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8 févr. 2021

Sous ma plume : Il trouverait pas son cul avec ses deux mains (Ovräm 2)

Avertissement : violence sur enfant, kidnapping, captivité, mention d'esclavage

 
Ovräm regardait la petite silhouette tremblante au sol devant lui. Il la distinguait à peine dans la pénombre, mais ses sanglots résonnaient dans la cellule. Il essaya de se diriger vers elle, à quatre pattes, ses chaines cliquetant à chacun de ses mouvements, se guidant sur le bruit des pleurs plus que sur l'ombre à peine visible au sol.
- Eh! Eh!, chuchota-t-il, Comment tu t'appelles?
Le petit corps sursauta et recula précipitamment.
- J'vais pas t'faire de mal. Je suis dans la même galère que toi. Regarde, j'ai même des chaînes...
- Moi... Moi aussi.. J'ai des chaînes..., hoqueta une minuscule voix d'enfant,
- Comment tu t'appelles? Moi c'est Ovräm.
- Mamou, elle veut pas que je parle aux inconnus...
- Bah... Chuis pas un inconnu, puisque je t'ai dit mon nom, asséna-t-il avec assurance.
L'enfant sembla ruminer cette logique particulière quelques instants.
- Je m'appelle Idda.
- Bah Bonjour Idda. Comment tu t'es fait attraper?
- C'est... C'est mon Papé qui.. qui m'a donné aux monsieurs..., murmura la petite fille d'une voix éteinte,
- Hein? Ah bah ça...
Ovräm était outré. Pour lui, orphelin des rues, la famille était un havre de paix et de soutien fantasmé. Il n'avait aucun souvenir de son père et ne gardait de sa mère qu'une image floue dans sa mémoire. Il ignorait comment exprimer toutes ces émotions qui l'envahissaient. Il savait juste qu'il avait besoin de se rassurer. C'est ainsi qu'il avait ce réflexe de se rapprocher de cette gamine, encore plus effrayée que lui, et dans une posture toute aussi calamiteuse que la sienne.

-Viens par là, proposa-t-il d'une voix qu'il voulait rassurante.
Perdue, la petite ne se fit pas prier pour se pelotonner contre lui, seul être proche, et amical de surcroît.
- Tu sais où on est?, demanda-t-il tout en l'entourant de son bras,
- Dans... dans une prison?
- Oui ça... d'accord mais... On est toujours à Biren? J'ai l'impression qu'il fait plus chaud qu'à Biren moi.
- C'est quoi Biren?
- Bah... c'est la ville où je vis. Enfin où je vivais pasque je crois pas qu'on soit à Biren là. Fait trop chaud.
- Je connais pas Biren. Mais cette ville là, c'est Artk.
- Je connais pas... Tu sais si c'est le matin ou le soir?
- Le soleil se couchait quand ils m'ont fait rentrer...
Idda recommença à pleurer doucement tandis qu'Ovräm essayait maladroitement de la bercer pour la consoler. Les deux enfants finirent par s'endormir ainsi, dans les bras l'un de l'autre. 

