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7 avr. 2021

Sous ma plume : Le marché, partie 2 (Ovräm4)

TW : esclavagisme, mention de blessure  

   On les fit s'asseoir au fond de l'estrade. Le groupe de prisonniers restait sous la surveillance étroite des gardes tandis qu'un des deux hommes en civil commençait à interpeller les badauds pour attirer de potentiels acheteurs. Une petite foule s'agglutina au bas de la plateforme et, petit à petit, les gardes amenèrent des prisonniers pour alimenter la vente en cours. Trop tôt, bien trop tôt, ce fut le tour d'Ovräm et d'Idda. Quand on vint chercher la petite fille, le garçon se leva avec elle, leurs deux mains toujours enlacées. Pas un instant il n'envisagea de la laisser affronter la foule seule. Les gardes n'y firent pas attention et, bien qu'haussant un peu les sourcils, le vendeur les présenta comme "un lot". 

    Tandis que ce dernier commençait à vanter la force du garçon, la douceur de la petite, Ovräm regardait droit devant lui, fixant un point invisible par delà les têtes des acheteurs. Idda de son coté, tremblait comme une feuille, le visage baissé, le regard fixé sur le plancher devant ses pieds. Si les tremblements qui agitaient la petite fille étaient dûs à la peur, c'était en revanche, la rage qui faisait frissonner son jeune compagnon. La rage face à ses gens qui considéraient des humains comme des meubles, la rage de la situation dans laquelle il se trouvait et par dessus tout, la rage de se sentir impuissant face à tout cela. Ses oreilles bourdonnaient, il n'arrivait même plus à entendre les échanges entre le vendeur et les personnes intéressées. Tout juste comprit-il quand les enchères commencèrent. A coté de lui, il percevait les tremblements d'Idda. La petite fille, la tête baissée, cachait sa peur derrière le rideau de ses cheveux.
    Des cris autour, des prix. Tout alla si vite, et tout lui sembla pourtant durer une éternité. Soudain, son regard croisa le regard de glace d'une femme, montée sur un cheval. L'espace d'un instant, il se perdit dans ce regard d'un bleu irréel. La femme se détourna, fit signe à quelqu'un à ses cotés qui lança à son tour une enchère. Tandis que son serviteur enchérissait pour elle, son regard se reporta sur les deux enfants. Un regard sombre, neutre, avec une étincelle d'intérêt. L'homme à ses cotés lança enfin un prix que personne d'autre ne fut prêt à dépasser. Comme dans un cauchemar, Ovräm vit l'homme approcher de l'estrade, une bourse s'ouvrir et une pile de pièces changée de mains. Le vendeur, arborant un sourire amplement satisfait, fit un signe vague aux soldats qui flanquaient les deux enfants. Ces derniers poussèrent Idda et Ovräm vers le petit escalier de la plateforme. En quelques minutes, pour quelques morceaux de métal, les deux enfants étaient devenus des marchandises, des biens meubles.

En bas de l'escalier, l'acheteur les attendait. Il les fixa quelques secondes, silencieux. Puis, sans rien dire, il leur prit à chacun la main. Désorientés, sonnés par ce qui venait de se passer, les deux enfants se laissèrent tirer jusqu'à la cavalière. Derrière eux, les enchères avaient repris. Leur... propriétaire les regarda un instant, puis se tourna vers l'homme.

- Emmène-les à la maison. Veille à ce qu'ils soient lavés, vêtus convenablement et ... nourris également. J'ai l'impression qu'ils n'ont pas vu un repas correct depuis quelques temps.

L'homme acquiesça d'un mouvement de tête et, sans une parole supplémentaire, la femme partit au galop.

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