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23 oct. 2020

Les enfants Whorgram 3.1 : La barque

 Le petit groupe se mit en route vers le hameau des pêcheurs. Seuls deux ou trois hommes étaient présents, rafistolant un filet, mettant leur pêche dans des tonneaux, ne jetant qu'un rapide coup d’œil aux intrus qui arrivaient.
-Bon... et bien, il n'y a plus qu'à trouver un pêcheur prêt à nous faire faire la traversée..., annonça Barthélémius en se dirigeant vers l'homme le plus proche.
-Hola mon bon! Comme vous le voyez, nous sommes un petit groupe en voyage, et nous aurions besoin de traverser la rivière. Auriez-vous une barque à nous louer?
L'homme le regarda, cracha au sol et répondit
-Ca s'pourrait... Mais j'la loue pas ma barque. A la limite, j'vous fais traverser moi même mais j'vous laisse pas la manœuvrer. Qui m'dit que j'pourrais la récupérer hein!
Entendant ça, Khordel commença à gonfler les muscles, la colère se lisant sur son visage. Rapidement, Ombeline et Lucian se placèrent à coté de lui pour le retenir et le calmer. Pendant ce temps, Barthélémius continuait son échange.
-Ah... Et bien ma foi, en effet, ce serait encore plus pratique pour nous. Et combien nous couterait ce... service?
-30 pièces d'or...
-30 PIECES D'OR!?! s'étrangla Barthélémius
-Par tête de pipe. continua le pêcheur, le regard dur.
-Mais enfin c'est complètement excessif!
-Ma barque, c'est mon outil de travail. Et ça coute cher une bonne barque. Qui me dit que vous allez pas la faire chavirer? Et puis si je vous transporte, ça me fait manquer au minimum une pêche. C't'un manque à gagner. Alors c'est 30 pièces par personne, à prendre ou à laisser. Mais vous trouv'rez pas de gué dans le coin. Alors, à vous d'voir. Vous pouvez le tenter à la nage sinon, ajouta-t-il dans un petit rire, mais z'avez intérêt à savoir sacrément bien nager!
-Et bien... euh... nous allons réfléchir à votre offre.
-Comme vous voulez. D'façons, j'bouge pas d'ici.

Barthélémius revint vers le reste de la fratrie. Datès, quant à lui, se tenait quelque peu à l'écart en se tortillant bizarrement.
-Bon.... On fait quoi? demanda Lucian
-Très clairement, on ne peut pas se permettre une dépense pareille... soupira Barthélémius
-Il faut pourtant bien qu'on traverse, répondit pensivement Ombeline
-Je vais aller le secouer un peu le péquenaud, z'allez voir ça va le convaincre! gronda Khordel
-NON! répondirent les autres dans un bel ensemble
-Mais pourquoi pas?
-Tu ne peux pas TOUT résoudre par la violence! répondit Ombeline en se pinçant l'arête du nez
-Bah... si?
-Non...
-Bah alors on fait quoi?
-Je ne sais pas mon frère, je ne sais pas.

Sur ces entrefaites, Datès revint. Il s'était manifestement aventuré à l'arrière d'une des cabanes et répandait une forte odeur de poisson avarié.
-Datès? Mais qu'est ce que..., commença Ombeline en fronçant le nez
-Pouah, mais t'as fait quoi? la coupa Balgor
-Bah, il sent le bâtard quoi... ricana méchamment Khordel
-Roh ça va, lâchez moi, je me suis renversé une panière dessus c'est tout. Je vais aller me tremper dans la rivière, ça fera partir le plus gros et l'odeur.
-Dans la rivière?!? s'exclama Ombeline, Tu as perdu la tête! Tu as vu cette rivière? Ça tient plus d'un gigantesque torrent en crue! Sans compter qu'elle doit être glaciale...
-Bah, c'est pas un peu d'eau fraîche qui auront ma peau hein, je vais pas m'éloigner de la berge, c'est tout. Ah, au fait, j'ai aperçu un mec bizarre derrière la cabane là, il fait rien, il a juste l'air de se morfondre. Mais il a l'air d'avoir du temps libre. Il pourra peut être nous renseigner pour savoir si y a un gué ou un pont pas loin. 

