Attention, TW mention de suicide. (je préfère prévenir des fois que...)
Toujours sous le choc de la découverte de ce demi-frère batard, la fratrie vit Guearth s'approcher du seigneur Hénantier et se retourner pour leur faire face.
-Très bien. Datès, que j'ai retrouvé et amené ici, aura pour tâche de vous aider dans votre mission.
Datès l'interrompit alors avec un sourire narquois.
-Tout à fait Papi.
Guearth se tourna alors vers lui et l'avertit d'un ton glacial
-Je te préviens garçon, je ne suis pas, et ne serai jamais, ton grand-père. Encore moins ton... papi. Quand tu t'adresses à moi, tu es prié de dire "Messire" ou "Seigneur Guearth". Tu es et tu restes un bâtard. Alors n'oublie pas où est ta place.
-Très bien... Papi, répondit l'homme, toujours avec un sourire goguenard.
Le regard du vieil homme commença à flamber dangereusement et c'est d'une douceur menaçante qu'il répondit.
-Si tu prononces encore ce mot à mon encontre, il y aura des répercussions... fâcheuses. Es-tu réellement certain que tu souhaites risquer ma colère?
Voyant que le vieux seigneur ne plaisantait pas, Datès pris un air plus neutre et se tint coi, se contentant d'opiner du chef.
-Bien, reprenons, continua Guearth, comme je vous l'ai dit, votre père est, depuis un certain temps, nuisible à la famille. Il ne cesse de nous mettre dans l'embarras et son comportement n'est, pour rester euphémiste, en rien honorable. Il est hors de question que je le laisse continuer ainsi et ruiner les Whorgram. Je compte donc désolidariser la famille de sa personne. Le couper de la famille en résumé.
Un silence épais régnait désormais sous la tente. Ce que leur grand-père venait de dire était pour le moins choquant. Ils n'avaient jamais entendu parler qu'un protecteur est jamais été rejeté par sa famille. Or c'était bien de cela dont il était question. Ombeline ne put s'empêcher de se faire la réflexion que, si cela devait advenir, la réputation de son père, ainsi que son honneur serait déjà bien ruiné, et que rien ne l'empêcherait alors d'achever le travail en coulant définitivement l'image de son père dans le pays.
Guearth continua, comme si de rien n'était :
-Pour cela, je vais avoir besoin de l'héritier officiel de la famille. Votre demi-frère, Mungrid. J'imagine que les souvenirs que vous avez de lui sont pour le moins flous?
Les jeunes gens restèrent silencieux tandis que Datès se curait les dents distraitement. De fait ils n'avaient quasiment pas connu ce frère ainé, fruit du premier mariage de leur père. Ils se rappelaient vaguement l'avoir aperçu deux ou trois fois dans la cour. Ombeline n'était même pas certaine qu'elle aurai su retrouver son nom et ne gardait de ce frère, que le souvenir d'une silhouette floue qui l'impressionnait, voire l'effrayait.
-Votre demi-frère était un soldat, dans l'armée personnelle du Gardien. Et il s'est brillamment illustré au combat lors de la guerre contre l'envahisseur aeserien. Il a commencé à faire parler de lui. C'était également un homme instruit et très, TRÈS, intelligent. Certains disent qu'il était un philosophe éclairé. D'autres parlent plutôt d'un manipulateur qui avait su charmer les cœurs pour attirer les gens à lui. Il y en a même pour parler de secte dont il aurait été le gourou.
-Charmant... ça colle bien avec la famille cela dit, murmura Barthélémius,
-Mais, il y a bien des années, alors qu'il était vraiment l'élément prometteur de la cour, il a quitté l'armée sans prévenir et a disparu. Sa mère avait déjà disparu, des années avant lui. Il se raconte qu'il est parti à sa recherche.
