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21 juil. 2023

Kyrtiss, prêtresse de Warlendia

     Personne ne savait d’où avait bien pu arriver ce curieux petit être. Mais le fait est que Narla Sylvar, prêtresse de Warlendia, l’avait trouvé sur une plage du nord lors d’un pèlerinage avec sa femme, Ayrde. La déesse avait envoyé des signes à Narla : un souffle salé, le bruit des vagues, qui avaient dirigé ses pas vers cette petite plage perdue, battue par les vents et les flots. Là, elles avaient trouvé, au milieu de débris de bois, une petite boule de poils détrempée et inconsciente, à moitié morte de froid. Elles n’avaient jamais rien vu de pareil et au premier abord, auraient pu croire à un simple félin sauvage si ce n’est… qu’elle portait un petit vêtement et avait un collier autour du cou. Un simple lien de cuir tanné portant une petite ammonite montée en pendentif.
La petite ressemblait à un félin humanoïde, une “enfant-chat”.
Voyant dans le collier un signe clair que la petite chose était sous le regard de Warlendia, la prêtresse humaine et sa femme demi-orc, sans la moindre hésitation, l’avaient ramenée avec elles et adoptée.

Elles l’avaient installées chez elles, dans leur petite maison un peu à l’écart du village de Côte-en-Corps, dans la province du Vinies, sur la côte ouest du Gallaron. Les débuts avaient été… chaotique, avec une enfant tel que nul n’en avait jamais vu ni entendu parler. La petite ne parlait pas un traître mot de commun et baragouinait dans une langue inconnue. Elle fut incapable de comprendre les questions qu’on lui posait et ne put donc donner son nom aussi Narla et Ayrde décidèrent de la nommer Kyrtiss. 

Les premières semaines furent très difficiles, tant pour les mères adoptives que pour la petite. L’enfant ne connaissait clairement rien de l’endroit où elle avait “atterri” et devait tout apprendre, sans aucun repère quel qu’il soit. Elle était effrayée, terrorisée même par moment mais, contrairement aux enfants “habituels”, elle était pourvu de crocs et de griffes dont elle n’hésitait pas à se servir si elle se sentait menacée. Il fallut des trésors de patience et d’attention à Narla et Ayrde pour “apprivoiser” l’enfant et lui apprendre la langue commune. Ayrde parlait régulièrement dans sa langue natale à la maison et, au bout de quelques mois, elle eut la surprise d’entendre Kyrtiss balbutier des mots en orc. Dès lors, l’enfant apprit les deux langues à une vitesse surprenante. 

Elle finit malgré tout par s’attacher à ses mères adoptives et à s’exprimer de façon compréhensible. Elle en oublia même sa langue natale, à l’exception d’une petite berceuse qu’elle se chantait souvent à elle-même pour s’endormir ou se rassurer. Mais même les paroles de la chansonnette finirent par lui échapper et, si elle “sent” vaguement le sens général de la chanson, elle n’en comprend plus les paroles.

Durant les premiers mois, elles durent aussi faire face à la méfiance de certains membres du village. La présence d’une enfant-chat n’était en effet pas du goût de tous et certains se demandèrent si ce n’était pas une petite démone déguisée. Narla mit fin très vite à ses racontars avec douceur mais fermeté, expliquant que l’enfant leur avait été envoyé par Warlendia et demandant si quelqu’un, dans l’assemblée, comptait défier les projets de la déesse. Personne ne moufta. Il faut dire que la présence massive d’une Ayrde manifestement mécontente, dans le dos de sa femme, aida les esprits à se calmer. 

Par la suite, la petite fit preuve d’un esprit vif et intelligent et Narla décida de la former à servir la déesse des océans. Ayrde n’était pas forcément d’accord avec ça. Elle aurait préféré que l’on attende que Kyrtiss puisse décider elle-même de la voie qu’elle souhaite suivre. Mais comme la principale concernée aimait effectivement suivre l’enseignement de Narla, Ayrde finit par accepter la situation de bonne grâce.
La petite Kyrtiss eut donc, malgré des débuts compliqués, une enfance relativement heureuse, entourée de l’amour de ses mères. Elle réussit à se mêler un peu aux autres enfants du village mais restait cependant un objet de curiosité, voire de méfiance masquée pour quelques personnes. Aussi passait-elle une bonne partie de son temps seule, ou avec une de ses mères pour l’un ou l’autre de ses apprentissages.

Elle grandit pour devenir une adolescente intelligente et optimiste malgré une certaine naïveté, convaincue de la nécessité d'œuvrer pour le Bien et de servir la déesse qui lui a sauvé la vie. Elle est persuadée qu’il y a du bon dans chacun, aussi caché puisse-t-il être. 

