Imaginez un chemin. Un petit chemin, poussiéreux. Sur ses bords, deux ornières, laissées là par le passage d'anciens chariots. De part et d'autres, vous voyez de l'herbe, luxuriante, d'un vert éclatant ; on aurait presque l'impression de la voir scintiller sous le soleil de ce mois de mai. De chaque coté, la forêt. D'abord des petits sous-bois, buissonneux, emplis de ronces et de chardons. Puis, un peu plus loin, des arbres, massifs, majestueux, gigantesques. Ils cachent le ciel et ne laissent passer que quelques rais épars de lumières. Leurs branches tordues, certains troncs morts et écroulés, donnent à l'ensemble une impression fantasmagorique.
Vous marchez sur le sentier, le soleil mord votre visage sans protection. Dans vos chaussures de cuir, vos pieds vous font souffrir. Vous avez oublié depuis combien de temps vous marchez. Vous avez oublié pourquoi vous marchez. Vous avez oubliez comment vous êtes arrivé ici.
Rien à l'horizon à part ce chemin et la forêt. A votre ceinture, une dague cachée dans son fourreau pend à votre ceinturon. Sous la chaleur, vous avez entrouvert votre chemise. Quand? Vous ne vous en rappelez pas. A votre cou pend une chainette supportant un pendentif à l'effigie du Dieu-Enfant, protecteur des voyageurs, des artistes et des orphelins. Sans pouvoir l'expliquer, vous savez que vous êtes les trois à la fois. Sans pouvoir l'expliquer, vous connaissez ce dieu. Le coté artiste s'explique facilement, au vu de la flute de cuivre dont l'étui vous bat la cuisse gauche. Vous vous arrêtez, levant la tête vers ce ciel sans nuage.
Votre mémoire est vierge, vous ne savez ni votre nom, ni vos origines. Vous êtes seul.e, sur ce petit chemin poussiéreux et autour de vous la forêt frissonne, comme un gigantesque être végétal. Le vent, soudain, se lève, vous pousse, vous invite à pénétrer sous le couvert sombre des arbres. Dans votre tête, il vous semble que résonne un murmure vous encourageant à son tour à quitter le sentier.
Lentement, vous vous tournez, pour faire face à l'immense masse végétale qui semble vous mettre au défi. Comme dans un rêve, vous faites un pas dans sa direction, puis un autre, et encore un, vous enfonçant entre les troncs moussus tandis que sur vos lèvres, une petite mélodie décousue se forme.
Et ainsi, cela commence.
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1 janv. 2021
Sous ma plume : Et ainsi cela commence
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