-Mais... Elle n'est pas morte sa mère? s'étonna Khordel
-Nous n'en savons rien. Elle a disparu de Fort Daenlorn un jour et n'a plus jamais été revue depuis... D'autres disent que Mungrid a trahi et est parti rejoindre l'empire Aeserien, mais on n'a jamais rien trouvé pour prouver cette accusation...
-Et pourquoi vouloir le retrouver? Surtout si c'est un traitre potentiel..., s'interrogea Balgor,
-Parce qu'il est l'héritier officiel de la famille.
Ombeline était restée silencieuse depuis quelques instants. Elle intervint soudain, prenant l'assemblée de court :
-Et notre mère à nous, qu'est elle devenue?
-Votre mère... s'est malheureusement donné la mort.. après votre départ. Elle n'a pas supporté la situation... répondit doucement le vieil homme.
A ces mots, la fratrie pâlit. Leur mère était la seule personne qui leur ait montré de l'affection de toute leur enfance. Mais, femme entièrement soumise à un époux tyrannique, elle n'avait pas pu les protéger. Les visages se fermèrent. Encore une chose dont leur géniteur aurait à répondre...
Le vieux Whorgram reprit :
-Je veux que vous retrouviez Mungrid, et que vous me l'ameniez. J'ai besoin de lui parler.
Ombeline le regarda d'un air méfiant.
-Pourquoi nous demandez cela à nous? Après tout, vous êtes Maitre-Espion du royaume, pourquoi ne pas mettre certains de vos espions sur cette mission?
-Il s'agit d'une affaire familiale. Je ne peux pas utiliser les ressources du royaume pour un problème d'ordre privé.
-Mais...
-Ce n'est pas possible. Point. Je n'ai que vous et Datès à qui confier cette mission.
-Mais nous n'avons aucune compétence pour ce genre de mission! Comment pouvez-vous espérer que l'on y parvienne!
-Vous avez survécu 4 ans, seuls, sans ressource. J'ai toute confiance dans vos facultés d'adaptation.
La jeune fille rumina la réponse de son grand-père, manifestement peu satisfaite. Elle enchaina soudainement :
-Et nos compagnons? Vous les avez libérés aussi?
-Vos compagnons?
-Je n'ai pas été capturée seule. Que vont devenir les troubadours enlevés en même temps que moi?
-Je n'ai négocié que votre libération. Les prisonniers du seigneur Hénantier... et bien..., continua le vieil homme en hésitant un peu, ils seront envoyés en Aeseria, et y seront vendus... comme esclaves.
L'esclavage était interdit au Locquendech. Mais manifestement, cela n'arrêtait pas certaines personnes comme le seigneur Hénantier. Serrant les dents, furieuse, Ombeline s'obligea au calme et reprit :
-Il est hors de question que je vous donne gain de cause et parte à la recherche de cet héritier si mes compagnons sont promis à l'esclavage.
-Mon enfant, je ne peux pas racheter l'ensemble des prisonniers. Et que t'importent quelques saltimbanques?
-Ces saltimbanques comme vous les appelez, ont plus fait pour moi en 3 ans et demi que l'ensemble de la famille Whorgram dans son ensemble durant toute mon existence! Ils sont comme ma famille à mes yeux. Je ne les abandonnerai pas. JAMAIS! Vous m'entendez?!? JAMAIS!
-Bien, bien, ma petite fille. Et bien s'ils sont si importants pour toi je suis persuadé de pouvoir convaincre le seigneur Hénantier de les libérer, ces troubadours, n'est ce pas Seigneur?
-Ma foi... contre une compensation financière, tout est possible, Seigneur Guearth, répondit son interlocuteur, jusque là muet,
-Et bien voilà, le problème est résolu. Es tu satisfaite?
Ombeline ne répondit pas. Satisfaite elle ne l'était pas. Mais elle avait aussi conscience qu'elle n'obtiendrait pas mieux que la libération de ses compagnons troubadours. Elle constata alors que son grand père l'observait avec une lueur de fierté. Il était manifestement fort satisfait de son attitude, du fait qu'elle se soit affirmée et ai imposé ses conditions sans se laisser impressionner par le statut des deux seigneurs.
