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20 août 2023

La boite mystère


Je regardais fixement la boite sur la table. Elle était relativement grande, bien cinquante centimètres d’arête au moins. Je n’avais aucune idée d’où elle venait, qui me l’envoyait. Je n’avais pas passé de commande de quoi que ce soit ces dernières semaines. Et pourtant, mon nom, mon adresse était bien inscrite sur l’étiquette, dans la case destinataire. Autre bizarrerie : autant mon nom et adresse étaient lisibles, autant la case expéditeur ne montrait qu’un gribouillis infâme indéchiffrable.

J’hésitais, mon mug de café à la main. Ce colis m’était bien adressé. Peut-être que je devrais l’ouvrir. Qui sait, peut être une lettre explicative se trouvait à l’intérieur, avec je ne sais ce quoi.
Soudain, la boite sembla laisser échapper un petit gémissement étouffé. Je sursautais puis jurais tout bas. Qu’est ce que c’était que ce merdier ?
Je n’hésitais pas plus longtemps, la curiosité l’avait emporté sur la prudence. J’allais rapidement chercher une paire de ciseaux et commençait à découper la boite.
Au bout d’à peine une minute, je soulevais le couvercle et une exclamation de surprise incrédule m’échappa.
Là, tapie au fond de la boite, une créature incroyable me regardait de ses trois paires d’yeux. Trois têtes s’étaient tournées dans ma direction. L’une d’elle jappa d’un air interrogatif, la deuxième bailla tandis que la dernière commençait à ronronner comme un moteur.
Je reculais précipitamment. Le bon sens me revint et je me dépêchais d’aller fermer les rideaux de la pièce. Hors de question qu’un voisin ou un passant n’aperçoive la créature, la chimère.
Je m’appliquais à me calmer. Il existait surement une explication rationnelle à tout ça. Un robot, c’est sûrement un robot extrêmement bien réalisé. Après tout, les chimères n’existent pas. C’est bien connu. La créature, en attendant, avait posé ses pattes avant sur le bord de la boite et ses trois têtes m’observaient. La première, celle de droite, ressemblait à une tête de chacal, la deuxième, au milieu à un … dragon ? Une tête de dragon noire et dorée, avec deux magnifiques cornes qui débutaient juste en arrière des oreilles et partaient vers le cou, en torsade, encadrant une crête épineuse située au milieu de la nuque. La dernière tête, plus classique, m’évoquait un bébé lynx.
La chimère se redressa, appuyant ses deux pattes avant terminées par des serres un peu plus fermement sur le bord de la boite. Celle-ci bascula sous le poids de la créature. Elle fit un roulé-boulé, tomba de la table sur une chaise, puis sur le sol avec un jappement pitoyable.
Interdit, je ne pouvais que l’observer. Si c’était bien un robot, je tirais mon chapeau à ses concepteurs. Les trois têtes se rejoignaient sur un poitrail large, musclé, couvert de fourrure noire, grise et blanche. Dans son dos, au niveau des omoplates, deux grandes ailes de plumes noires et dorés. Ses pattes arrières étaient celles d’un mammifère alors que les antérieures ressemblaient à des pattes de rapace. L’arrière train se prolongeait avec une queue reptilienne, là encore noire et dorée.
La tête de dragon laissa échapper un glapissement suraigu alors que la petite bête se prenait les pattes dans ses ailes en tentant de se relever. Elle était à la fois effrayante et adorable. Et manifestement jeune ?
Je m’avançais et l’aidait à se relever. Je lui repliai les ailes sur le dos avec une petite tape amicale. Elle répondit en se frottant contre moi, les têtes de lynx et de dragon ronronnantes, celle de chacal avec un petit cri joyeux.
Le pelage était doux et chaud sous mes doigts, élastique. Je voyais la poitrine se gonfler et se dégonfler au rythme de sa respiration. Ce n’était pas un robot, mais un véritable petit animal… censé n’exister que dans les contes et les légendes…
Je me relevai et retournai voir l’intérieur de la boite, espérant un indice, un mot pour comprendre d’où elle venait, pourquoi on me l’envoyait, de qui provenait le colis.
Je sentais les ennuis arriver en pagaille.

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