenait, tremblante, à coté d'eux. Enfin, le vent et la pluie parurent se calmer légèrement, redevenant un simple temps de gros orage. La vieille les regarda.
-Merci, dit elle simplement, tournant les talons et commençant à s'éloigner.
-Attendez! Et pour notre soeur?!?, s'affola Barthélémius.
L'ancienne se retourna et lui lança un objet qu'il attrapa maladroitement au vol.
-Qu'elle porte ça, cela devrait suffire, répondit elle d'un ton dédaigneux avant de disparaitre derrière un rideau de pluie.
Abasourdi, Barthélémius ouvrit les doigts et découvrit une breloque passée dans un lien de cuir. Sans attendre, il installa ce collier de fortune autour du cou de sa sœur. Ombeline secoua une nouvelle fois la tête, puis regarda son frère, son regard redevenu vif.
-Que... Qu'est ce qui s'est passé? Je.. On était dans la grotte, j'ai mis la main dans la bassine et... la suite est très floue
-L'eau était magique, ou contenait une drogue. Mais c'est fini maintenant soeurette. C'est fini., répondit-il en lui tapotant gauchement l'épaule.
-Mais.. Comment on est arrivé ici? Que s'est-il passé? Et la vieille femme?
-Elle est repartie. On va tout te raconter.
-Mais au chaud, maugréa Réginald, morose et tremblant de froid
-Bonne idée, acquiesça Barthélémius. Rentrons au chaud et à l'abri dans le moulin.
Une fois au sec, Barthélémius expliqua ce qu'il s'était passé à sa sœur tandis que Réginald, l'air sombre et fatigué, entamait une bouteille d'eau de vie qu'il avait trouvé dans la grotte. Le temps que son frère est fini son récit, il s'était affalé sur la table, ronflant comme un sonneur. Barthélémius le regarda en soupirant...
-Bon... je pense qu'il va falloir le porter jusqu'à notre bivouac...
-Ou alors on demande à Khordel ou Lucian de venir le porter? Parce qu'à nous deux, ça va être compliqué. Il a l'air de peser le poids d'un âne mort..., répondit songeusement Ombeline.
-J'aimerai retourner dans la grotte, ajouta-t-elle, Voir si ça me remet un peu la mémoire à l'endroit. C'est très déstabilisant ce flou dans ma tête... Comment avez vous contré l'effet de l'eau au fait?
-La vieille nous a donné un pendentif à te faire porter, tu l'as autour du cou.
Ombeline tira alors sur le cordon de cuir qu'elle n'avait même pas remarqué. Voyant le petit pendentif, un morceau de bois grossièrement sculpté qui ne ressemblait à rien, elle grimaça.
-Tu crois qu'il va falloir que je le porte... longtemps?
-Oh..euh... Aucune idée.. On n'a pas demandé, répondit son frère penaud
-Bon... je vais essayer de le retirer et si je redeviens... dans le vague... tu me le remets...
Et, joignant le geste à la parole, elle ôta le pendentif. Après quelques secondes, elle regarda son frère, soulagée.
-Ça va Ombeline?
-Pour l'instant, je me sens tout à fait normale, répondit elle, On va voir la grotte?

Laissant Réginald cuver son eau-de-vie, ils partirent explorer la grotte mais ne trouvèrent rien de bien intéressant. Ombeline décida d'emporter une bouteille d'eau de vie, se disant qu'au pire elle pourrait la revendre quelque part et qu'en cas de blessure, ça pourrait aider à désinfecter une plaie.
Retournant au moulin, ils y retrouvèrent un Réginald à moitié endormi, qui délirait légèrement sur les sorcière, la mort et les moulins. Ombeline alla chercher l'aide de Lucian qui, une fois digérée la nouvelle que leur dernier frère avait été retrouvé par pur hasard (ou était-ce le destin?), l'accompagna au moulin. Il chargea Réginald sur son dos et la petite équipe retourna retrouver le reste de la fratrie sous une pluie qui se calmait progressivement jusqu'à ne plus être qu'une légère bruine. 

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