-C'est bien ma petite fille, se rengorgea alors le vieil homme, elle a hérité de ma force de caractère! Tu es bien une Whorgram!
-Je vais être très claire : je ne serai JAMAIS comme ma mère. Plutôt mourir!, gronda la jeune fille,
-Et nos compagnons à nous, Grand Père, interrompit Lucian, Khordel et moi avons également été capturé au sein d'un groupe.
-Et bien... si vous y tenez également, je peux aussi intervenir pour eux... De combien de personnes parle-t-on cela dit?
-Six personnes, répondit Khordel, d'un ton quelque peu indifférent.
-Et bien soit..., soupira le Seigneur Guearth, faites libérez les compagnons de mes petits-fils également, Seigneur Hénantier. Nous parlerons de votre.. compensation... plus tard.
-Maintenant, écoutez moi bien, continua le vieil
homme, Nul ne sait où se trouve votre frère, ni même s'il est vivant.
Mais, il a longtemps servi dans l'armée du gardien. Or, il se trouve à
Fort Edinhir, un armurier qui a servi dans la même compagnie que Mungrid. Il vous faut aller lui parler. Selon mes sources, il pourra vous orienter vers une piste pour retrouver votre frère.
-Comment nous rendre à Fort Edinhir? Nous ne savons même pas où nous sommes...
-Venez, répondit leur grand-père, en se tournant vers la table, Regardez la carte.
-Nous sommes ici, dit-il en pointant un endroit au sud-est du royaume, vous devrez passer par Valeblanc. Continuez vers le nord, jusqu'au fleuve, vous trouverez facilement des gués. Ne cherchez pas un pont, le plus proche est bien plus au nord et vous obligera à des jours de marches supplémentaires. Une fois le fleuve derrière vous, maintenez votre marche vers le nord. Vous arriverez à Meisdre, un autre petit village. Là, il vous faudra obliquer vers l'Est pour parvenir à Fort Edinhir.
Seul Lucian semblait avoir suivi les explications du vieillard. Il opinait du chef, les yeux fixés sur la carte.
-Il nous faudra une carte comme celle-ci Grand Père, exigea-t-il
-Vous l'aurez.
Se tournant vers ses petits enfants, il reprit :
-Il se fait tard, vous devriez aller vous reposer, votre mission commencera demain matin.
-Et... vous comptez nous y envoyer ainsi? Sans armes? Sans argent? Sans rien?, questionna Lucian, les sourcils froncés,
-Bien sûr que non. Vous recevrez chacun une bourse de cinquante pièces d'or. Je ne peux pas vous donner d'avantage ici. Et le seigneur Hénantier vous laissera choisir une arme, éventuellement un bouclier, dans son armurerie.
-Et... pourrons nous nous présenter comme des Whorgram, sans craindre pour notre vie? Combien de temps vous faudra-t-il pour faire prévenir les nobles du royaumes?, rétorqua Ombeline
-Vous pourrez et vous DEVEZ vous présenter comme tel. Vous ÊTES des Whorgram désormais. Les familles nobles seront rapidement prévenus. Et dès que je serais rentré à Gavundia, je ferai les démarches nécessaires pour vous faire inscrire dans le livre familial.
La discussion se termina et la fratrie, accompagnée de leur nouveau demi-frère, sortit de la tente.
-Eh bien... on va de surprise en surprise..., commença Balgor,
-C'est complètement irréaliste! Comment peut il espérer qu'on réussisse? Et si notre "grand frère" ne veut pas venir, on fait quoi?
Aucun ne savait quoi répondre à la question de la jeune fille. Ils étaient tous abasourdis par la situation dans laquelle ils se retrouvaient. Silencieux, ils suivirent le soldat qui les mena à la tente qui avait été préparée pour eux.
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