Et sur ces bonnes paroles, il s'éloigna en sifflotant, à la recherche d'un coin propice à une petite baignade.
Les autres le regardèrent partir, quelque peu déstabilisés par son attitude. Mais, secouant la tête pour se reprendre, Ombeline décida d'aller voir ce curieux pêcheur aperçu par son demi-frère.
Il était, de fait, assis sur une vieille souche, la tête dans les mains et l'air assez désespéré.
-Bonsoir l'ami! entonna-t-elle d'un ton léger
-B'soir, répondit il d'un ton morne sans même relever la tête,
-Et bien, ça n'a pas l'air d'aller. Des ennuis?
-Plutôt oui...
-Racontez moi, peut être pourra-t-on vous aider?
-Oh ça... j'crois pas gamin...
-Ou alors, peut-être que VOUS, vous pouvez nous aider? On voudrait traverser mais.. on ne trouve pas de gué. Il y a un pont pas loin?
-Un pont? Le pont le plus proche est à plusieurs jours de marche, au nord et vous trouverez pas de gué dans le coin non plus... Les z'aut' y pourront peut être vous aider mais moi....
-On leur a déjà demandé. Pourquoi vous ne pouvez pas nous aider? Vous n'êtes pas pêcheur?
-Ben si mais.... On... on m'a... on m'a volé ma barque..., avoua-t-il dans un sanglot, Comment j'vais faire moi, sans barque...
-On vous a volé votre barque? Il y a longtemps?
-Nan... Hier...
-Qui vous l'a volé?
-Ben, des bandits, c'te question... Y z'étaient nombreux et forts et moi j'étais tout seul!
-Combien étaient ils?
-Ben... euh.. nombreux quoi!
-Oui d'accord mais nombreux combien? 5? 10? plus?
L'homme la regarda avec un regard mouillé.
-Je... je sais pas... c'est quoi cinq?
Ombeline eut un soupir fatigué et reprit
-Bon... il y en avait plus que les doigts d'une main? De deux mains?
-Ben euh... euh... je sais plus trop moi... j'crois qu'y en avait autant que les doigts d'une main. Oui c'est ça.
-Et c'était des simples bandits?
-Ben.. euh... Ben en tout cas c'était des voleurs.
-Bien... J'ai une idée. Mes frères et moi, on récupère votre barque. En échange, vous nous faites traverser.
-Vous.. vous iriez récupérer ma barque? Mais... vous allez vous faire massacrer!
-Regardez bien mes frères. Vous voyez les deux grands costauds là? Ce sont des guerriers. Ils ont l'habitude de casser des têtes. On la récupèrera, cette barque. 

