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9 mai 2024

Hohrrhh (mercredi character design 50)


 (l'image était sur artstation mais le lien que j'avais est cassé et je ne retrouve plus le nom de l'artiste. :( )

Hohrrhh était fatigué. Et il commençait à en avoir franchement marre. Certes, les vivas de la foule à chacune de ses victoires dans l'arène, ce n'était pas déplaisant. Ça restait tout de même assez flatteur quoi. Mais bon… des combats, des combats, encore des combats… Le géant à la tresse rousse s'ennuyait. Rumhn, le gestionnaire de l'arène, se frottait les mains, lui. Hohrrhh était l'attraction vedette de la ville. Encore que dernièrement… ça se tassait un peu. Peut être que les gens se lassaient également de le voir vaincre à répétition. Hohrrh soupira. En plus, Rumhn n'était même pas fichu de prononcer correctement son prénom… chaque jour c'était pareil. Le géant grinçait des dents en l'entendant annoncer les combats avec un faux accent des montagnes noires. Le public n'y connaissait rien alors ça faisait illusion. Mais lui, Hohrrhh, véritable géant des montagnes, n'en pouvait plus de cet accent tonique placé au mauvais endroit, du h aspiré oublié et des r maladroitement roulés.

Depuis peu, il échangeait des nouvelles par lettres interposées avec une adorable grand-mère, Jacqueline. Il avait fait sa connaissance à la mercerie. Habituellement le géant se faisait livrer ses pelotes de laine chatoyantes anonymement (à la demande du Rumhn). Soit-disant qu'un combattant qui tricote ça ne fait pas sérieux… Mais franchement, c'était un loisir comme un autre et il ne pouvait pas passer tout son temps à fracasser des crânes et à briser des mâchoires enfin ! Déjà parce qu'il serait très vite arrivé à court d'adversaires… Et puis quoi, pourquoi il n'aurait pas eu le droit à une certaine sensibilité lui ? Parce qu'il était gladiateur ? Parce que c'était un géant ? Tout ça ce n'était que des préjugés stupides. Bref, il était tombé en rade de laine et avait dû en catastrophe aller au magasin. Et là il avait fait la connaissance de Jacqueline avec qui il s'était vite bien entendu.
Elle l'acceptait comme il était, sans jugement. Il aurait aimé parié sur le nombre de personnes dans le public qui le pensaient analphabète… Il se serait fait un joli pactole.

Hohrrhh rêvassa quelques minutes au petit cottage qu'il pourrait s'acheter s'il en avait les moyens. Un jour peut-être… Il imaginait une charmante bicoque toute en hauteur (Il fallait qu'il y soit à l'aise, du haut de ses 3 mètres 36), avec plein de fenêtres aux volets bleus et rouges, des jardinières pleines de plantes en fleurs, un petit sentier de gravier qui mènerait du chemin à l'entrée. À l'arrière, un grand potager et des prairies pour garder du bétail. C'est qu'on a besoin de bien manger quand on est un géant !
Il aurait bien aimé avoir un chat également. En plus, il s'agissait d'un animal utile pour éviter les souris. Hohrrh détestait les souris et autres petits rongeurs. Il aurait pu inviter Jacqueline à venir boire un thé dans d'adorables tasses de porcelaines décorées d'oiseaux ou de fleurs multicolores. Jacqueline le comprenait, elle ! Elle n'avait pas trouvé ça bizarre du tout qu'il tricote. Elle lui avait même déjà envoyé différents modèles de bonnets, mitaines et autres écharpes. Elle l'avait invité à venir chez elle mais il ne pouvait pas passer la porte sans défoncer le plafond. Cependant sa nouvelle amie n'avait pas été découragée pour si peu et ils avaient fini par s'installer dans le jardin, lui assis par terre et elle confortablement installée dans 1 chaise à bascule. Voilà ce qu'il faudrait qu'il ai dans sa maison : une chaise à bascule pour quand Jacqueline viendrait le voir. Et une bibliothèque ! Il adorait la poésie, surtout les poèmes centauriens de la deuxième moitié du treizième siècle. Il en avait toujours les larmes aux yeux. Mais Rhumhn se fichait bien de tout ça et même lui interdisait formellement d'en parler.
Il grommelait régulièrement "Un géant barbare lettré et poète…. J'pensais avoir tout vu dans ce métier mais celle-là… on me l'avait encore jamais faite ! Tu parles d'une blague… C'est pas sérieux tout ça, j'vous jure…" Hohrrhh avait été très vexé que Rhumhn ne soit pas plus content que ça de l'écharpe qu'il lui avait offerte. Ça lui avait quand même pris
trois mois pour la tricoter ! Quel ingrat ! Le géant sortit de sa rêverie. Son regard se fit plus ferme. Sa décision était prise. Il allait économiser autant que possible et dès qu'il aurait assez pour s'acheter sa maison et avoir encore après ça un pécule suffisant pour une petite vie confortable, à lui la retraite !

Il avait hâte d'annoncer sa nouvelle résolution à Jacqueline. Il était sûr qu'elle l'encouragerait.

