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31 oct. 2023

30. Cohue (Inktober 2023)


Ombeline suivait nerveusement son frère ainé, le seul qui lui restait. Cela faisait déjà plusieurs semaines que leur père les avait mis à la porte, sans un mot d'explication, rien. Le reste de la fratrie s'était éparpillé, elle ne savait pas où. Elle avait juste vu ses ainés partir, sans se retourner, les laissant, elle et Balgor, les deux plus jeunes, à leur sort. Son humeur s'assombrit en repensant à ces évènements. Elle ne savait pas ce qu'elle ressentait, un étrange mélange de tristesse, de colère et d'inquiétude. Elle espérait qu'ils allaient bien, même s'ils les avaient abandonnés eux aussi.
Il n'avait pas fallu longtemps aux deux jeunes enfants pour comprendre que, dans la rue, la loi du plus fort régnait. Les quelques provisions qu'ils avaient pu emporter n'avaient pas fait long feu et, assez rapidement, ils avaient du se rabattre sur un peu de chasse, de glanage, et de chapardage. Leur éducation leur avait au moins appris l'art de la débrouille. Depuis, les deux benjamins de la fratrie vagabondaient entre villes et villages, cherchant surtout à mettre de la distance entre eux et le fief de leur géniteur. Ils avaient atteint cette ville la veille au soir. Balgor avait déniché un coin de toit à peu près sec où ils avaient pu passer la nuit dans une relative sécurité.
Le bruit environnement la ramena au présent. Ils avaient atteint le marché et une foule immense s'y pressait déjà. Elle frémit, mal à l'aise. Elle avait un mauvais pressentiment et rechignait à suivre Balgor qui la tirait, la main refermée sur son poignet, entre les étals. La foule se referma sur eux. Elle sentait les regard méfiant des marchands sur eux. Deux gamins crasseux... Évidemment qu'ils craignaient des vols. Balgor se faufilait agilement entre les gens, la trainant toujours dans son sillage.
Soudain, une dispute se déclencha aux abords d'un présentoir. Les curieux se précipitèrent pour profiter du spectacle. Un mouvement de foule  s'engouffra entre les deux enfants. Ombeline sentit la main de son frère tenter de l'agripper désespérément, glisser et la lâcher. Entrainer par la cohue, elle hurla le prénom de son frère, entendit faiblement le sien en réponse mais la foule, comme un organisme vivant, se referma autour d'elle, la pressant, l'emportant toujours plus loin.
Seule, elle était seule, livrée à elle-même, terrifiée.

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