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17 oct. 2020

Les enfants Whorgram 2.2 : Valeblanc

 Le lendemain matin, la petite troupe se remit en route, toujours en direction du nord, guidée par Lucian qui avait appris à se repérer sans difficulté durant ses années de mercenariat. Le chemin était étroit et traversait des zones boisées et des collines herbeuses. Ils ne croisèrent personne et parvinrent, en fin d'après midi en vue d'un petit village en contrebas d'une butte surmontée de quelques arbres.
-C'est Valeblanc à votre avis? demanda Ombeline
-Tu pourrais me faire un peu plus confiance, répondit tranquillement Lucian,
-Donc c'est Valeblanc... On s'y arrête pour la nuit? continua-t-elle en lorgnant le soleil déjà bas sur l'horizon.
-Ca me parait plus raisonnable en effet. Il n'y a qu'à espérer qu'un endroit aussi limité puisse nous offrir un endroit où nous abriter., intervint Barthélémius.
-Au fait, mes frères, petit détail auquel je tiens, quand nous ne sommes pas seuls, je ne suis pas Ombeline, je suis Luern, un jeune garçon. C'est bien compris?
-Luern? Ou es-tu allé chercher un surnom aussi laid Petite Sœur... grimaça Lucian
-Peu importe, il n'est pas fait pour te plaire. Je tiens à ce qu'on pense que je suis un homme. C'est tout.
-Mais pourquoi ça?, demanda Khordel sans comprendre
-Je dois VRAIMENT t'expliquer les risques que court une femme seule? C'est une habitude que j'ai prise. Je vous demande juste de la respecter. C'est tout...
-Oui mais là tu n'es pas seule, tu es avec nous...
-En public, je suis Luern. Point.
-Bon, bon... Si tu y tiens à ce point... intervint Lucian d'un ton qui se voulait apaisant.



Ils observèrent le hameau, remarquant que la route bifurquait, un chemin menant au village, un autre le contournant par l'Ouest.

-Bon.. On y va? bougonna Khordel
-Tu ne peux pas y aller comme ça. S'il y a des soldats dans le village, ils te sauteront dessus avant qu'on puisse leur expliquer la situation..., soupira sa soeur
-Malheureusement mon frère, je dois lui donner raison. Ton armure est efficace mais éminemment reconnaissable..., enchaina Lucian
-Peut être qu'on trouvera quelqu'un à qui acheter une couverture, un drap, n'importe quoi, pour masquer cette armure? avança Barthélémius,
-Prenez le premier truc que vous trouverez, assez grand pour cacher le fait que je porte une armure ennemie, ça suffira bien.
-On verra bien ce que l'on trouvera..., répondit Lucian, Donc tu restes ici. Quelqu'un d'autre préfère rester ici?
Sans répondre, Datès s'assit au pied d'un arbre, étendit les jambes et appuya son dos contre le tronc en fermant à moitié les yeux.

-Est-ce vraiment raisonnable de laisser Khordel et Datès seuls? murmura Ombeline à Lucian
-Bah... au pire ils videront leur querelle et comme ça, ça sera fait. Évitez juste de vous entretuer tous les deux...

Khordel répondit d'un grognement tandis que Datès adressait un grand sourire à son demi-frère, l'air quelque peu moqueur. Balgor s'était déjà allongé à l'ombre, les yeux clos et les mains croisées derrière la tête.

Lucian, Barthélémius et Ombeline se mirent en route vers le village. Il ne leur fallut pas longtemps pour l'atteindre et ils constatèrent qu'il n'y avait là pas grand choix. Pour commencer, ils ne trouvèrent ni taverne, ni auberge où se restaurer et se reposer. Demandant leur chemin à un gamin qui passait par là, ils trouvèrent la maison d'un tisserand, seul capable de leur vendre du tissu. Ils entrèrent dans la boutique. L'endroit était sombre et bas de plafond. L'artisan les regarda entrer d'un œil éteint. Son regard s'éveilla cependant quand ils demandèrent ce qu'il était possible d'acheter comme tissu.
-Ah, j'ai du tissu, ça oui, du beau tissu! Vous êtes des voyageurs, je le vois. J'ai de MAGNIFIQUES capes pour vous!
-Montrez voir, répondit Lucian, prenant l'ascendant sur l'échange.

"J'ai ces magnifiques capes en laines, chaudes mais pas étouffantes. Mais pour vous, je conseille ces superbes capes en fourrure! Idéales pour les personnes telles que vous, qui vont par les chemins. Elles vous tiendront bien chaud la nuit! Et le jour aussi!" déclama l'homme en leur montrant différentes capes.
Ombeline observait les morceaux de tissus et de fourrure quand Lucian reprit la parole :
-Quelle différence de prix entre les capes en laine et celle en fourrure?
-Pour une cape en laine, ça fera huit pièces d'or. Une cape en fourrure vous coutera douze pièces d'or. Mais elles les valent, ça oui! De la pure fourrure de loup!
-12 pièces d'or quand même...
-Tu penses en prendre une aussi, Ombeli.... euh..., bafouilla Lucian
Sa soeur lui jeta un regard noir.

Le vendeur s'esclaffa "Ah bah ça alors jeune fille, avec cette pénombre, j't'avais pris pour un garçon dis donc!", tandis qu'elle assassinait son frère du regard.

