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6 déc. 2020

Les Enfants Whorgram 12.2 : Le Procès

 A l'annonce du vieux seigneur, la foule réagit vivement, les gens chuchotèrent des commentaires, on entendit des exclamations étonnées, choquées, outrées. Ombeline jeta un coup d'oeil vers Dame Malyani et son époux. Si ce dernier semblait complètement dépassé et choqué par les propos de Guearth, sa femme en revanche, ne semblait pas plus surprise que cela. Son regard croisa celui de la jeune Whorgram qui se tenait prêt d'elle et Ombeline y vit de la pitié, de la bienveillance et... de l'inquiétude. La Dame Aerann semblait prête à poser sa main sur le bras de la jeune fille si celle-ci prenait une initiative malheureuse sous le coup de ses émotions. Elle semblait surveiller également les réactions des garçons de la fratrie mais tous étaient bouche bée face à la situation. Regardant alors vers l'estrade, Ombeline vit que le Seigneur Protecteur Enoas était horriblement gêné par les paroles de Guearth.
-La parole est au Seigneur Protecteur Hagrim Whorgram

Elle le vit alors, son géniteur qui fendait la foule pour se rendre jusqu'à l'estrade et y monter. Les gens s'écartaient respectueusement devant lui pour le laisser passer. Elle sentit la rage et la haine qui l'envahissait en voyant cet homme qui avait fait de sa vie un enfer, qui avait pousser sa mère au suicide. Elle n'avait pas besoin de regarder ses frères pour savoir qu'eux aussi ressentaient cette fureur en le voyant marcher, plein de morgue, d'assurance, de suffisance. Il arriva sur l'estrade et un silence respectueux se fit naturellement, ses pairs le respectant en tant que Protecteur du Locquendech, statut qui le rendait inférieur en rang uniquement face au Gardien. Il était sûr de lui, de son pouvoir, de ses droits.
-Le problème posé par Mungrid ne vient pas de son éducation, mais de ce qu'il était, un être incontrôlable. Je ne suis pas le seul à avoir tenté de le maîtriser. Est-il besoin de rappeler que mon fils a servi dans l'armée personnelle du Gardien et que même celui-ci n'a pas réussi à le canaliser! Pas plus que son grand-père, mon père, pourtant chef de la famille et donc responsable tout autant que moi! C'est pourquoi je réfute toute responsabilité de ma part dans le comportement et les difficultés causées par mon héritier! Je dirais même qu'en le laissant disparaître, j'ai permis au Gardien de conserver son poste. Tous ici en sont conscients!

A ces mots, le Gardien eut un air gêné, et Ombeline sentit les personnes autour d'elle, la foule, se tendre. Son géniteur parlait d'une voix calme, posée, tranquille, sans bouger, le regard fixé devant lui sans regarder quiconque en particulier. Il continua :
-Quand à mes problèmes domestiques, les problèmes de mon ménage, ils relèvent de ma vie privée et non pas des affaires du royaume et je n'estime pas avoir des comptes à rendre à qui que ce soit, pas même mon père, sur le sujet! Mon premier mariage était un mariage politique, organisé par ce dernier entre moi-même et une femme de la noblesse aeserienne afin de calmer les tensions politiques entre notre royaume et son voisin du sud. Je ne répondrais pas à mon père sur les questions de l'infidélité de ma première épouse ou de mon fils aîné!

Ombeline lança un regard en direction de son grand-père, curieuse de voir comment il réagissait aux paroles de son fils. Fermement campés sur ses pieds, les deux mains sur les hanches, il dardait un regard noir sur ce dernier. Il était visiblement tendu et très en colère mais il restait égal à lui même et ne bougeait pas. Ombeline crut même voir passer un court instant une mimique de gêne sur son visage quand Hagrim évoqua son premier mariage. Elle jeta alors un coup d'oeil vers Dame Malyani qui se tenait un peu derrière elle. Leurs regards se croisèrent et, dans les yeux de la noble dame, Ombeline vit de la gêne, de la peine pour elle et ses frères mais également une compassion et une bienveillance auxquelles elle n'était pas habituée. La dame semblait les surveiller et veiller sur eux et elle la sentit prête à intervenir si l'un d'entre eux cédait à la colère pour le ou la calmer et l'empêcher de commettre une bévue. Avant le début de la cérémonie, elle leur avait gentiment mais fermement demander de ne prendre aucune initiative et d'attendre un signe clair de leur grand-père pour intervenir. Le moment de se faire connaitre de la foule n'était pas encore venu et Ombeline ravala sa colère et pris son mal en patience, espérant que son grand-père savait ce qu'il faisait et était de taille face à son propre fils dont la réputation de stratège n'était plus à faire. Sur l'estrade, leur géniteur s'apprêtait à reprendre la parole après avoir toisé son auditoire.

-Quand aux autres remarques de mon père, je n'ai pas à me justifier. Je dirais juste que les autres... portées... de mon mariage suivant, ne méritaient pas ma reconnaissance, encore moins de me succéder. Aucun d'entre eux n'arrivaient à la cheville de Mungrid!, asséna-t-il avec un mépris écrasant.