Dernièrement, un voyageur de passage à Côte-en-Corps, surpris de son apparence, (comme tous ceux qui traversaient le village) lui a révélé l’existence d’un vieil ermite du Frickastan qui lui aurait parlé d’hommes-bêtes. Ce Meste Miruln résiderait au tertre de Valmintor. Après d’âpres discussions, Kyrtiss a réussi à convaincre ses mères de la laisser partir rencontrer cet ermite. C’est la première fois qu’elle entend parler de gens qui, peut-être, seraient de son espèce. Souhaitant savoir d’où elle vient, la jeune prêtresse de 16 ans était obnubilée par l’idée de rencontrer ce Meste Miruln. Voyant à quel point cela lui tenait à coeur, ses mères acceptèrent, malgré leur inquiétude. Ayrde résolut néanmoins à accompagner sa fille sur sa première semaine de voyage. Mais l’adolescente idéaliste se retrouva livrée à elle-même pour la suite de son périple et réalisa alors réellement à quel point elle était… unique. Elle dut se confronter à la curiosité, mais également à la méfiance quand ce n’était pas à l’agressivité directe de ceux qui la prenait pour une démone. Impressionnée par ce monde extérieur décidément bien plus dur que ce à quoi elle était habituée, elle perdit en assurance et, bien que gardant ses convictions bien ancrées, elle devient plus timide. Elle rencontra notamment un groupe de paladins et fut même effrayée de leur attitude soupçonneuse, limite menaçante à son égard, jusqu’à ce qu’elle puisse leur prouver qu’elle était bien prêtresse de Warlendia. 

Elle finit par arriver, fourbue, au tertre de Valmintor, le samedi 13 novembre 2418. 


6 juil. 2023

Les Carnets d'Azalfa (Wolkendreï 5)

 Après cette rencontre avec le kibaren, nous avons eu le temps de nous reposer un peu. Mais assez vite, des bruits de courses ont retenti en provenance des couloirs alentours. Bien évidemment nous sommes allés voir de quoi il retournait. Nous avons juste eu le temps d'apercevoir un groupe de sept rats géants qui s'enfuyaient dans une des galeries effondrées. A leur comportement, j'ai immédiatement compris qu'ils fuyaient un danger. Ils se dirigeaient vers nous mais en nous voyant, ils ont eu peur et ont préféré opter pour cette galerie abimée dans laquelle nous ne pouvions pas fuir. Pourtant ils fuyaient déjà AVANT de nous voir. Ce qui n'était pas rassurant du tout.
Nous avons alors entendu le bruit d'une créature massive qui se dirigeait dans notre direction. Probablement le ou la responsable de la fuite des rats. L'un des guerriers nous a fait signe de nous cacher. Il était effectivement probablement qu'il s'agisse d'un géant des glaces, vu les bruits. Et avec ces êtres, il est difficile de pouvoir prévoir s'ils seront agressifs ou non. Certains sont justes des chasseurs solitaires, mais d'autres attaquent à vue, sans autre raison que le plaisir de se battre et de tuer. Les géants des glaces s'installent le plus souvent dans des endroits qu'ils n'ont pas besoin d'aménager. Des ruines comme celles-ci sont donc un lieu idéal pour eux.
Nous nous sommes donc cachés et avons attendu de voir ce qui allait arriver. Et c'est bien un géant qui est apparu. Mais un géant inhabituel. Et de plus, la poussière qui reposait dans le couloir depuis on ne sait combien de siècles a commencé à se soulever, à voler, en scintillant. J'ai beau ne rien connaître à la magie, j'ai eu tout de même de gros soupçons. Mais j'ignorais que les géants étaient capables de manipuler les arcanes !
Quand le géant s'est approché, un des guerriers a eu l'idée de lancer une torche dans sa direction, afin que nous puissions bien voir de quoi il s'agissait j'imagine. Malheureusement, cela a immédiatement attiré l'attention du géant vers nous. Il nous a vu et a hurlé quelque chose dans une langue inconnue, incompréhensible. Nous avons alors pris la fuite en direction de la salle du kibaren. Un des guerriers a alors crié qu'il ne s'agissait pas d'un géant, mais peut être d'un mage géant. Ainsi ce peuple dispose de mage. C'est inquiétant. A ce stade, j'étais prête à prier pour que cet être ne nous suive pas. Je n'aurai pas donné cher de notre fourrure en cas d'affrontement. Évidemment, les astres, les dieux ou je ne sais quoi, n'était pas en notre faveur et le monstre nous a suivi...
Il a de nouveau poussé un cri dantesque et... le sol, les murs, ont commencé à se fissurer, à s'effondrer sous nos pas. Des blocs se sont mis à chuter du plafond, manquant nous écraser de peu.
Fort heureusement, la destruction a créé une sorte de "toboggan" de pierre près de moi. Je m'y suis engouffrée en hurlant à mes camarades de me suivre. Nous avons glissé pendant de longues secondes. J'estime que nous avons atterri deux étages plus bas.
Un des guerriers m'a même aidé à me relever, en me remerciant. Il semble penser que j'ai permis d'éviter le pire. Notre situation n'est pourtant que peu reluisante. En plus j'ai cassé mes bouteilles d'encre. J'ai juste eu le temps de m'en débarrasser avant que l'encre ne gâche irrémédiablement les parchemins, carnets et journaux que j'avais dans mon sac.
Quand nous nous avons regardé autour de nous, nous avons constaté que nous nous trouvions devant un grande arche de pierre avec des inscriptions sur son linteau.

