Le lendemain matin, le groupe se remit péniblement en route. Lucian guidait toujours le reste de la fratrie, toujours en direction du nord-est. Le deuxième jour, en cours de matinée, un petit village se dessina à l'horizon.
-Ce doit être Meisde, commença Lucian,
-Espérons que l'on y arrive vite, Datès n'est vraiment pas bien, répondit Ombeline en regardant son demi-frère d'un air soucieux.
En effet, celui-ci avait le teint blafard et tremblait au point d'en claquer des dents. D'un léger rhume, son état s'était rapidement aggravé après la traversée de la Dinmë et il avançait désormais comme une ombre, un pantin, trébuchant régulièrement, toussant et reniflant, le regard voilé par la fièvre.
-Espérons qu'on lui trouve un remède, son état n'a pas l'air de vouloir s'améliorer..., intervint sombrement Barthélémius.
-On a pas idée aussi, de se baigner habillé dans une eau glacée, maugréa Ombeline.
Ils arrivèrent au village vers la mi-journée. Ombeline demanda à un gamin qui trainait dans la rue principale de lui confirmer qu'il s'agissait bien là de Meisde. Lucian ronchonna un peu sur le manque de confiance apparent de sa sœur quant à ses capacités à les mener à bon port. Il demanda ensuite au garçon le chemin de la forge du village afin de pouvoir revendre les armes qu'il avait récupéré au cours de leur voyage. Il s'y fit un joli pécule et le forgeron se fit un plaisir de leur indiquer la maison du bourgmestre, afin qu'ils puissent négocier avec ce dernier pour passer la nuit à l'abri et lui demander un remède pour Datès.
Ils ne mirent pas longtemps à trouver la maison, toquèrent et se retrouvèrent face au bourgmestre, un homme bedonnant, le cheveu rare et l'air jovial.
-Bonjour! Qu'est ce qui vous amène?
-Nous souhaiterions passer la nuit au sec et au chaud, qu'est ce que vous avez à nous proposer?
-Eh ben... y a bien la grange du village. C'est pas grand chose mais la paille est sèche et propre et c'est à l'abri du vent et de la pluie.
-Combien pour ça? demanda sobrement Lucian
-5 pièces d'or par personne,
-Ca me va., marmonna Ombeline, Pas envie de passer la nuit sous un buisson et la pluie...
Le reste de la fratrie montra son accord, les pièces changèrent de main et le gros homme commença à les amena à l'abri. Alors qu'il allait se remettre en route pour rentrer chez lui, Datès lui attrapa le bras.
-Un... médecin, vous... avez.. ici?
-Hola, vous n'avez pas l'air bien mon jeune ami, répondit l'homme en dégageant son bras., On a pas de médecin mais je connais un peu les herbes. Ma mère était rebouteuse savez vous? Elle m'a un peu appris. J'étais curieux gamin et...
Il continua à pérorer ainsi tout en examinant rapidement Datès.
-Mhmmmm, Je crois bien que vous avez la fièvre grise.
-Et c'est quoi ça? demanda Barthélémius, inquiet,
-Pas de panique, ce n'est pas contagieux. Bon par contre, sans médicament... il va lui falloir un sacré moment pour se remettre....
-Et où peut on en trouver? interrogea Ombeline
-Et bien vous avez de la veine, j'en ai justement chez moi! Je peux vous le vendre. 75 pièces d'or, un prix d'ami!
-Quoi?!? s'étrangla Datès
-C'est qu'il faut récolter les plantes, les faire macérer puis cuire. C'est un peu long à préparer! Ce n'est pas si cher pour un remède. Surtout quand on sait que sans, votre ami là, va voir son état empirer de jours en jours...
-Je... vais... attendre..., articula Datès d'une voix rauque, J'ai une... santé de fer... Vais me remettre...
-Oh bah oui, ça se voit tout de suite..., murmura Ombeline cyniquement.
-Comme vous voulez l'ami, mais si vous voulez repartir demain, il vous faudra mon remède, je vous le garantis...
-Sur ce, je vous laisse Messieurs. Je vous souhaite une bonne fin de journée!, termina-t-il en repartant de nouveau.
La fratrie s'installa le plus confortablement possible sur la paille sèche et odorante. Datès s'effondra dans la masse jaune et craquante, le souffle court.
-Si tu veux, je peux te passer un peu d'alcool. Je suis pas médecin mais si ça désinfecte les plaie, ça peut peut être aider?, soupira Ombeline en sortant sa bouteille d'alcool de son sac et en la tendant à son demi frère.
Celui-ci sembla se réveiller un peu à la mention de l'alcool, attrapa maladroitement la bouteille et but une longue goulée qui l'étrangla presque. La jeune fille reprit son bien avant que Datès ne la renverse sur la paille.
-Ca suffit, tu es assez mal comme ça sans en plus te saouler.
Son demi-frère ricana puis sombra dans un demi-sommeil agité. Tout le monde profita de l'après midi pour se reposer. Comme l'avait prédit le bourgmestre, l'état de Datès empirait. Quand on le réveilla en fin de journée, il était cependant lucide.
-Tu ne vas pas pouvoir continuer comme ça... Il te faut ce remède, grommela Lucian.
-Nan... Vais me remettre...
-Ta fièvre a augmenté, plus tu attends et pire ça sera..., rétorque Barthélémius
-Au pire, on te les avance les 75 pièces... Tu nous rembourseras plus tard..., propose Ombeline en regardant ses frères
-Nan mais... Je les ai les 75 pièces...
-TU LES AS?! TU ARRÊTES TES CONNERIES MAINTENANT BATARDS! TU PAIES LE REMÈDE ET C'EST TOUT!, tonna Khordel
-Soyons clair Datès, si tu ne guéris pas rapidement, tu seras un poids mort et on devra te laisser derrière..., argumenta froidement Lucian.
Balgor regardait la scène sans rien dire, assis sur une botte de paille tout en vérifiant l'état de ses armes. Réginald, lui, regardait la scène les yeux ronds.
-Bon... Z'avez peut être raison... Mais si c'est .... pas efficace son truc.... il va le regretter...
Se levant prestement, Balgor alla nonchalemment demander à un enfant qui jouait sur la place devant la grange d'aller dire au bourgmestre que les voyageurs avaient finalement changé d'avis et lui achetaient son remède. Impressionné par cet inconnu, le gamin pris ses jambes à son cou et déguerpit en direction de la maison du chef du village.
Le bourgmestre revint dix minutes plus tard avec une petite fiole.
-Voilà, ça devrait vous requinquer. Normalement dès demain vous devriez vous sentir mieux, annonça-t-il avec un grand sourire tandis que Datès lui payait le médicament.
-A 75 pièces d'or la fiole encore heureux, murmura Ombeline
Sans attendre, Datès vida la fiole d'un trait.
-Maintenant, allez dormir et vous verrez, demain, vous serez remis sur pieds!
Sans répondre, le malade alla se laisser tomber dans la paille où il se roula en boule et commença à ronfler doucement.
Le gros homme repartit après un dernier salut, tandis que la nuit s'installait lentement. Après un repas frugal, chacun se prépara un coin pour dormir le plus confortablement possible et le groupe sombra dans le sommeil.
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