L'homme la regardait ébahi, sans parvenir à la croire. Du coin de l’œil, Ombeline vit que Khordel montrait des signes d'impatience. La petite pluie fine qui leur tombait dessus depuis un moment maintenant ne devait pas aider.
-Bon, par contre, va falloir nous dire où ils sont ces bandits... vous avez vu vers où ils se sont dirigés?
-Ben... euh... par là je crois.
-Vous allez devoir nous guider.
-Quoi?!? Ah non mais ah non moi je viens pas hein!
-Vous voulez la récupérer cette barque oui ou non?!?
-Nan mais moi je sais pas me battre moi, chuis qu'un pêcheur! J'vous dis c'est par là-bas!, protesta-t-il en désignant une direction assez vague, vers un bois qui longeait la berge.
Ombeline jeta un regard vers ses frères. Khordel, impatient, décida de s'avancer. Elle le vit arriver et craignit qu'il ne finisse d'affoler le pauvre homme. Ce dernier se recroquevilla d'ailleurs légèrement en le voyant arriver. Khordel se plaça derrière sa sœur, l'air menaçant.
-Alors... il nous aide?
-On doit d'abord retrouver sa barque. Elle a été volée par des bandits. Mais il va nous guider.
-Hein que vous allez nous guider, lança elle avec un petit sourire en coin en se retournant vers le pêcheur, vous n'avez pas envie de décevoir mon grand frère, j'en suis sûr.
-Non, couina l'homme d'une toute petite voix.
Khordel croisa les bras sur sa poitrine.
-Et bien voilà, c'était pas compliqué!
L'homme fixa soudain l'armure du mercenaire, les yeux écarquillés.
-Vous... vous... vous... vous êtes avec eux!
Ombeline se retourna d'un bloc vers lui et compris la situation en un éclair
-Non! Ce n'est pas son armure, il l'a prise à un homme. Les hommes qui vous ont volés, ils avaient ce genre d'armure?
-Ou.. oui, chevrota le pêcheur, exactement les mêmes. Vous... vous n'êtes pas avec eux?
-On ne vous proposerait pas de leur reprendre votre barque si c'était le cas...
Le pauvre hère jetait désormais des petits regards paniqués à Khordel, l'air totalement affolé.
-Écoutez, reprit la jeune fille, calmez vous, respirez un bon coup. Vous nous guidez jusqu'au repaire des voleurs et ensuite nous, on prend le relais. Restez là juste quelques instants, je dois discuter avec les autres.
-D'a...d'accord, bégaya-t-il, perdu. 

Ombeline se releva lentement et retourna vers le reste de la fratrie avec Khordel. Datès refit son apparition, les vêtements trempés. Il frissonnait clairement. Elle le regarda revenir en soupirant. Il aurait de la chance s'il ne choppait pas une bonne crève...
-Bon... J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c'est que j'ai réussi à convaincre ce pêcheur de nous faire traverser sans dépenser une pièce.
-Et la mauvaise?
-C'est que pour qu'il puisse nous faire traverser, il faut qu'on récupère sa barque. Elle a été volé par un groupe de soldats aeseriens.
-Des aeseriens? Ici? s'étonna Barthélémius
-Surement les copains du type que Khordel a délesté de son armure et de son cheval..., rétorqua sa sœur
-Combien sont ils? demanda Lucian
-Aucune idée, ce type est incapable de compter ne serait ce que les doigts de sa main. Minimum cinq à priori. Peut être plus.
-Cinq, on devrait pouvoir le faire. Plus...ça va être compliqué, lança Lucian, songeur,
-On peut toujours aller voir discrètement et aviser, contra Barthélémius d'un ton raisonnable, s'il s'avère que les aeseriens sont trop nombreux, il sera toujours temps de rebrousser chemin discrètement.
-A condition de ne pas se faire repérer. Ça reste dangereux. fit remarquer Balgor
-Je suis d'avis d'aller voir. On n'a pas vraiment d'autre solution... à moins de payer une fortune que nous n'avons pas.
-Bon, on avance? demanda Datès qui s'impatientait
-Toi le bâtard, tu la boucles, grogna Khordel
Ombeline leva les yeux au ciel, exaspérée.
-Il n'a pas tort. On doit se décider. Qui est en faveur d'aller voir? En plus la nuit tombe, on se fera moins facilement repérer.
-Par contre Khordel, il faudra que tu fasses attention à ne pas faire trop de bruit avec ton armure., remarqua Balgor,
-Bien... c'est décidé, on va voir. décida Lucian.

Khordel sur ses talons, le pêcheur se mit en route pour guider le groupe. Ils avancèrent, aussi discrètement que possible dans la pénombre qui s'installait jusqu'à arriver à une petite plage bordée d'arbres en contrebas. Allongés à plat ventre dans l'herbe humide, Ombeline et ses frères observaient la zone, cachés par des buissons.
-Ça m'a l'air désert, chuchota Balgor,
-Oui, mais avec des aeseriens dans les parages, je suis pour la prudence, répondit Lucian
-En avançant sous le couvert des arbres, on devrait pouvoir se faufiler non? observa Ombeline
-Juste. Qui va en reconnaissance?
-Je vais y aller. Je suis la moins repérable je pense, répondit la jeune fille avec un sourire
-Je t'accompagne, murmura Datès, je sais me faire discret.
Elle lui jeta un coup d’œil.
-Très bien. Allons-y.