2 juil. 2023

Medusa (Mercredi Character design 48)

 Image source à voir ici : https://chaaistheanswer.tumblr.com

Les yeux mi-clos, il paressait au soleil, les écailles verdâtres de ses tempes et de ses pommettes luisantes sur sa peau d'ébène. Il les sentait apprécier le moment, déroulant lentement leur anneaux, chacun à son tour, lovés les uns contre les autres. Il les entendait siffler, susurrer.
Mais tout bon moment a une fin et la faim commençait à se faire sentir. Il se releva, ignorant leurs protestations chuintantes. Il s'étira nonchalamment. Un bâillement lui échappa.
Ses yeux s'ouvrirent soudainement, ses pupilles verticales s'élargirent légèrement sous la lumière de midi. Il tourna lentement la tête, tous ses sens aux aguets. Il inspira profondément et se tourna. Là, vers la droite, un petit bosquet. D'entre les arbres émanait une odeur animale, un chevreuil. Un repas.
Il commença sa traque à pas feutré. Il sentait leur excitation face à la chasse qui commençait. Eux aussi avaient faim et se réjouissaient d'un bon repas. Il se coula précautionneusement dans les ombres, se laissa tomber à quatre pattes pour rester dissimuler et s'approcha sous le couvert d'un buisson.
Il la voyait, sa proie. Un petit chevreuil. Un jeune, inexpérimenté, isolé, était venu se désaltérer à la mare qu'abritait le petit bois. Ses lèvres se retroussèrent en un sourire carnassier, ses pupilles se contractèrent. Il se ramassa sur lui-même, attendant le bon moment, celui où l'herbivore serait le plus vulnérable. Il n'eut pas à attendre longtemps. Inconscient du danger, l'animal baissa la tête pour s'abreuver. Il bondit brusquement. Le chevreuil n'eut même pas le temps de relever la tête. La dague avait trouvé sa gorge et le petit cervidé s'effondra au sol.
De la main, il calma sa chevelure surexcitée. Les sifflements s'apaisèrent. Mais il ne pouvait pas encore les laisser manger. Il fallait s'assurer que l'animal était bien mort et préparer le repas.
Il sourit. Il aurait assez à manger pour lui et ses serpents pendant plusieurs jours.
Contrairement à la croyance populaire, la vision de sa chevelure serpentine ne statufiait personne. Mais la peur avait tendance à pétrifier ceux et celles qui croisaient sa route. La transformation n'arrivait qu'à la condition qu'un de ses serpents morde la victime. Il avait gâché un certain nombre de proies ainsi, avant de réussir à maitriser sa chevelure.
Tout en continuant à dépecer le chevreuil, il repensait à tout cela. Il ignorait pourquoi il était comme cela. Il ne se rappelait pas de sa vie avant son réveil dans cette grotte sombre et humide. Il les avait sentis tout de suite. Après tout, ils étaient liés, lui et eux. Quelque part, ils ne formaient qu'un seul être. Et pourtant, lui et les serpents étaient des entités distinctes.
Une fois la viande découpée, il donna la becquée à ses reptiles, caressant doucement leurs écailles au passage. Il les sentait ronronner sous ses doigts. Ils étaient contents, repus. Il allait pouvoir manger à son tour.
Pendant qu'il faisait cuire son repas et commençait à se nourrir, il regarda en direction des montagnes, à l'Est. Il lui restait encore beaucoup de route mais il fallait qu'il aille à la recherche de ce sorcier. Il était le seul à même de lui apporter des réponses. Et ses questions étaient nombreuses.
Il fourra les restes de sa chasse dans son sac et se remit en marche.