Pandora se fendit vers l'avant, sa rapière virevoltant dans l'air. Son adversaire tenta d'esquiver mais une zébrure rouge apparut sur son bras. Elle le regarda avec un sourire carnassier. Autour d'elle, la foule s'excita à la vue du sang gouttant au sol. Les gens hurlaient, huaient, encouragaient. Pandora ressentait ce vacarme comme un bruit de fond, sa concentration focalisée entièrement sur le grand gaillard qui grimaçait face à elle.
Il lança une riposte brutale, vicieuse et elle eut juste le temps de pirouetter pour esquiver la lame. On entendit le tissu se déchirer dans son dos.
Un silence de mort tomba sur la place. Hébétée, elle mit quelques secondes à réaliser ce qui se passait. Face à elle, l'homme la regardait d'un air choqué. Son regard devint ensuite chargé de répulsion.
Pandora regarda autour d'elle sans comprendre. La foule la fixait, mélange de dégoût, de rejet, de peur. Sentant montée en elle un début de panique, elle regarda par dessus son épaule.
Choc. Terreur.
Sa chemise avait été fendue en deux, exposant son dos à la vue de tous. Exposant les marques anthracites qui couraient de part et d'autre de sa colonne. Et surtout... exposant ses ailes, noires, veinées d'argent et d'or, ses ailes écailleuses, scintillantes, ses ailes qui la marquait pour ce qu'elle était sans en être responsable : une demi-démone.
Elle vit les mères cacher les enfants derrière leurs jupes, les hommes commencer à gronder sourdement.
Elle reçut une première pierre sur l'épaule, puis une deuxième sur une aile, envoyant un éclair de douleur jusqu'à ses omoplates. Une troisième pierre l'atteignit au front, lui ouvrant l'arcade. Elle sentit le sang chaud couler sur son visage. Des insultes fusaient, les villageois qui l'encourageaient encore 2 minutes plus tôt la traitait désormais de catin du diable, de succube, de monstre.
Étourdie, elle voyait les visages déformés par la haine et la peur. Elle n'avait plus le choix. Elle ne pouvait pas se défendre contre une cinquantaine d'adultes en colère, assoiffés de sang, elle devait fuir.
Dans un râle étranglé, elle ouvrit largement ses ailes. Les pierres continuaient à pleuvoir sur elle, de plus en plus fort. Son adversaire avait disparu, avalé par la foule hurlante de fureur.
Elle prit son élan, sautant le plus haut possible et s'envola, un cri désespéré lui échappant, des larmes de rage et de peur roulant sur ses joues.
Les cris de fanatisme la poursuivirent jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans les nuages, fuyant les humains et leur haine de ce qui leur était étranger, de ce qu'als ne comprenaient pas, de ce qui était différent...
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