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2 oct. 2020

Les enfants Whorgram #1.1 : Retrouvailles

    Ombeline se demandait comment les choses avaient pu en arriver là. Trois jours plus tôt, la troupe avait monté le camp pour la nuit, comme d'habitude. Des feux avaient été allumés. Les carrioles avaient été disposées en cercle et le repas cuisait doucement en répandant ses odeurs alléchantes. Les enfants jouaient et criaient, courant partout. Une troupe de soldats dont elle n'avait pas reconnu les armoiries était alors apparue et avait demandé l’hospitalité pour la nuit. Quoi qu'un peu méfiants, Balda et Romuald, les responsables de la troupe, avaient accepté. La troupe n’était pas en mesure de refuser leur demande à un tel bataillon armé. Soudain, les soldats avaient cesser d’être amicaux et avaient tirer leurs épées. Les quelques personnes capables de leur résister avaient rapidement été désarmées, assommées pour les plus récalcitrants. Les troubadours avaient alors été séparés en 2 groupes. D'un coté les familles avec de jeunes enfants, de l'autre le reste des ménestrels, dont  Ombeline, toujours travestie en garçon. Ils avaient été entravés, liés entre eux en une grande colonne de prisonniers puis emmenés pour une destination inconnue. 

    Cela faisait 3 jours qu'ils marchaient ainsi. En chemin ils avaient rejoints d'autres groupes de soldats et de prisonniers. Les soldats n’étaient pas gratuitement violents face aux prisonniers. Ils obéissaient à des ordres et on voyait que ce n’était qu'un travail comme un autre pour eux. Ni violence, ni compassion, juste une neutralité efficace qui avait vite fait comprendre que tout acte de rébellion ou tentative d'évasion auraient des conséquences désagréables, si pas funestes, pour les coupables. 

    Ainsi Ombeline regardait sombrement ses pieds en avançant encore et encore. Elle était fatiguée. Elle était sale. Elle avait peur aussi, même si elle mettait un point d'honneur à ne pas le montrer. Du bruit se fit entendre devant elle, la poussant à relever la tête. Elle vit alors apparaître les silhouettes de tentes de toile. Ils arrivaient à un campement. Sur sa droite elle vit une autre file de prisonniers, avec leur escorte de soldats. En approchant du camp, on les parqua dans une immense tente, avec ordre de s'asseoir. Impossible de savoir combien de prisonniers et de prisonnières s'entassaient ici, probablement plus d'une centaine. Les visages étaient fermés, les regards sombres, ou hantés par la peur. Ombeline réussit à s'installer avec ses compagnons d'infortune dans un coin, enfouissant son visage dans ses bras croisés sur une de ses jambes qu'elle avait replié devant elle. Autant de corps dans un espace clos, la température commençait à monter de façon pénible. On pouvait entendre des hommes jurer tout bas, quelques sanglots étouffés.
     Ombeline soupira, trouvant son unique réconfort dans la proximité de certains de ses compagnons et compagnes troubadours. Ces gens avaient plus fait pour elle en 3ans et demi que l'ensemble de sa famille durant les 11 ans qu'elle avait passé à Fort Daenlorn, le fief familial. Sa mère n'avait pas pu les protéger, elle et ses frères, de la violence et de la malveillance de leur père. Ses frères et elle s'étaient entraidés autant que possible. Mais le reste de la maison Worghram n'avait pas levé le petit doigt pour eux. Aussi, la troupe de troubadours étaient devenus, pour Ombeline, la famille qu'elle n'avait jamais réellement eu. 

Soudain, des voix s'approchèrent de la tente, l'entrée de toile se souleva, laissant passer un homme à l'allure altière, des soldats gradés et un vieil homme. Le vieil homme se mit à déambuler entre les prisonniers avec un des gradés. Il montra un homme, puis un peu plus loin un autre, puis un troisième. En arrivant près d'Ombeline, le gradé la força à lever la tête pour que le vieillard la dévisage. Il hésita un peu puis... "Oui... Elle aussi."
Ombeline tressaillit en l'entendant l'appeler ainsi, au féminin. Qui était-il? Comment savait-il? Son visage lui rappelait vaguement quelque chose, un souvenir flou. L'avait elle croisé dans une taverne? Lors d'un spectacle? Sur un marché? Ailleurs? Impossible de se rappeler.
Le soldat désolidarisa les liens de la jeune fille de ceux des autres prisonniers puis l'obligea à se relever. On la conduisit dans une autre tente, plus petite. Les trois autres personnes désignées par le vieil homme étaient déjà là, attachée au poteau central de la tente. Rapidement, Ombeline fut attachée à son tour, les mains dans le dos, contre le poteau. Personne ne disait rien. Une petite lanterne laissée à une extrémité de la tente lui permettait d'observer les traits de ses codétenus. Leurs visages lui semblaient familiers... Soudain, l'un des homme apostropha son voisin :
-Khordel, c'est toi?!?
-C'est bien moi, il me semblait bien reconnaitre ton visage, Balgor.
-Ainsi nous sommes presque tous réunis si je comprends bien, intervint le 3ème.
-Barthélémius? demanda Ombeline
-Et oui Petite Soeur, c'est bien moi."

