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28 oct. 2020

Les Enfants Whorgram 3.2 : Traversée mouvementée

TW : violence, sang, meurtre

 

Khordel, Lucian et Barthélémius rejoignirent le pêcheur autour de la barque tandis que Balgor montait la garde à l'entrée du petit boyau qui menait à la plage, le regard inquiet. Datès et Ombeline firent le tour de la caverne. Il y avait des signes d'occupation mais rien de très intéressant. Ils ne trouvèrent que des rebuts : vieux tissus, planches brisées,... Ils finirent donc par rejoindre le petit groupe.
-C'est incroyable, qu'ils aient laissé la barque comme ça, sans surveillance! s'étonna Khordel
-Ils ont du penser que les pêcheurs n'oseraient jamais venir la chercher., répondit Lucian en inspectant l'intérieur de la barque.
-Alors en ce qui me concerne, je préfèrerais qu'on parte avec AVANT qu'ils reviennent, je dis ça, je dis rien hein, intervint Ombeline
-Tu as raison Petite Sœur, ne nous attardons pas., répondit Lucian

La barque était intacte, ses rames bien rangées sous les bancs de nage, les filets à leur place dans le petit coffre à la poupe de l'embarcation. Le pêcheur caressait son bois, les yeux brillants de joie et de soulagement.

-Comment on la sort de là? demanda Balgor qui s'était rapproché,
-On la porte? suggéra Khordel
-On peut essayer, sinon on la trainera au sol, c'est du sable, ça ne devrait pas trop l'amocher, proposa Lucian.

Sans plus attendre, le groupe se mit au travail et, mi-portant, mi-poussant, réussit à amener la barque à l'entrée de la grotte, Ombeline et Datès ouvrant la marche.
Mais quand ils parvinrent à la sortie, une mauvaise, très mauvaise surprise les attendait. Postés en demi cercle autour de la sortie, leurs lances, posées sur le haut de leurs bouclier en forme de lune presque pleine, pointées vers eux, une douzaine de soldats aeseriens leur faisaient face. Dans un cri étranglé, Ombeline lâcha la barque pour dégainer son glaive. A ses cotés, Datès l'avait imitée, serrant fermement les poignées de ses armes dans ses mains.
-Qu'est ce qui se passe devant? demanda Lucian, alarmé,
-On a de la compagnie..., alerta Ombeline d'un ton étranglé par la peur.
Aussitôt le reste du groupe abandonna l'embarcation sur le sable pour dégainer et faire face. Les aeseriens, dans un bel ensemble, firent un pas en avant, resserrant un peu l'arc de cercle qu'ils formaient. Lucian et Khordel se positionnèrent entre Datès et Ombeline, Balgor et Barthélémius restant un pas en arrière. Le pêcheur, derrière Datès, essayait de se fondre dans la roche, complètement paniqué. Il fit mine de se faufiler sur le coté mais Datès le vit et le prenant brusquement au collet, il le plaqua devant lui en lui collant sa machette sur la gorge. Le pauvre homme émit un couinement terrifié tandis que la lame lui entaillait légèrement la peau.
-Datès mais qu'est ce qui te prend! hurla Ombeline
-C'est ce connard qui nous a mis dans cette merde! Pas question qu'il s'en tire comme ça.
-C'était un marché, il n'y est pour rien! Lâche le!
-Je le préfère entre moi et ces lances. grommela Datès d'un air mauvais, légèrement tremblant
-C'est pas ça qui va nous tirer d'affaire, lâche le je te dis! contra sa demi-sœur

Sans répondre, Datès relâcha son étreinte sur le pêcheur, puis finit par le lâcher totalement. Celui-ci, complètement paniqué par la situation, eu la mauvaise idée de tenter de s'enfuir en courant, profitant d'un petit espace entre la falaise et les soldats. Mal lui en pris. Sans quitter la fratrie des yeux, le soldat près duquel il passa leva son glaive à son approche et d'un geste brutal, l'égorgea. Il s'effondra au sol après un ou deux pas, dans un borborygme atroce, tandis que le soldat reprenait sa position sans ciller. Ombeline laissa s'échapper un hoquet devant le choc de la scène. Ni elle ni Datès n'avait eu le temps de réagir, la scène n'avait duré que quelques secondes.

Derrière les soldats, ils aperçurent deux autres personnes, un officier et un homme habillé en civil. L'officier aboya un ordre et l'arc de cercle se resserra encore. Khordel gronda, menaçant, et Lucian dut lui mettre une main sur le bras pour l'empêcher de se jeter sur les assaillants. Au même moment, Barthélémius prononça quelques phrases dans une langue que le reste du groupe ne comprenait pas mais qu'ils supposèrent être de l'aeserien.
Les deux groupes armés se regardaient en chiens de faïence tandis que Barthélémius continuait à discuter avec l'officier aeserien.
-Qu'est ce qu'il dit?!? demanda nerveusement Khordel, sa lame toujours pointée devant lui.
-Il dit qu'il faut qu'on lâche nos armes, répondit son frère
-Ben voyons... Et si eux lâchaient les leurs plutôt hein?
-On n'est pas vraiment en position de force pour ce genre d'exigence, chuchota Ombeline
Devant eux, l'officiel aboya un ordre et l'arc de cercle se resserra encore d'un pas. Les points des lances devenaient dangereusement proches et leurs ennemis avaient l'avantage de l'allonge.
Avisant les deux aeseriens en retrait, et remarquant que l'homme en civil semblait différent des autres, Ombeline eu une idée soudaine, un peu désespérée et lança à son frère :
-Dis leur qu'on recherche Mungrid Whorgram, demande-leur s'ils le connaissent!
-Hein? Mais pourquoi faire? rétorqua Barthélémius
-Écoute, il y a des rumeurs qu'il aurait trahi pour rejoindre l'Aeserie non? Alors on sait jamais, demande!
Barthélémius s'exécuta. L'officiel aeserien eut un air surpris et répondit rapidement.
-Ils ne le connaissent pas.
-Autant pour cette idée... marmonna sa sœur
-Il redemande qu'on lâche nos armes, sans ça, il n'aura d'autre choix que de nous faire tuer.
-Et si on obéit? demanda fébrilement Lucian
-Il a un marché à nous proposer.
-On ne passera pas de marché avec des aeseriens! tonna Khordel
-Mieux vaut ça que la mort mon frère, rétorqua Lucian,
-Je suis on ne peut plus d'accord, renchérit Barthélémius tandis qu'à ses cotés, Balgor opinait silencieusement.