Ils se glissèrent discrètement sur la plage,restant sous le couvert des arbres qui la longeaient autant que possible. Le chant de la rivière couvrait les bruits qu'ils pouvaient faire. Ombeline ne put s'empêcher de remarquer intérieurement que cela les empêcherait aussi d'entendre des ennemis arriver et redoubla d'attention. Ils atteignirent le bout de la plage qui s'achevait sur une petite falaise dans laquelle ils distinguaient vaguement une grotte. A l'intérieur de celle-ci, ils apercevaient la lumière dansante d'un petit feu de camp mais toujours aucun bruit à part celui de l'eau. Ombeline et Datès se regardèrent. Datès eu un mouvement de menton vers la grotte. Ombeline secoua la tête, lui indiquant par geste qu'elle préférait rebrousser chemin. Comme il la regardait d'un air hésitant, elle s'approcha et chuchota à son oreille : "Ne rentrons pas dans cette grotte seule. La plage est déserte, retournons chercher les autres et on explorera tous ensemble. Ca me semble plus prudent." Son demi-frère acquiesca et ils firent demi-tour.
De retour auprès du reste de la fratrie, ils expliquèrent rapidement ce qu'ils avait constaté. Vu que la plage était déserte, la décision fut prise de prendre le risque d'aller voir dans la grotte. Les voyant partir, le pêcheur apeuré préféra leur emboiter le pas plutôt que de rester seul dans les bois alors que la nuit tombait.
Alors qu'ils arrivaient en vue de la grotte, Datès fouilla les abords de celle-ci pendant que les autres discutaient à mi-voix de la marche à suivre. Il remarqua un monticule un peu étrange au pied d'un arbre. Sans mot dire, il s'avança et commença à dégager les galets le constituant. Remarquant cela, Balgor et Ombeline s'approchèrent derrière lui. Sous les mains de Datès apparut un tissu, fixé sur une grande barre de bois. En dessous, reflétant la lueur de la lune qui s'était levée, luisaient les lames de deux glaives aeseriens. Datès prit les armes silencieusement, glissant un glaive à sa ceinture au passage. Ombeline saisit le second, l'installant à coté de ses dagues. Barthélémius protesta en chuchotant :
-J'aurai aimé avoir une arme moi aussi. Tu as déjà deux dagues sœurette, tu pourrais me laisser un glaive!
-Tu n'as pas d'armes?, s'étonna-t-elle, Attends, tu sais te servir d'une épée au moins?
-Euh... pas vraiment, j'ai plutôt l'habitude des dagues en fait.
-Dans ce cas, je garde le glaive mais je te donne une dague. Ça te convient?
-Parfait, lui répondit son frère ainé, en s'emparant de la dague qu'elle lui tendait.
S'étant répartis les armes, la fratrie s'engagea prudemment dans la grotte, longeant les murs pour plus de discrétion. Ils arrivèrent dans une grande cavité, inoccupée mais dans laquelle terminait de bruler le feu de camp qu'ils avait entrevu de l'extérieur.
S'avançant sans trop y croire, ils ne purent que constater que la grotte était vide de tout occupant. Au milieu de la salle rocheuse trônait une barque.
Le pêcheur, qui les avait peureusement suivi, se précipita vers l'embarcation.
-Ma barque! C'est ma barque! C'est bien elle! Oh! Vous l'avez retrouvée! Vous l'avez vraiment retrouvée!


2 commentaires:

  1. Super, c'est très agréable à lire ! Et quel suspens !

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    1. Merci! Als ne sont pas encore au bout de leurs peines pour franchir cette satanée rivière. ^^

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