-Bon... on lui prend quoi à Khordel? Une en fourrure ou en laine? s'impatienta Barthélémius
-Aucune idée. Ça fait quand même une différence de prix..., répondit Ombeline
-Eh bien va lui demander ce qu'il veut..., rétorqua Lucian
Ombeline soupira puis partit en courant vers la butte où attendait le reste de ses frères. Elle arriva un quart d'heure après, essoufflée et demanda à Khordel
-Il y a deux sortes de capes, tu préfères une en laine à huit pièces ou une en fourrure à douze?
-La fourrure, évidemment!
-Évidemment... maugréa la jeune femme tout bas avant de tourner les talons.
Elle se remit en route, puis s'arrêta au bout d'une centaine de mètre et revint sur ses pas
-Et pour la couleur? Blanc? Noir? Gris?
-Noire!
Elle repartit, cette fois-ci pour de bon.

Une fois revenue dans le magasin, et pendant que Lucian achetait deux capes, une pour Khordel et une pour lui même, se décida à son tour pour une cape de fourrure grise qu'elle paya en grimaçant intérieurement. Elle songea que leur grand père ne leur avait décidément pas laisser grand chose  pour s'équiper convenablement...
Elle prit la cape noire que lui tendait Lucian et repartit derechef vers le bosquet. Une fois là-bas, Khordel revêtit rapidement sa nouvelle cape qui, de fait, cachait efficacement les éléments étrangers de son armure. Puis, Datès et Balgor avec eux, ils redescendirent vers les maisons.
Sur place, Lucian et Barthélémius, tous deux également revêtus de capes neuves, leur annoncèrent qu'il y avait une grange commune dans laquelle ils pourraient peut être dormir, moyennant accord du bourgmestre. Mais cependant, cela ne serait sans doute pas gratuit. A ces mots, Ombeline prit un air songeur et, tandis que le groupe se dirigeait vers la maison du bourgmestre, elle suggéra à ses frères son idée pour dormir au sec, sans débourser un sou : proposer une prestation musicale en échange de la nuit dans la grange pour leur groupe. Certes elle n'était pas une ménestrel expérimentée, mais elle avait tout de même passé trois ans et demi avec des troubadours et se sentait prête pour cette expérience là.
Le bourgmestre les reçut de façon fort civile et acquiesça à l'idée d'Ombeline, ajoutant même un repas au logement. Deux gamins du village furent charger de prévenir les habitants qu'une barde allait donner une représentation le soir même sur la place du village sur lequel un repas commun serait également servi. Un estrade ainsi que des tables et des bancs furent rapidement installés.
Bien qu'un peu stressée, Ombeline monta calmement sur l'estrade. Ca n'était pas arrivé souvent mais Balda lui avait occasionnellement permis de chanter en public. Elle entonna "A la volette", un des chants les plus connus. A son étonnement, personne dans l'assemblée ne tenta de chanter avec elle et son timbre clair résonna sur la place. Après deux autres chansons, elle s'inclina face à son public qui applaudit. Elle comprit, en les observant, que les paysans, s'ils avaient aimé la soirée et le spectacle, n'avaient pas réussi à bien comprendre ses chansons et à en profiter pleinement. Ses frères la regardaient, légèrement admiratifs et elle arborait un petit sourire satisfait, légèrement suffisant même. Elle restait toutefois bien consciente qu'elle n'était qu'une débutante dans ce genre d'exercice et qu'il lui faudrait encore beaucoup d'entrainement avant d'être une barde digne de ce nom. Mais en attendant, elle s'entrainait et ça permettait des économies, alors...
Songeuse, elle descendit de l'estrade et s'approcha du buffet. Apercevant du coin de l'oeil un jeune villageois qui la regardait d'un air timide, elle sourit. Mais peu désireuse de ce genre d'attention, elle s'approcha de Lucian et Khordel ce qui découragea immédiatement son admirateur. Ses frères profitaient pleinement du buffet et faisaient bombance. Pour sa part, elle se servit en pain, fromage et fruits, ainsi qu'un bol de soupe et mangea avec appétit mais sans exagérer.
Quand Balgor et Barthélémius se mirent en route pour la grange, elle les suivit, tandis que Khordel, Lucian et Datès continuait de s'empiffrer.


Le lendemain matin, ils se levèrent au chant du coq. Constatant que Datès n'était pas dans la grange avec eux, Khordel commença à tempêter contre ce "maudit bâtard". Lucian aperçut alors leur demi frère qui sortait discrètement d'une maison... par la fenêtre. Tandis qu'il accueillait Datès avec un petit rire goguenard, Khordel continuait à maugréer dans son coin et Ombeline commença à se mettre en route, marmonnant des mots peu amènes envers la gent masculine. Elle dut cependant attendre ses frères à la sortie du village et soupira quand ils arrivèrent une petite dizaine de minute après elle. 

Ils se remirent en route, marchant toute la journée sur le chemin. En fin d'après midi, ils arrivèrent à la Dinmë. Leur grand père leur avait parlé d'une rivière importante certes, mais il avait aussi affirmé qu'ils trouveraient facilement un gué pour traverser. Ce qu'ils avaient devant eux tenait plus d'un large torrent furieux sans aucun passage visible pour traverser à pied. 

-Autant pour les renseignements de Grand-Père..., souffla Balgor
-Franchement, je commence à me demander comment il a pu devenir maitre espion... vu la qualité de ses informations..., répondit Ombeline d'un ton blasé,
-Longeons la rivière, on finira bien par trouver un passage... enfin, je l'espère, décida Lucian.

Ils partirent, suivant le sens du courant, laissant derrière eux la silhouette de hautes montagnes dont provenait la Dinmë.
Le soleil était bas sur l'horizon quand ils arrivèrent en vue de trois ou quatre cahutes devant lesquelles s'étendaient des filets et autres matériels de pêche.

-Ah!, s'exclama Khordel, Enfin! Trouvons un pêcheur, et il nous fera traverser!

Ils s’avancèrent donc vers le groupe de cabane.


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