19 mars 2024

Défi 10 nuances de couleurs

 Un nouveau petit texte (ça fait super longtemps) avec un défi proposé par un ami : écrire un texte comportant minimum 10 couleurs ou nuances de couleurs.
Le mien dépasse les 20 couleurs et nuances de couleurs. Défi relevé donc. ^^

Les portes s’ouvrirent, laissant la lumière inonder son visage. Ebloui, il fut forcé de plisser les paupières quelques secondes, avant de s’avancer dans le grand hall. La vision qui l’attendait était à couper le souffler. Les candélabres jetaient une lumière vive, dorée, légèrement vacillantes sur l’assemblée. Le parquet avait la couleur chaude du miel et resplendissait. Deux escaliers massifs de pierre grises sombres encadraient la pièce,leurs rambardes de marbre blanc, veiné d’un gris métallique leur donnaient une marque de noblesse et un épais tapis carmin atténuait le coté austère des marches de granit. Autour du nouvel arrivant, les silhouettes se pressaient vers la salle de danse, l’entrainant dans leur mouvement. Tout le monde était dans ses plus beaux atours. Lui-même avait revêtu un élégant costume châtaigne sur une élégante chemise beige ornée de délicates broderies. Ayant réussi à se saisir d’un verre sur le plateau d’un serviteur déambulant parmi les convives, il prit le temps d’admirer le spectacle. Au milieu de la piste, une petite dizaine de couples tournoyaient au rythme de l’orchestre installé à proximité. Des robes d’azur et de pourpre, de topaze et de cyan virevoltaient au ras du sol. Les femmes arboraient leurs plus beaux bijoux, collier d’améthyste d’un violet profond, boucles vert émeraude scintillantes, bracelets d’or et d’argent. Les hommes n’étaient pas en reste et, chacun à sa façon, se pavanaient comme autant de paon faisant la roue. Redingotes bleu nuit, grise ou même jaune paille pour le plus ambitieux, chaussures de cuir noire brillantes sous la lumière des bougies, ou marron plus sobre, et tous arboraient une touche de couleur : qui une lavallière rouge vif, qui un mouchoir d’un blanc étincelant qui dépassait d’une poche de poitrine, d’autres des bagues aux lourds rubis écarlates ou saphirs d’un bleu aussi profond que l’océan lui-même. Il eut un petit rire de gorge. La soirée s’annonçait délicieuse.

31 oct. 2023

31. Feu (Inktober 2023)

 

Mon regard se perd dans les flammes qui s'échappent de ce vieux conteneur métallique. Une épaisse fumée noire s'en dégage, décorée de quelques braises et étincelles virevoltantes. Je me laisse aller contre la vieille poutre piquetée de rouille dans mon dos. L'épuisement me gagne. A coté de moi, Jeff tisonne le feu, Pat prépare un rata avec ce qu'on a en stock. Ca sera probablement dégueulasse, comme d'habitude, comme tout ce qu'on peut manger dans ces foutues Terres Désolées... Mais ça nourrit, c'est tout ce qui compte. Son fusil à la main, Ann surveille les alentours tout en fredonnant une vieille mélodie de sa voix écorchées.
Je laisse ma tête basculer en arrière, contre la poutre, les paupières mi-closes.
Pour ce soir, nous sommes en sécurité. J'espère.

30. Cohue (Inktober 2023)


Ombeline suivait nerveusement son frère ainé, le seul qui lui restait. Cela faisait déjà plusieurs semaines que leur père les avait mis à la porte, sans un mot d'explication, rien. Le reste de la fratrie s'était éparpillé, elle ne savait pas où. Elle avait juste vu ses ainés partir, sans se retourner, les laissant, elle et Balgor, les deux plus jeunes, à leur sort. Son humeur s'assombrit en repensant à ces évènements. Elle ne savait pas ce qu'elle ressentait, un étrange mélange de tristesse, de colère et d'inquiétude. Elle espérait qu'ils allaient bien, même s'ils les avaient abandonnés eux aussi.
Il n'avait pas fallu longtemps aux deux jeunes enfants pour comprendre que, dans la rue, la loi du plus fort régnait. Les quelques provisions qu'ils avaient pu emporter n'avaient pas fait long feu et, assez rapidement, ils avaient du se rabattre sur un peu de chasse, de glanage, et de chapardage. Leur éducation leur avait au moins appris l'art de la débrouille. Depuis, les deux benjamins de la fratrie vagabondaient entre villes et villages, cherchant surtout à mettre de la distance entre eux et le fief de leur géniteur. Ils avaient atteint cette ville la veille au soir. Balgor avait déniché un coin de toit à peu près sec où ils avaient pu passer la nuit dans une relative sécurité.
Le bruit environnement la ramena au présent. Ils avaient atteint le marché et une foule immense s'y pressait déjà. Elle frémit, mal à l'aise. Elle avait un mauvais pressentiment et rechignait à suivre Balgor qui la tirait, la main refermée sur son poignet, entre les étals. La foule se referma sur eux. Elle sentait les regard méfiant des marchands sur eux. Deux gamins crasseux... Évidemment qu'ils craignaient des vols. Balgor se faufilait agilement entre les gens, la trainant toujours dans son sillage.
Soudain, une dispute se déclencha aux abords d'un présentoir. Les curieux se précipitèrent pour profiter du spectacle. Un mouvement de foule  s'engouffra entre les deux enfants. Ombeline sentit la main de son frère tenter de l'agripper désespérément, glisser et la lâcher. Entrainer par la cohue, elle hurla le prénom de son frère, entendit faiblement le sien en réponse mais la foule, comme un organisme vivant, se referma autour d'elle, la pressant, l'emportant toujours plus loin.
Seule, elle était seule, livrée à elle-même, terrifiée.