Le lendemain, ou du moins ce qu'ils supposèrent être le lendemain, ils furent réveillés en sursaut par le bruit de la porte qui s'ouvrit brusquement. Les deux gardes étaient de retour, l'un d'eux portant un plateau qu'il laissa tomber au sol avec un sourire sadique.
-Z'avez 5minutes pour manger les mioches! Après ça, faudra être sage, le patron vient voir ses nouvelles acquisitions!, lança-t-il avant d'éclater d'un rire moqueur.
Ovräm attendit prudemment que le garde se soit reculé vers la porte avant de s'avancer vers le plateau. Idda, apeurée, s'était réfugiée le plus loin possible des deux hommes. Les adultes les surveillaient vaguement du coin de l'oeil tout en discutant à voix basse. La lumière du couloir permit au garçon d'identifier deux petites miches de pain, un pichet d'eau et deux gobelets en argile. Tout en surveillant qu'aucun des gardes ne s'apprêtait à reprendre le plateau, il s'en empara et revint rapidement vers la fillette.
- Tiens, lui dit-il en lui tendant une des deux miches, Mange. Il faut manger.
Sans un mot, la petite saisit ce maigre repas et commença à le grignoter. La faim finit par gagner sur la peur et rapidement, les enfants dévorèrent leur pitance et vidèrent le pichet. Ils achevaient tout juste de manger, Ovräm s'essuyant la bouche d'une manche sale, quand des bruits de pas retentirent dans le couloir. Le garçon se tourna vers la porte pendant qu'Idda se cachait dans son dos. Les gardes se tenaient plus droit, l'air sérieux et se taisaient désormais. Une silhouette s'encadra dans la porte, plongeant la cellule dans la pénombre.
-On n'y voit rien là-dedans. Sortez les dans le couloir, que je puisse les examiner.
Aussitôt, les deux gardes rentrèrent dans la pièce et, sans ménagement, détachèrent les chaînes d'Ovräm du mur et saisirent chacun un des enfants par un bras, les trainant jusqu'au couloir. Là, les enfants éblouis par une lumière vive après toutes ces heures d'obscurité, se retrouvèrent devant un homme qui les toisait, les mains croisées dans son dos. Il portait des habits simples, aux teintes sombres et ternes mais néanmoins de bonne facture. Ovräm, tétanisé, regardait le nouveau venu avec des yeux écarquillés. Idda avait baissé la tête et tremblait à ses cotés. L'inconnu s'approcha et se mit à scruter les deux enfants, leur tournant autour pour les observer sous toutes les coutures. Il eut un reniflement méprisant.
-Bah, il va déjà falloir les laver. Personne n'en voudra, puants et crasseux qu'ils sont! Le garçon a l'air solide. Montre moi ses dents., ordonna-t-il au garde qui maintenait Ovräm.
Celui-ci avança la main vers le visage du garçon, qui, dans un élan désespéré, mené par la rage d'être traité de la sorte, mordit sauvagement dans la paume qui l'approchait.
- Saloperie de vermine!, beugla le garde en retirant précipitamment son bras alors que son collègue se mettait à rire en douce.
Son bras repartit aussitôt dans l'autre sens. Le poing fermé percuta la tête du garçon qui fut violemment projeté contre le mur tout proche. A moitié assommé, il s'effondra au sol, percevant juste le cri aigu d'Idda.
- Espèce de crétin!, tonna leur examinateur, S'il est abimé, tu le rembourseras sur ta solde! Ramasse le! On t'a pourtant déjà expliqué qu'il fallait les attraper par dessous le menton pour éviter ça!
- Pardon Maître Skeln, un mauvais réflexe. C'est qu'il m'a fait mal ce petit salopard!
Ovräm sentit une main se refermer sur le dos de sa chemise et se sentit soulevé, aussi impuissant qu'un chaton nouveau-né. La tête lui tournait et il se sentait vaguement nauséeux. Des mains froides se posèrent sur son visage, lui soulevèrent les paupières, retroussèrent ses lèvres. Il tenta de relever la tête et se retrouva le regard plongé dans les prunelles marrons de l'examinateur. Ce dernier, constatant son mouvement, lui attrapa le menton d'une poigne ferme et le fixa avec un sourire narquois.
- Au moins, ça a de l'énergie. Il n'a pas l'air trop amoché, dit il calmement en se relevant et en se dirigeant vers Idda, Je pensais pourtant que vous auriez compris la leçon, après la dernière fois...
- Je... Désolé Maitre Skeln, s'excusa le garde en blêmissant,
- Faut pas lui en vouloir Maitre Skeln, intervient son collègue, C'est pas sa faute. Son père a du le cogner trop fort quand il était p'tit. Maintenant il est si con qu'il trouverait pas son cul avec ses deux mains...
- Rha, taisez vous tous les deux!, le coupa son interlocuteur, Humph, elle est fluette cette môme. Et trop jeune. Enfin, on va la décrasser, elle sera déjà un peu plus présentable.
Un genou en terre devant l'enfant, il lui saisit fermement le menton, la forçant à relever la tête. Idda laissa échapper un petit cri. La fillette était manifestement terrorisée.
- Hum... Elle a des jolis yeux. Y aura peut être moyen d'en tirer quelque chose finalement. Allez, emmenez moi tout ça se faire laver. Et trouvez leur des vêtements propres bon sang!, déclara-t-il en se relevant et en repartant.

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