Sans un mot, Ombeline ouvrit les mains, laissant son glaive tomber au sol avec un bruit mat. Ses frères l'imitèrent, Khordel hésitant un peu avant de se rendre à l'évidence : ils n'avaient pas le choix. Face à eux, les soldats baissèrent leurs lances, sans pour autant les quitter des yeux. Épuisée par la peur, Ombeline se laissa glisser au sol, dos contre la roche, tandis que Barthélémius avait repris sa discussion avec le gradé aeserien.
Pendant ce temps, trois soldats avaient récupéré les armes de la fratrie, ainsi que le curieux poteau de bois tendu de tissu qui était resté au sol qu'ils manipulaient avec un respect évident.
Au bout de plusieurs minutes, Barthélémius revint vers le groupe.
-Alors, qu'est ce qu'ils veulent? demanda Lucian
-De l'aide. C'est un petit groupe, ils se sont retrouvés seuls, en territoire ennemi. Ils ont des blessés. Ils veulent juste réussir à rentrer chez eux. Pour ça il faut qu'ils passent la rivière, comme nous. Ils proposent donc qu'on les aide et qu'on traverse avec eux. Une fois sur l'autre rive, chacun repart de son coté.
-Et nos armes? s'inquiéta Khordel
-Ils nous les rendront après la traversée.
-Je ne pense pas que nous ayons tellement le choix mon frère, avoua Lucian en se grattant le crâne, ça ne m'enchante pas plus que toi de passer un marché avec des ennemis mais... je ne vois pas d'autre solution.
-Nous ne sommes pas obligés de le clamer à tort et à travers, personne d'autre que nous ne le saura, ajouta finement Barthélémius
-Je n'aime pas ça. Je n'aime pas ça du tout, marmonna Khordel, mais en effet, je ne vois pas quoi faire d'autre...
-Donc c'est d'accord? Je peux leur dire que nous acceptons?
Sans attendre la réponse de ses frères, Barthélémius repartit vers l'officier pour lui porter la réponse du groupe.
La moitié des soldats se dirigèrent alors avec le gradé le long de la rivière, hors de vue d'Ombeline et de ses frères, tandis que le reste les gardait à l’œil. La troupe revint rapidement, portant une demi-douzaine de blessés dans un état plus ou moins grave.
La barque fut rapidement amenée au bord de l'eau et il fallut décider de l'organisation des traversées. Il allait falloir probablement six allers-retours pour faire passer tout le monde, blessés compris.
L'officier aeserien signifia à Barthélémius qu'un membre de la fratrie devait venir aider à ramer pour chaque traversée. Ombeline se porta volontaire pour la première.
Ce fut l'enfer. Le courant était violent, les hommes peu voire pas du tout expérimentés pour diriger l'embarcation. Elle rama de toute ses forces, luttant contre les flots impétueux. Les aeseriens avaient embarqués une longue corde épaisse dont une extrémité était tenue par des soldats restés sur le premier bord.
Malgré leurs efforts, la barge fut déportée vers l'aval par le fleuve. Ils arrivèrent cependant sur l'autre berge. Là, un des trois soldats valides sauta à terre et courut fixer solidement la corde à un arbre au bord de la rivière. De l'autre coté de l'eau, l'autre extrémité avait également été attachée fermement, permettant ainsi de transformer le bateau en bac. Les traversées suivantes en seraient facilitées et Ombeline eut un sourire amer en songeant qu'elle aurait mieux fait de laisser un de ses frères prendre sa place pour le premier passage.
Exténuée, la jeune fille s'adossa péniblement à un tronc d'arbre et lutta pour garder les yeux ouverts. Elle n'était pas très rassurée à l'idée de rester seule avec quatre soldats ennemis, même si la moitié d'entre eux étaient amochés. Elle observa le dernier soldat se remettre dans la barque et, tirant sur la corde, rejoindre l'autre rive.
Le reste des passages se déroula sans encombre, même si chaque équipe finit la traversée moulue par l'effort exigé pour contrer le courant.
Quand elle vit que Khordel et Lucian étaient passés à leur tour et comme elle, s'asseyaient à même le sol pour récupérer, elle se rapprocha d'eux. Se sentant enfin en relative sécurité à proximité de ses frères, elle s'enveloppa dans sa cape. Elle sombra dans le sommeil, entendant juste vaguement Khordel murmurer "Quels sauvages ces aeseriens..." tandis qu'il lui semblait que Datès évoquait l'idée d'aller récupérer le cheval rester de l'autre coté.

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