A cette déclaration, la foule réagit de nouveau vivement et vocalement. Certains étaient simplement étonnés, d'autres outrés ou ironiques. Dans le bruit ambiant, le gardien leva la main, tentant de ramener le silence mais sans succès. Les nobles présents se jaugeaient, tentant de voir qui soutenait Guearth et qui Hagrim.  Enfin les murmures se calmèrent légèrement. Ombeline remarque que leur grand-père arborait un sourire matois, comme si les choses se déroulaient exactement comme il l'espérait. Il s'avança et prit la parole :
-Ils n'arrivaient pas à la cheville de Mungrid, dit mon fils. Il est donc pour le moins surprenant que Mungrid ai été vaincu et mis à mort en combat singulier par nul autre que son bâtard, Datès!

Il dut crier la fin de sa tirade, la salle ayant explosée en une cacophonie de cris et d'exclamations incrédules. L'assemblée était sous le choc, nul ne parvenait à croire ce que le vieil homme venait d'affirmer. Ombeline s'était raidie aux paroles du vieil homme et regarda Datès d'un air inquiet, soucieuse de voir comment il prenait cette révélation. Celui-ci était crispé et blême, et ne savait clairement pas où se mettre. Il semblait inquiet à l'idée d'être reconnu par la foule et des conséquences des paroles de Guearth. Elle remarqua que Barthélémius, à coté d'elle, jetait également un regard perdu sur leur demi-frère.
-Comment a-t-il su?, murmura-t-elle à son aîné
-Je n'en ai foutrement aucune idée,
-Dame Téïlde?
-C'est le plus probable, mais je ne comprends pas... 

La jeune fille, après un coup d'oeil vers Dame Malyani qui surveillait toujours leurs réactions, s'avança pour poser sa main sur l'avant-bras de Datès, dans un geste de réconfort. Celui-ci se dégagea rapidement. Il était manifestement aux abois.
-Je ne t'abandonnerai pas mon Frère, lui chuchota-t-elle
En entendant cela, Datès se figea, avant de se relaxer un petit peu, retrouvant une légère sérénité. Regardant derrière elle, Ombeline vit le regard bienveillant et approbateur de Dame Malyani.

Sur l'estrade, le gardien tentait en vain de ramener le calme dans l'assemblée. Guearth s'avança sur le devant de la scène, réclamant le silence d'un ample geste du bras. La foule se calma légèrement, sans pour autant se taire. Ce ne fut que lorsque leur géniteur, Hagrim Whorgram, s'avança et toisa l'auditoire d'un air sévère avec toute l'aura que lui conférait son statut de Seigneur Protecteur, que le silence revint.
-J'ai énormément de mal à croire à cette affirmation, affirma le Protecteur Whorgram d'une voix forte, Tous ici connaissaient Mungrid et ses compétences en combat, particulièrement en combat singulier. Avez-vous seulement des preuves? Des témoins? Et part là j'entends des témoins de valeurs!

Derrière lui, le Gardien, pâle, regarda le vieux Guearth avec une expression interrogative. Ce dernier regarda son fils avec un sourire rusé et satisfait.
-Et bien je pense que nous allons avoir un éclaircissement de Dame Teïlde elle même! Si vous voulez bien vous avancer ma chère?

Et, sous les suffocations de la foule, on vit une femme s'avancer sur l'estrade. Elle ne semblait pas à son aise mais gardait un port fier et droit. Ombeline reconnut celle qui avait manigancé la mort de Mungrid. Datès, le teint blême, se passa une main sur le figure, la laissant au niveau de sa bouche, cachant ainsi la moitié de son visage, les yeux écarquillés de stupeur. Elle lui saisit de nouveau l'avant-bras dans un geste de soutien.
-Je vous confirme la mort de mon fils, Mungrid, déclara la femme d'une petite voix ferme, J'ai moi même été témoin de sa mort. J'atteste qu'il a effectivement été tué par le prénommé Datès lors d'un combat singulier à mort. J'ajouterai que quiconque a vu le visage de ce Datès ne peut nier sa filiation.

En entendant cette déclaration, la foule fut frappée de stupeur, les gens étaient dépassés, abasourdis. Le protecteur Enoas ne savait absolument plus comment gérer la situation, le seigneur Guearth ressemblait à un chat qui vient de trouver un pot de lait. Mais ce qui frappa le plus la jeune fille, c'était le regard de pure haine, de fureur difficilement contenue que Hagrim dirigeait vers son père et sa première épouse. L'envie de meurtre était apparente dans ses yeux, il fulminait littéralement de rage.
A son cou, Ombeline sentait le poids du pendentif que Datès lui avait donné tandis que Dame Teïlde se reculait. Elle vit son grand-père s'avancer de nouveau, d'un pas léger, presque guilleret, tout à fait à son aise.
-Ainsi, Seigneurs Protecteurs, vous avez la preuve demandée par mon fils que c'est bien Datès, son bâtard, qui a mis fin à la menace que Mungrid, son héritier, faisait peser sur le royaume! Pour ce haut fait, je demande son anoblissement! Je lui demande, ainsi qu'à ses frères et sœur, de venir me rejoindre.

La fratrie complète s'était figée, interdite, devant cette demande. Autour d'eux, les gens regardaient de tous cotés, tentant de comprendre qui parmi la foule, étaient les petits enfants du vieux chef de famille.
Hagrim écarquilla les yeux de surprise. Ombeline, qui observait attentivement son grand-père, surprit un regard de connivence qu'il échangea avec Dame Malyani. Regardant alors le Seigneur Aerann, elle constata que celui ci, contrairement à son épouse, était totalement pris de court. Comme elle le pensait, la Dame Aerann en savait bien plus que son mari et avait très clairement parti lié avec le maitre espion du royaume.

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