Un léger silence s'ensuivit. Pas évident de reprendre contact après pratiquement 4ans de séparation. Surtout vu les circonstances de la séparation en question...
Ombeline décida d'entamer la discussion :
-Alors? Qu'êtes vous devenus depuis ... depuis qu'on a été séparé?
Kordhel grommela.
-Je suis devenu mercenaire. 4 ans de batailles. Avec Lucian.
-Oh... Il est dans le coin? 
-Je ne crois pas, on venait d'être envoyer sur des missions différentes....
-Ah... avec de la chance, il échappera à ces gens... Vous connaissez ces armoiries vous?
-Nope, répondit Barthélémius, pégase d'or sur champ noir... ça ne me dit rien du tout.
-Et toi Barthélémius, qu'as-tu fait ces 4 dernieres années?, demanda Ombeline,
-Moi? Et bien... j'ai... j'ai.. étudié, ma chère soeur.
-Etudié? Etudié quoi?
-Oh... des choses et d'autres...
-Mhmmm....
-Et toi, Petite Soeur, qu'as tu fait pendant ces 4 années?
-Et bien... je suis d'abord restée avec Balgor. Mais on a été séparé un jour sans que je réussisse à le retrouver. J'ai du me débrouiller seule quelques mois avant d'être recueillie par une troupe de troubadours. Je suis avec eux depuis 3ans et demi environ, travestie en garçon...
-Mais pourquoi ce travestissement? Tu avais des cheveux magnifiques...
-Au cas où ça aurait échappé à ton sens de l'observation Kordhel, être une jeune fille seule, à la rue, c'est encore plus dangereux que pour un garçon. Ca m'a évité certains... risques.
-Ah... oh.. oui... je.. je comprends.

La conversation s'éteignit. Khordel tenta d'attraper la lampe avec son pied, jurant quand il constata qu'elle était trop loin pour cela. Ombeline cherchait un sol un caillou un peu tranchant pour essayer de cisailler ses liens. Mais rien, la terre battue ne recelait que poussière et gravillons. Dépitée, elle soupira et reprit la parole :
-A votre avis, ils nous veulent quoi?
-Que veux tu dire? On n'a pas eu de chance, on a été capturé parce qu'on était au mauvais endroit au mauvais moment non?
-Eh bien, c'est vrai que nous avons tous été capturé avec les gens avec qui nous nous trouvions. Mais ensuite, vous avez bien vu, dans la grande tente, un vieux nous a désigné un par un. Je ne pense pas que ce soit un hasard ou de la malchance si nous avons été fait prisonniers.
-Oui, renchérit Barthélémius, je suis bien d'accord. Moi, ils sont venus me chercher jusque dans la maison de ma.. hum.. protectrice. J'étais tranquillement installé au salon, je m'apprêtais à savourer un DELICIEUX thé au miel quand ils ont débarqué dans la maison et m'ont KIDNAPPE. J'étais très clairement leur cible, ça n'avait rien de hasardeux. Et ils ne m'ont même pas laissé le temps de boire mon thé! Un délicieux thé au miel....
-Mais pourquoi nous cibler, nous?, demanda Balgor, ça n'a aucun sens! Nous ne sommes personne, nous n'avons même pas de nom!

Tout à leur questionnement, la fratrie entendit soudain des cris et des vociférations dehors. Manifestement un groupe de personne, dont au moins une passablement en colère, se disputait et semblait se rapprocher de leur tente. L'entrée de la tente fut brutalement écartée et quatre personnes entrèrent. Avec le contrejour, la fratrie n'arrivait pas à bien les voir. Ils reconnurent cependant l'homme à l'allure altière, qui commandait manifestement à la troupe. Sans doute était-il noble. Il reconnurent également deux soldats de la troupe à leur uniforme. Mais le quatrième, qui était plus dans la pénombre, restait indiscernable à leurs yeux. C'était pourtant lui qui vociférait avec colère et qu'ils avaient entendu avant l'entrée du petit groupe dans la tente.

-Comment OSEZ VOUS Seigneur Hénantier! J'EXIGE la libération de ces jeunes gens SUR LE CHAMP! SUR LE CHAMP VOUS M'ENTENDEZ! hurla l'homme 

Le seigneur Hénantier, responsable de leur capture, était manifestement tendu et les 2 gardes se tenaient sur le qui-vive, leurs mains proches du pommeau de leur épée. Cela n'impressionnait nullement l'inconnu qui continuait sur le même ton, grondant comme mille orages

-VOUS ALLEZ LES LIBÉRER SÉANCE TENANTE SEIGNEUR HENANTIER! Vous savez QUI je suis!
-Seigneur, je ne fais qu'obéir aux ordres de mon commanditaire. Vous savez bien que je ne peux pas accéder à ce genre de requêtes, pas même pour vous. Surtout pour une bande de va-nu-pieds pareille!
-JE VOUS INTERDIS DE PARLER D'EUX DE LA SORTE! VOUS N'AVEZ AUCUNE IDEE DE QUI ILS SONT!
-Que voulez vous dire? Je ne comprends pas.
-Ces jeunes gens que vous maintenez dans des conditions inaceptables, ne sont nuls autres que MES PETITS ENFANTS! VOUS M'ENTENDEZ! RELÂCHEZ LES IMMEDIATEMENT! 

En entendant ces mots, Ombeline et ses frères eurent un hoquet de stupeur. L'homme se rapprocha.
-JE NE TOLERERAI PAS QUE DES ENFANTS DE LA MAISON WHORGRAM SOIENT TRAITES COMME DES CRIMINELS! IL SUFFIT! RELACHEZ LES!

Le seigneur Hénantier avait visiblement pâli. Le groupe était rentré dans la tente et, désormais plus proche, l'inconnu était désormais la cible du regard de la fratrie toute entière. Ils ne l'avaient pas vu depuis bien plus que quatre ans mais... cette machoire prononcé, ces sourcils froncés, cette posture. Petit à petit, ils en vinrent tous, chacun de leur coté, à la même conclusion. Il s'agissait bien là de leur grand-père, le seigneur Guearth. C'était incompréhensible. Leur grand-père les avait, toute leur enfance, complètement ignoré. Et voilà qu'il exigeait leur libération et même les présentait comme des membres officiels de la branche principale de la famille Whorgram?!? Ils en restaient tous stupéfaits, incapable d'articuler un mot, juste capable d'observer, abasourdis, l'étrange échange se déroulant devant leurs yeux.

-Je... j'ignorais en effet qu'il s'agissait de vos petits-enfants. Mon commanditaire ne m'avait pas informé de cela. Je devais juste retrouver les jeunes gens correspondants à certaines descriptions et susceptibles d'être reconnus par un vieux serviteur de sa maison.
-J'IMAGINE TRES BIEN CE QUE MON IMBECILE DE FILS VOUS A DIT! Maintenant, suffit! Libérez les immédiatement!



Ainsi s'achève le texte d'aujourd'hui. J'espère qu'il vous a plu. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé en commentaire. ^^

8 commentaires:

  1. Tres bien écrit et bien rythmé. Tu maîtrise bien ton art ! Continu comme ça, c'est un plaisir de te lire.

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  2. Ahahah, j'aime beaucoup le twist du grand père :D
    Très bien très bien, j'ai hâte de voir ou ça va

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    1. Merci! J'ai encore de quoi écrire vu que là c'est une grosse moitié de la première session et qu'on doit en avoir jouer déja 7 ou 8. ^^
      Le twist du grand père on s'y attendait pas du tout, tout les joueurs étaient en mode "whaaat?" ^^

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  3. Chouette, bon pitch 😊👍😊👍😊

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  4. Lisitsa Von Edel3 octobre 2020 à 19:57

    J'adore!!!!
    Tu retranscrit bien ce qui c'est passé dans médiéva
    hâte de lire la suite, tu a une belle plume ^^

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    1. Merciii! Ca me touche beaucoup et ça me fait très plaisir que ça te plaise. ^^

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